Volume 24

Renaître de ses cendres

Des rumeurs circulaient depuis bien longtemps, des discussions avaient lieu depuis des mois. C’est maintenant officiel, la Faculté de théologie et de sciences des religions (FTSR) de l’UdeM fermera définitivement ses portes le 1er mai prochain. Il ne s’agit cependant pas d’une fermeture pure et simple, mais plutôt d’une réorganisation. En fait, la FTSR se transforme en l’Institut d’études religieuses (IER), offrant, a priori, exactement la même chose. En mai prochain, l’IER rejoindra les 24 départements que compte la Faculté des arts et sciences (FAS). Peu de changements apparents, le corps professoral est satisfait.

Pour rappel historique, la mission première de cette Faculté, fondée en 1878 et rattachée à l’époque à l’Université Laval, était de former les étudiants à la prêtrise. Elle a finalement été intégrée à l’UdeM lors de la fondation de celle-ci, en 1920, mais elle ne quittera l’édifice du Grand Séminaire de Montréal qu’en 1967 pour s’installer sur le campus de la montagne. Malgré l’arrivée du premier recteur laïc, Roger Gaudry, en 1965, la Faculté de théologie a conservé, jusqu’à présent, son statut canonique – autrement dit reconnu par l’Église.

Toutefois, ce nouvel institut n’aura pas le statut canonique dont était dotée la FTSR. Un statut qui confère à l’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, le rôle de modérateur des facultés ecclésiastiques. Puisque l’IER n’est plus canonique, Mgr Lépine devrait, en toute logique, perdre son rôle. Mais comme la charte de l’UdeM n’a pas changé depuis 1967, ce n’est pas exactement ce qu’il va se passer…

La porte-parole de l’Université, Geneviève O’Meara, indique que les rôles du modérateur en lien avec la reconnaissance des grades canoniques (articles 32.01 et 32.02 des statuts) et la nomination des professeurs éligibles à prodiguer un enseignement canonique vont disparaître. « Les articles pertinents des statuts seront ainsi abrogés », précise-t-elle.

Toutefois, comme la charte le stipule, l’archevêque de Montréal est – et restera – responsable de nommer deux membres du Conseil de l’UdeM. Ces derniers ont, entre autres, leur mot à dire lors de la nomination du recteur de l’Université. Pourquoi un tel double discours ? « Pour toute modification à la charte, nous devons passer par l’Assemblée nationale, justifie Mme O’Meara. La décision qui a donc été prise est de modifier les statuts. » Une situation qui montre un certain décalage entre la charte et la réalité, alors qu’en l’absence de statut canonique, l’UdeM semblait définitivement marquer son détachement à l’Église catholique.

Un enseignement nécessaire

L’enseignement et la recherche logés sous l’égide « théologie » – l’étude de toutes les religions à travers les textes sacrés, les dogmes et les traditions – ne sont toutefois pas remis en question dans cet énoncé. La création de l’IER au sein de la FAS est en fait une évolution naturelle. Il était temps pour cette discipline de prendre sa place dans l’univers des sciences sociales. D’ailleurs, au fil du temps, la FTSR a déjà dû s’adapter. En 2001, le Centre d’étude des religions (CÉRUM) est créé et le « et de sciences des religions » est ajouté à son nom, donnant un nouveau souffle à la Faculté.

Par ailleurs, ce dernier volet justifie presque à lui seul l’existence de ces recherches à l’Université. Encore et toujours aujourd’hui – peut-être même plus que jamais – il est nécessaire de se doter d’experts sur les questions religieuses. Nécessaire d’étudier toutes les religions, de faire des recherches pour comprendre le fait religieux et d’en saisir les évolutions. Ceci dans une perspective de science sociale, mais aussi grâce à une approche multidisciplinaire, permise par l’arrivée des études religieuses au sein de la FAS.

Une de perdue…

Il ne faut toutefois pas se voiler la face et oublier que cette décision arrive en pleine période de restrictions budgétaires, mais aussi en pleine transformation institutionnelle. Si le plan d’action reste encore vague, la disparition de la FTSR serait-elle le début d’une série? En d’autres termes, va-t-on assister à la fermeture d’autres Facultés udemiennes ? Réponse en 2017.

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