Les projets de construction de nouveaux pavillons sur le campus de la montagne soulèvent des inquiétudes. Plusieurs participants aux séances d’audition des opinions tenues par l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), les 23 et 24 mars derniers, remettent en question certains choix de l’UdeM dans son plan directeur d’aménagement (PDA).
L’agrandissement de la Faculté de musique et la construction du futur pavillon de Polytechnique sont les deux éléments du PDA qui ont généré le plus de questionnements de la part des participants lors des séances d’audition des opinions de l’OCPM.
L’ensemble des participants reconnaissent que l’UdeM doit répondre à ses besoins en espaces, cependant, le niveau de détails fournis par l’Université sur ces deux projets de construction inquiète.
Plusieurs participants à la consultation, parmi lesquels la directrice adjointe aux politiques chez Héritage Montréal, Taïka Baillargeon, souhaitent en savoir davantage sur l’intégration de ces futurs bâtiments dans le paysage patrimonial du mont Royal. « Comme ces deux nouveaux bâtiments se retrouveraient dans la partie la plus élevée du campus, ils pourraient en effet modifier la nature et l’identité visuelle du lieu et le paysage emblématique du versant nord de la montagne », a déclaré Mme Baillargeon lors des séances d’audition des opinions. Elle suggère de limiter le volume des futurs pavillons pour assurer une intégration harmonieuse au paysage de la montagne.
La directrice aux affaires publiques des Amis de la montagne, Maryline Charbonneau, abonde dans le même sens. « Le pavillon de la Faculté de musique […] aura, du moins selon le visuel qu’on a vu, un impact considérable sur la silhouette de la montagne », a-t-elle précisé lors de la séance du 24 mars dernier. Elle invite l’UdeM à considérer un agrandissement avec un moindre impact visuel. « L’Université pourrait s’inspirer de l’atelier multidisciplinaire organisé par l’École d’architecture à l’hiver 2020 […] où le bâtiment [de la Faculté de musique] est implanté de façon souterraine », propose-t-elle.
L’UdeM ouverte à ajuster ses projets
Dans une réaction par courriel, l’architecte et gestionnaire de projet à la Direction des immeubles de l’UdeM, Radhia Hamdane, déclare prendre note des opinions émises lors des consultations. « Il y a là des éléments de bonification qui peuvent être intégrés et nous sommes ouverts à collaborer avec la Ville de Montréal pour améliorer le projet », souligne-t-elle.
Invitée à réagir aux inquiétudes des citoyens, l’architecte et planificatrice principale des espaces de la Direction du développement du campus de Polytechnique Montréal, Laurence Aubin-Steben, assure que les préoccupations des participants ont été entendues. « Nous comprenons toute l’importance du milieu d’insertion et reconnaissons que la volumétrie du bâtiment doit tenir compte du profil de la montagne », ajoute-t-elle.
Mme Hamdane et Mme Aubin-Steben précisent que les agrandissements prévus pour la Faculté de musique et pour Polytechnique Montréal sont nécessaires, puisqu’ils viennent répondre à des besoins en espaces actuels.
Réduire les nuisances liées aux projets de construction
Citoyenne d’Outremont, Isabelle Côté souligne le fait que les projets de développement de l’UdeM représentent une potentielle source de nuisance importante pour le voisinage lors de la période de construction. Elle donne l’exemple des travaux du promoteur privé du 1420, avenue du Mont-Royal, au cours desquels l’important dynamitage a eu des répercussions sur la quiétude du quartier. « On sait que le roc du mont Royal est extrêmement solide et qu’il transporte les vibrations et le son à l’intérieur des maisons », affirme Mme Côté aux commissaires. Elle souhaite que les méthodes de construction choisies prennent en compte le maintien de la qualité de vie autour du campus.
Pour la coordonnatrice aux affaires universitaires de la FAÉCUM, Alexandra Gariépy, cette attention à la réduction des nuisances de construction doit aussi s’appliquer à la communauté universitaire. « Il est à se douter que les différentes constructions sur la montagne vont amener leurs lots de désagréments pour les utilisateurs et utilisatrices de différents pavillons », reconnaît-elle devant la commission.
Planifier le campus l’hiver
Le professeur titulaire à la Faculté de l’aménagement Gérard Beaudet juge que le PDA ne tient pas assez compte de l’hiver. « On sait que l’occupation du campus se fait massivement à l’automne et à l’hiver », rappelle-t-il aux commissaires de l’OCPM. Il propose que l’UdeM s’intéresse davantage aux conséquences de ses choix d’aménagement sur le vécu hivernal du campus. « En fait, c’est une clause que j’imposerais à toute instance publique au Québec, qui aurait pour conséquence que, quel que soit le geste qui est posé, on se poserait toujours la question “et en hiver” ? », explique le professeur à la commissaire Danielle Sauvage.
Le professeur titulaire à la Faculté de médecine Louis-Éric Trudeau, présent à la commission au nom du collectif Vélo campus de l’UdeM, souligne que le PDA présente d’intéressantes initiatives pour l’accès au campus à vélo. Cependant, il affirme que le document offre peu de détails sur l’entretien hivernal des infrastructures cyclables. M. Trudeau souhaite que l’UdeM précise ses intentions en matière de déneigement pour les piétons et les cyclistes.
Pour leur part, les représentants de Ski de fond Montréal, Stéphane Mélançon et Pierre Marcoux, demandent à l’UdeM d’intégrer la planification d’un réseau de pistes de ski de fond au campus de la montagne.
Le rapport de l’OCPM sur le nouveau PDA du campus de la montagne, qui a suscité un certain engouement dans la communauté universitaire lors de sa publication en janvier dernier, doit être déposé au mois de juin au conseil municipal de Montréal par les commissaires.