Mécanique du travail

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Par Rose Carine Henriquez
lundi 27 mars 2017
Mécanique du travail
Promis, demain je démissionne est le premier spectacle saisonnier de la troupe de danse de l’UdeM (DUM). Pour deux soirs, les treize interprètes présenteront des tableaux s’inspirant du caractère automate du travail.

Chorégraphié par Philippe Dandonneau, reconnu pour sa gestuelle explosive, le spectacle met en scène des métiers, du travail d’usine à la vente en passant par la commercialisation du corps. « Je suis toujours inspiré par des faits qui m’entourent, donc j’ai décidé de m’attarder à tous les jobs alimentaires qu’on a, sur les types de formes que cela pouvait prendre, sur l’idée du travail à la chaîne répétitif », indique le chorégraphe.

Par un processus de création collaboratif, Promis, demain je démissionne donne aux interprètes l’occasion d’ajouter leur touche personnelle, tandis que Philippe agit en guide. « Selon certains paramètres que je donne, ils génèrent la gestuelle, déclare-t-il. Et, à partir de leurs mouvements, on fait des séquences. Le plaisir de tout ça, c’est justement de mettre les morceaux ensemble. » D’après le créateur, il serait ennuyant que les danseurs soient seulement des exécutants de mouvements.

Collaboration créative

Non professionnels mais possédant une expérience en danse, les interprètes de Promis, demain je démissionne proviennent des milieux du ballet classique, de la danse contemporaine et du jazz. Un mélange enrichissant, selon l’étudiant au baccalauréat en musique Julien Oberson, mais qui force le chorégraphe à tenir compte des particularités de chacun. « On est des adultes et, même si on a beaucoup de liberté chorégraphique, ce n’est pas une classe avec un maître et ses élèves, avance l’étudiante au doctorat en psychologie Sandra Lafortune. On essaie parfois de “challenger” Philippe, de remettre en question ce qu’il nous dit. » Le chorégraphe révèle que cela lui permet d’adapter sa manière d’enseigner, puisqu’il s’agit avant tout de relations humaines.

Entre les interprètes, l’écoute et la solidarité doivent prévaloir selon Sandra, qui assure qu’il est essentiel que la troupe forme un « tout ». L’énergie individuelle ressort tout de même, surtout sur le plan de l’interprétation, ce qui fait la beauté de la danse pour Philippe. « La danse est un langage, chaque spectacle de danse va être différent, ajoute Sandra. Même si tu veux faire passer un message, ce ne sera pas fait de la même façon par chaque interprète. Je peux te parler comme je peux te danser quelque chose. »

Trame mécanique

La thématique du spectacle va de pair avec des mouvements qui peuvent être tantôt sensuels, tantôt bruts, rappelant l’idée de la machine, selon le chorégraphe. « Il y a des moments de poésie, mais, dans l’interprétation, Philippe va nous pousser à faire des choses plus saccadées, plus rythmées, indique Julien. Pour chaque nouveau tableau, on prend un métier qui n’est pas très gracieux à exécuter, et on le pousse en caricature. »

Il s’agit d’un spectacle où les danseurs investissent l’espace, laissé libre par des éléments scéniques peu nombreux. L’accessoire le plus important est le vêtement, coloré et propre à chaque métier. « On vit et personnifie le métier, déclare l’étudiante au baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire Camélia Letendre. Notre interprétation change en fonction de la dynamique qui est voulue. »

Julien admet s’être mis à l’épreuve dans cette pièce, dont les mouvements sont très percussifs. Il n’est pas le seul à en voir un défi. « Il y a beaucoup de mémorisation, car c’est une longue pièce, avoue Sandra. C’est très physique, donc il faut avoir beaucoup d’endurance musculaire. Je pense que c’est la pièce dans laquelle je danse le plus. Malgré les changements de formation, ça reste très intense. » Faire partie de la troupe est un investissement d’après Julien, qui souhaite que les spectateurs se rendent compte du travail et du calibre professionnel de ce spectacle.

Promis, demain je démissionne 

Centre d’essai de l’UdeM | 31 mars et 1er avril

Tarif : 10$ | étudiant : 7$