«Je vois souvent des personnes en train de consommer et je me dis que je pourrais sauver une vie », raconte l’étudiante au certificat en toxicomanie Alizée Maillet (photo ci-haut).
Consciente des risques encourus par les consommateurs, elle souhaite pouvoir être en mesure de les aider. Pour cette raison, elle a suivi une formation et garde toujours à disposition son kit de naloxone, qui agit comme un antidote temporaire au fentanyl.
L’étudiante au baccalauréat par cumul Faustine Malaisé est du même avis. En tant que bénévole au sein de l’organisme GRIP Montréal*, la prévention en vue de la réduction des risques lui tient à cœur. « Je trouve qu’il est important de s’informer sur les drogues quand on est amené à en consommer, affirme-t-elle. Ça peut en aider quelques-uns à faire des choix éclairés concernant la consommation. »
Dans plusieurs pharmacies québécoises, des trousses de naloxone sont offertes gratuitement à quiconque de plus de 14 ans en fait la demande. Crédit photo : Benjamin Parinaud.
Se former pour agir
La formation suivie par les étudiantes est proposée par plusieurs organismes, comme Méta d’Âme*, choisi par Alizée. « Ce n’est pas pour empêcher la consommation, insiste l’étudiante. C’est vraiment pour réduire [ses] méfaits, faire prendre conscience aux gens qu’il peut y avoir des overdoses et les informer sur comment agir. »
Une telle formation n’est pas obligatoire pour disposer du kit de naloxone. « La naloxone peut être fournie dans n’importe quelle pharmacie, et ce, gratuitement, à quiconque la demande, que ce soit le patient qui prend des opioïdes lui-même, un proche, un intervenant, ou même une personne concernée avec une situation potentiellement problématique dans son entourage », explique le pharmacien Tom Samaha, qui donne également des ateliers de pratiques professionnelles aux étudiants en pharmacie de l’UdeM. Les pharmaciens peuvent eux-mêmes offrir la formation aux personnes qui se procurent ces trousses.
En dépit de l’accessibilité de ces dispositifs, les deux étudiantes interrogées déplorent un manque d’information sur les dangers du fentanyl et sur les solutions en cas d’overdose. « Même mes amis qui consomment ne sont pas au courant qu’il existe des kits de naloxone pour réagir contre les overdoses ». raconte Alizée.
Faustine dénonce également le problème de la stigmatisation des drogues. « S’il y avait moins de stigmatisation autour de la consommation, peut-être que certaines personnes auraient moins hésité pour demander de l’aide, particulièrement quand on a commencé à entendre parler de la crise du fentanyl », explique-t-elle.
La situation à l’UdeM
À l’UdeM, aucun cas d’overdose liée au fentanyl n’a été recensé, selon l’attachée de presse de l’Université, Julie Gazaille. Néanmoins, elle soulève que des mesures sont mises en œuvre pour pouvoir agir si une telle situation devait se produire. « La position de l’institution était de former les agents de la sûreté dès que le problème s’est révélé être un fléau à Montréal, explique-t-elle. Nous avons également des trousses de naloxone dans les véhicules d’urgence et au Centre opérationnel de la sûreté, au pavillon Roger-Gaudry, en cas d’intervention liée au fentanyl. »
En ce qui concerne les évènements organisés par la FAÉCUM, aucun moyen particulier n’a été mis en œuvre, conséquence de l’absence de cas répertorié. Toutefois, l’association assure la sécurité des étudiants par la présence de professionnels qui ont la possibilité d’intervenir. « Dans nos évènements, les sentinelles ne sont pas spécifiquement formées aux overdoses de fentanyl, mais on a une équipe de premiers soins qui est embauchée pour ça », explique le secrétaire général de l’association, Matis Allali.
* GRIP Montréal (Groupe de recherche et d’intervention psychosociale) est une organisation à but non lucratif visant à réduire les méfaits de la drogue en milieu festif.
* Méta d’Âme est une association de pairs dont les principes de base sont fondés sur l’autonomisation, ou empowerment.