Une vingtaine d’étudiants à la maîtrise en sociologie ont eu toute la session d’automne 2015 pour réfléchir à la question de l’inégalité sociale. Un défi supplémentaire s’est présenté à eux, à savoir photographier l’inégalité en question. « Le jeu était d’inviter chaque élève à prendre deux ou trois clichés, explique la professeure au Département de sociologie à l’UdeM et coordonnatrice scientifique du projet, Cécile Van De Velde. Cela a pour but d’amener les étudiants à se questionner sur le pourquoi de la photo et à expliquer son contexte social. » Ce projet de séminaire interroge l’étudiant sur son propre quotidien. L’apprentissage repousse les limites de la salle de classe, selon la professeure.
Les étudiants s’aventurent ainsi dans une nouvelle perspective de connaissance, puisque la matière étudiée en classe se manifeste de façon concrète et tangible. « Le projet photo est, à la base, un travail d’assimilation de la matière vue en cours, déclare Mme De Velde. C’était un devoir d’incorporation des informations du séminaire et de la vie quotidienne. » La théorie des livres devient alors réalité, et l’expérience pousse les participants à réfléchir sur des questions d’inégalités de façon plus pragmatique.
Un projet singulier
« C’était un défi de travailler avec de la matière plus visuelle, dévoile l’étudiante à la maîtrise en sociologie Mélissa Moriceau. Habituellement, on lit et on écrit en socio ! » Elle explique comment l’exploitation de la photographie en sociologie était novatrice pour elle. « Franchement, j’ai trouvé ça assez formateur comme expérience, ajoute-t-elle. La procédure particulière du projet nous pousse à sortir sur le terrain, à faire face aux inégalités en chair et en os. » Les étudiants doivent développer une sensibilité au sein de leur quotidien pour bien capter les inégalités qui les entourent. Un regard attentif sur le monde leur permet de transposer leurs connaissances dans la réalité.
« Le projet m’a paru presque ludique ! » s’exclame l’étudiante à la maîtrise en sociologie Alizé Houdelinckx. Cette approche rompt avec une tradition plus littéraire de la sociologie, comme l’a soulevé Mélissa Moriceau. La forme singulière de ce projet « socio-photo » lui confère un pouvoir qui parfois échappe aux textes.
« J’ai voulu que les étudiants s’expriment dans une prise de parole indépendante, confie Mme Van De Velde. Plusieurs regards subjectifs qui décortiquent l’inégalité en plusieurs morceaux; il y en a une multiplicité sur un même sujet d’actualité. » En gardant l’inégalité comme ligne directrice, les photos segmentent un même sujet. Cet effet de pluralité dans une même unité souligne la diversité dans laquelle les inégalités se manifestent.