Société

L'IA et le journalisme

L’IA et le journalisme au cœur de la recherche

HEC Montréal enquête sur l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans les salles de rédaction. Le but est de rendre compte des changements qu’elle entraîne dans le travail des journalistes. L’Université invite à cet effet les journalistes canadien·ne·s à participer à un sondage en ligne.

« Quand on a vu arriver Chat GPT, on s’est dit “quel blast, quel potentiel incroyable !”, témoigne le professeur agrégé au Département de gestion des ressources humaines de HEC et chercheur principal de l’étude, Vincent Pasquier. On a réfléchi aux professions pour lesquelles cela pouvait représenter des enjeux très forts et on a pensé à celle de journaliste, qui semble être dans l’œil du cyclone. »

L’enquête, financée par l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique (Obvia), comprend deux volets : un qualitatif avec des entrevues dans des salles de presse et avec des directeur·rice·s de rédaction, et un quantitatif à travers un sondage destiné aux journalistes de tous niveaux.

« L’idée est de mesurer les pratiques à un moment “t ”, car les pratiques évoluent très vite, explique M. Pasquier. Par exemple, mesurer à quel point Chat GPT a pénétré la profession un an et demi après son arrivée. »

L’équipe de recherche a pu observer, de manière préliminaire, un certain « conservatisme » dans l’exercice de la profession. « C’est-à-dire une certaine défiance envers tout ce que la technologie apporterait de mal à la profession, précise le professeur. Il y a aussi un réflexe d’artisan, comme pour garder la mainmise sur l’ensemble du processus de production. »

Identifier les risques

Selon M. Pasquier, si les salles de presse traditionnelles restent prudentes quant à l’utilisation de l’IA dans leurs méthodes de travail, le cas des tabloïds reste à éclaircir. « Est-ce que les journaux qui vendent du clic en ligne et qui ont tendance à privilégier le trafic généré plutôt que la qualité de l’information vont utiliser l’IA dans leur cœur de métier ? s’interroge le chercheur. Cela reste une hypothèse. »

En collaboration avec plusieurs syndicats de journalistes, dont l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ), les chercheur·euse·s espèrent pouvoir apporter des connaissances utiles, notamment pour protéger la profession et prévenir les risques en matière d’intégrité journalistique.

Partager cet article