Volume 23

Dans l'ensemble du Canada, 51 postes ont été laissés vacants en 2016, dont 44 au Québec. En dehors de la médecine familiale, sept spécialités se partagent 10 postes vacants. Crédit : Charles_Olivier Bourque

Point après le projet de loi 20

« A vec la réforme et les nouveaux mandats du Dr Barrette, les postes hospitaliers pour les omnipraticiens deviennent de moins en moins accessibles, explique l’étudiante en 4e année de médecine Tanya Girard. Personnellement, cela m’a complètement dissuadée de postuler en médecine familiale. » D’abord intéressée par la flexibilité et la variété offertes par la discipline, l’étudiante a finalement abandonné son premier choix pour entrer en médecine interne. Selon elle, le projet de loi 20 a entaché l’image de la médecine familiale et découragé de nouvelles cohortes à la considérer comme une option de carrière.

Sur le campus, après le 2e tour du 12 avril dernier, c’est seulement 14 postes qui sont restés vacants sur un total de 156. « Le gouvernement nous demande d’avoir 55 % de jumelage en médecine de famille, précise la directrice du cabinet de la doyenne de la Faculté de médecine, Geneviève Bouchard. À l’Université, nous avions déjà atteint ce nombre au premier tour. »

Cette année, le quota exigé par le gouvernement a été plus élevé. « Nous [les facultés de médecine du Québec] avons toutefois comblé un peu plus de places en médecine de famille que l’an dernier, soit 438 [sur 479] contre 424 [sur 475] en 2015 », remarque le conseiller en communication de la Faculté de médecine de l’UdeM, Louis Tremblay. D’après lui, beaucoup d’activités de promotion ont été faites par les facultés de médecine et cela a porté fruit. « Depuis le début des années 2000, la promotion de la médecine de famille nous a permis de presque doubler le nombre d’étudiants qui optent pour cette carrière, soit de 254 en 2005 à 438 en 2016 », assure-t-il.

De son côté, l’étudiant en 4e année de médecine Harmeet Sing a tout de même choisi la médecine familiale. Bien qu’il ait d’abord pensé se diriger vers la médecine interne, il a été convaincu par ses stages. « J’ai remarqué que je ne voulais pas me consacrer à une seule partie du corps ou à quelques maladies, mais plutôt de considérer le corps humain comme un ensemble », déclare-t-il. D’après lui, la réforme du réseau de la santé remet toutefois en cause la liberté de travailler qui était jusque là un avantage de cette pratique.

L’étudiant en 4e année de médecine Amine Nasri s’est quant à lui préparé à être en concurrence avec plus de candidats dans les autres spécialités, car nul doute pour lui que la réforme a conduit de nombreux étudiants à changer leur choix. « J’avais déjà anticipé qu’il y aurait beaucoup de postes vacants en médecine familiale et que les autres spécialités seraient excessivement compétitives », assure-t-il. Le jeune homme se prépare à entrer en cardiologie.

Projet de loi 20

Adopté en novembre dernier, le projet de loi 20 vise à améliorer et à augmenter l’accès aux médecins de famille. Pour cela, la loi prévoit imposer aux médecins des quotas de patients, un tarif maximal pouvant leur être facturé ainsi qu’un nombre minimal d’heures en institutions, comme les hôpitaux. Il met également fin au programme public de procréation assistée adoptée en 2010. En mai dernier, une entente a été signée entre la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) et le ministre de la Santé, Gaétan Barrette. Les quotas ont été remplacés par une série de mesures telles que la garantie de pouvoir consulter son médecin de famille sous trois jours. L’entente avec la FMOQ prévoit toutefois des sanctions si les objectifs d’accessibilité aux soins ne sont pas remplis d’ici 2018.

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