Un nouveau plan d’aménagement du campus suscite l’enthousiasme à l’UdeM

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Par François Séguin
mercredi 10 février 2021
Un nouveau plan d’aménagement du campus suscite l’enthousiasme à l’UdeM
Le nouveau plan d'aménagement de l'UdeM fait l'objet de consultations publiques qui commencent le mercredi 10 février. Crédit : Romeo Mocafico
Le nouveau plan d'aménagement de l'UdeM fait l'objet de consultations publiques qui commencent le mercredi 10 février. Crédit : Romeo Mocafico
« Pour les étudiants de demain, il va y avoir moins de voitures et plus d’arbres »
Christina Cameron, professeure émérite à la Faculté d’aménagement

En janvier 2021, l’UdeM a publié son nouveau plan directeur d’aménagement (PDA) du campus de la montagne, en vue de consultations publiques à venir. Au sein de la communauté universitaire, les premières réactions sont positives, étudiants et professeurs étant séduits par la promesse d’un campus plus vivant et plus vert.

L’architecte et gestionnaire de projet à la Direction des immeubles, Radhia Hamdane, explique que lors de l’élaboration du PDA, les aménagements extérieurs ont été identifiés comme les lieux à prioriser. L’Université vise, à terme, à doubler la superficie des espaces pour les piétons sur le campus de la montagne.

Mme Hamdane donne les exemples du chemin de la Rampe et de la place de la Laurentienne, deux lieux au sommet de la liste d’interventions. « Le chemin de la Rampe partie basse, c’est l’une des priorités de l’Université, du point de vue de la sécurité surtout, assure-t-elle. Un autre projet qui est sur la table et qu’on veut réaliser, c’est de rénover la place Laurentienne pour les rencontres et la détente. » Pour l’architecte, ces projets concernent l’ensemble de la communauté universitaire.

L’étudiant en troisième année au baccalauréat en urbanisme William Thibault-Samson partage le même avis. « Quand le plan est sorti, ça m’a intéressé, je trouve que notre campus manque d’amour, soutient-il, en faisant référence à l’état des aménagements extérieurs. On dirait que l’Université a arrêté d’entretenir le campus depuis les années 1990. » Si William comprend que des raisons budgétaires sont en cause, il se désole de constater qu’à certains endroits, l’état de détérioration saute aux yeux. « Je trouve que la qualité du campus est relativement médiocre quand on se compare à d’autres universités », poursuit l’étudiant.

La secrétaire générale de la FAÉCUM, Sandrine Desforges, préfère attendre le processus de consultations publiques à l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), qui commencera le 10 février, avant de cautionner le PDA. Elle rappelle toutefois que, pour la FAÉCUM, l’aménagement du campus comporte trois priorités. « S’assurer que les nouveaux aménagements ne limitent pas les événements étudiants, que le campus soit accessible pour les personnes à mobilité réduite et pour celles qui se promènent à pied ou à vélo, et préserver les espaces verts », résume Mme Desforges.

Des premières réactions positives

L’étudiant en troisième année au baccalauréat en architecture de paysage Mathias Beaulieu-Labbé avoue avoir été enthousiasmé par sa première lecture du PDA. « Mes études auraient été plus agréables sur un campus tel que proposé dans ce plan », affirme-t-il. Son collègue de promotion en architecture de paysage Lucas Conan partage le même sentiment. « En améliorant les aménagements, tu augmentes la qualité de vie des étudiants. »

En entrevue vidéo avec Quartier Libre, le chargé de projet du PDA, Michel Dufresne, urbaniste et designer chez la firme Lemay, explique les raisons qui ont motivé l’élaboration de ce PDA. Dans un contexte de concurrence internationale entre les universités, la qualité de vie proposée par l’UdeM devient un argument essentiel pour attirer les meilleurs étudiants ou professeurs.

 

 

La professeure émérite à la Faculté d’aménagement Christina Cameron accueille positivement l’arrivée du nouveau PDA. « Pour les étudiants de demain, il va y avoir moins de voitures et plus d’arbres », résume la professeure. Mme Cameron a fait partie du « comité aviseur » appelé à conseiller l’Université pour le développement du projet. « La direction voulait vraiment avoir l’avis de tout le monde pour avoir le meilleur plan », explique-t-elle, rappelant au passage que les membres d’un « comité aviseur » n’ont souvent pas le dernier mot. « J’ai fait partie de plusieurs comités dans ma carrière, et parfois, on se demande pourquoi on est là, confie-t-elle. Mais, cette fois, c’était vraiment interactif. »

Le conseiller en biodiversité pour l’unité de développement durable de l’UdeM, Alexandre Beaudoin, souligne que le nouveau PDA prévoit le verdissement de lieux de stationnement existants pour relier les espaces boisés entre eux. En tant que professionnel de l’environnement, les propositions de l’Université le réjouissent. « Ça aurait pu être très décevant, on aurait pu accoucher d’une souris, avoue-t-il. Mais je n’ai aucun problème à m’associer à ce plan-là. »

Le rôle du campus MIL

Mme Hamdane affirme que le nouveau PDA est un plan de consolidation du campus de la montagne, contrairement à celui de 1995, qui prévoyait un important développement immobilier. Elle précise que dans l’élaboration du PDA, plusieurs projets de nouveaux pavillons sur la montagne ont été abandonnés. Pour répondre à ses besoins en espaces, l’Université mise sur le campus MIL. « Cependant, des agrandissements mineurs vont devoir continuer sur la montagne pour assurer la fonctionnalité de certains pavillons », nuance-t-elle.

HEC Montréal a aussi rejeté la possibilité de construire à proximité de son pavillon principal, situé au 3000, chemin de la Côte-Sainte-Catherine. La directrice du développement du campus de HEC Montréal, Loretta Cianci, explique que leur nouveau pavillon, dans le centre-ville de Montréal, a permis de réduire la pression immobilière sur la montagne. Elle ajoute que depuis l’inauguration de son dernier pavillon, HEC Montréal a toujours trouvé d’autres moyens pour répondre à ses besoins en espaces. « Par exemple, on devait abandonner le pavillon Decelles, alors qu’aujourd’hui, on l’occupe au complet »,illustre-t-elle.

Avec ce PDA, Polytechnique Montréal conserve pour sa part la possibilité de construire un nouveau pavillon sur la montagne. « Polytechnique n’a pas le même avantage que l’UdeM avec le campus MIL », ajoute Mme Hamdane.

Le directeur du développement du campus de Polytechnique Montréal, Patrick Desjardins, précise que l’école d’ingénierie a effectivement conservé un potentiel de construction situé sur un stationnement. « Mais les potentiels de construction qui étaient dans des boisés ont été abandonnés », rassure-t-il. M. Desjardins ajoute que l’ambition de Polytechnique Montréal est que ce futur pavillon devienne un bâtiment de démonstration d’ingénierie verte et d’intégration environnementale.

Une consultation à venir

L’intérêt suscité par le nouveau PDA amène certains étudiants, dont William, à se demander s’il aurait été possible de participer au processus de planification, via des travaux d’atelier à la Faculté d’aménagement. « On aurait pu nourrir ce processus de réflexion là », soutient-il.

Mme Hamdane explique qu’il faut laisser le temps au processus de planification de se terminer. « Un plan directeur d’aménagement, ce ne sont pas des projets concrets, ce sont des principes directeurs d’aménagement pour guider les concepteurs et les gestionnaires de projets à la direction des immeubles pour pouvoir intervenir sur le campus », souligne l’architecte.

Sandrine Desforges précise aussi que le PDA est en préparation depuis plusieurs années. Bien que la FAÉCUM n’ait pas participé directement à son élaboration, la secrétaire générale de la Fédération assure que cette dernière a mis de l’avant les priorités des étudiants grâce à sa participation aux divers comités officiels de l’Université.