Bien écrire une lettre de présentation est capital pour obtenir une entrevue. Si certains étudiants finissants passent peu de temps sur sa rédaction, elle doit pourtant contenir des éléments essentiels tels que des mots-clés et une structure soignée.
«En moyenne, je vais passer une vingtaine de secondes sur une candidature pendant ma présélection», déclare le conseiller en acquisition de talents chez Ludia, David Da Costa. Ludia crée et distribue des jeux multiplateformes interactifs pour le grand public. Le conseiller reçoit en moyenne près de 600 candidatures par mois. Plusieurs études suggèrent qu’un recruteur passerait en moyenne entre 30 secondes et une minute à analyser une candidature lors de la présélection.
Afin de capter l’attention de la personne, l’utilisation de mots-clés est primordiale. «Si je ne vois pas les mots-clés relatifs au poste, comme C ++ ou JavaScript dans le cas d’un programmeur, je passe tout de suite à la candidature suivante», commente M. Da Costa.
Selon le chef de section aux ressources humaines des Jeux du Québec 2014, Jonathan Giguère, l’utilisation des mots-clés doit servir à faire des liens entre l’étudiant et l’entreprise. «S’il a un trou dans son CV ou s’il a un cheminement plus atypique, cela permet à l’étudiant d’expliquer son parcours», assure-t-il. De cette façon, une période d’études dans un autre pays ou un voyage peuvent être mis de l’avant. «Un semestre à l’étranger montre que l’étudiant est capable de s’adapter à des conditions différentes, précise M. Giguère. Quelqu’un qui excelle sur le plan scolaire va montrer qu’il est capable d’appliquer les compétences et les connaissances acquises au cours du programme.»
Soigner le fond
Les recruteurs s’accordent pour dire qu’il faut respecter un plan précis dans la forme et le contenu afin de présenter une lettre percutante. Le premier paragraphe est une introduction: il sert à mettre en relation la formation universitaire avec l’emploi demandé. «Ce paragraphe permet de rappeler pourquoi vous êtes le candidat idéal pour le poste, c’est ici aussi où l’on démontre que nos études nous ont donné de l’expérience utile», souligne M. Giguère.
Le deuxième paragraphe est le plus important : il démontre la pertinence des compétences annoncées. «En 4 points, j’énumère mes compétences principales et ce que ça apporterait à l’entreprise », décrit l’étudiant en administration des affaires à HEC Daniel Bertrand.
Ces compétences peuvent être le résultat de certains cours. «A titre d’exemple, si j’avais à postuler pour un stage à l’ambassade canadienne en Chine, je n’hésiterais pas à mentionner que j’ai suivi un cours sur la politique chinoise de 1945 à nos jours», explique l’étudiant en science politique Grégory Calonges. Il est préférable de mettre l’accent sur un cours particulièrement pertinent dans le cadre de l’emploi désiré.
Le dernier paragraphe doit permettre de conclure en remerciant le lecteur. C’est ici que l’on rappelle une dernière fois, et en une phrase, pourquoi la candidature doit intéresser le recruteur. À cela s’ajoute une dernière phrase où on offre d’appuyer nos propos lors d’une entrevue.
À l’utilisation des mots-clés et de la rédaction soignée s’ajoutent d’autres standards, qui peuvent paraître évidents, mais qui sont souvent négligés. Écrire un texte sans faute de français en fait partie. Adresser le texte à la bonne personne montre aussi une attention particulière à l’entreprise. «Il vaut mieux utiliser le format PDF pour que les fichiers ne subissent pas de transformation dans la mise en page», conseille M. Giguère.
Bien qu’important, l’envoi d’une lettre n’est pas requis dans tous les cas. Récemment diplômé d’une maîtrise en technologies de l’information à l’École de technologie supérieure (ÉTS) Renan Waroux a réussi à trouver un emploi en tant qu’ingénieur junior en systèmes embarqués à MDA Montréal sans écrire de lettre. « Je n’avais pas de réponses aux postes auxquels j’envoyais une lettre de présentation, raconte le jeune employé. J’ai donc pris la décision de ne plus en faire. Le ratio temps et effort est trop élevé par rapport aux résultats. »
La lettre reste néanmoins un outil à privilégier pour tout étudiant possédant peu d’expérience professionnelle.
soutien à la réussite (CÉSAR), Annie Byarelle, et du conseiller principal en ressources
humaines (dotation et gestion de la main-d’oeuvre) à la Commission de
la fonction publique de la Ville de Montréal et chargé de cours à HEC Montreal,
Frédéric Berthiaume.
Les erreurs à ne pas commettre
• Faire des fautes d’orthographe
• Utiliser l’expression À qui de droit au lieu de Madame, Monsieur
• Adresser la lettre en général
• Se tromper de nom ou d’adresse
• Utiliser la forme négative dans les phrases
• Intégrer des paramètres sociaux (âge, nationalité, situation amoureuse)
• Donner des détails peu importants (ex: un plan de cours)
• Utiliser un langage trop familier
• Parler uniquement de soi
• Tout écrire en un seul bloc
• Utiliser de la couleur pour rédiger la lettre (ex: rose)
