Libérer les rivières

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Par Claudie Arseneault
lundi 22 octobre 2018
Libérer les rivières
Le Jardin botanique de Montréal a entrepris une démarche de sensibilisation pour la préservation des milieux humides. Crédit photo : Breaktime, Pixabay.
Le Jardin botanique de Montréal a entrepris une démarche de sensibilisation pour la préservation des milieux humides. Crédit photo : Breaktime, Pixabay.
Depuis le 20 septembre dernier, un nouveau règlement sur la compensation pour l’atteinte aux milieux humides et hydriques est entré en vigueur au Québec*. L’île de Montréal regorge de ruisseaux ayant été enfouis par le passé. Certains se trouvent sur le campus de l’UdeM.

 

Le projet Bleue Montréal, lancé en 2017 par WWF Canada, cherche à faire du « daylighting », c’est-à-dire mettre à découvert les rivières d’autrefois et leur redonner leur place dans l’espace urbain. Il souhaite localiser et « libérer » les ruisseaux aujourd’hui canalisés de la métropole.

« C’est ce qui se faisait à l’époque [recouvrir les cours d’eau], explique la directrice de WWF Canada au Québec, Sophie Paradis. On développait, et les gens ont commencé à avoir des problèmes de salubrité ou des maladies. » L’objectif était de préserver la santé publique, mais également de faciliter l’aménagement du territoire.

Selon les chiffres du projet Bleue, plus de 80 % des rivières d’hier sont maintenant enfouies. Elle explique qu’il est difficile de savoir si les ruisseaux, qui sont maintenant cachés sous terre depuis plus de 100 ans, sont pollués.

Parmi les contributeurs au projet se trouve l’ancienne professeure au Département d’aménagement de l’UdeM, Valérie Mahaut, qui a cartographié les anciennes rivières de Montréal à l’aide de données historiques. Elle en a relevé trois sur le campus [voir carte].

Carte selon les données de Valérie Mahaut.

Carte selon les données de Valérie Mahaut.

Près du pavillon d’aménagement, un cours d’eau suit la rue Darlington [1]. L’ancien ruisseau Saint-Aubin coule dans Côte-des-Neiges et est connecté au ruisseau Notre-Dame-des-Neiges [2]. Sur le campus Outremont, entre les rues Durocher et Hutchinson, passe le ruisseau Provost, près de l’avenue du Parc [hors carte].

La « bleutisation » de Montréal

Pour Mme Paradis, lorsqu’on parle d’aménagement des villes, il est souvent question de vert, mais pas assez de bleu. « C’est aujourd’hui qu’on prend conscience de notre bleu [eau] et qu’il est important en milieu urbain, révèle-t-elle. Ce n’est pas seulement au Nord, ici aussi ça se passe et nous avons autant besoin de vert que de bleu. »

Avec les changements climatiques, les pluies sont plus violentes, s’accumulent dans les sous-sols et causent des inondations, soulève la directrice. « La ville de Montréal n’est pas prête à absorber ces changements climatiques, s’inquiète-t-elle. Et ce projet, ça l’aide. Il n’y a que des bénéfices. »

En plus d’une meilleure gestion des eaux pluviales, Mme Paradis prévoit aussi une redynamisation de l’économie locale. « En enlevant une route et en mettant un ruisseau, les gens ont plus envie d’aller prendre un café en face et de se promener, croit-elle. C’est du développement durable municipal. »

Le projet Bleue Montréal se concentre sur cinq arrondissements : Villeray, Hochelaga, Rosemont, Ville-Marie et le Sud-Ouest. Selon Mme Paradis, le prochain sur la liste est Villeray, où passe le ruisseau Provost dans le parc Jarry. « C’est un parc très fréquenté, qui a besoin de plus d’amour », affirme-t-elle. Celle qui chapeaute le projet Bleue dit vouloir plus de canopées, ainsi que des aires de repos avec de l’ombre.

*Radio-Canada, « Québec permet la destruction gratuite de l’environnement au nord du 49e parallèle », 27 septembre 2018.

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