Campus

Les voix du féminisme

Le colloque Le Féminisme prend sa place à l’UdeM se tiendra à l’Université les 28 et 29 mars. Cette rencontre, qui est entièrement organisée par les étudiants de l’UdeM, permettra de  donner la parole aux udemiens sur des enjeux féministes.

Vingt-quatre présentations se déclinant en huit catégories thématiques autour des enjeux féministes auront lieu. «Le féminisme a toujours eu une connotation péjorative, regrette l’étudiante à la maîtrise en sciences de la communication à l’UdeM et membre du comité organisateur, Alexandra Pelletier. Nous montrons qu’adopter une perspective féministe dans ses études, se dire féministe n’est pas mauvais.»

C’est en constatant l’éventail de recherches aux perspectives féministes réalisées par des étudiants de divers programmes udemiens que l’idée de créer un colloque sur le féminisme est née au sein d’un groupe d’amis. «L’engouement suscité par notre proposition de colloque sur Facebook a démontré l’intérêt des étudiants et étudiantes à partager leurs projets de recherche», relève Alexandra.

Les 12 organisateurs désirent offrir à leurs confrères une tribune susceptible de mettre en lumière leur travail. «Il y a de nombreuses chercheuses féministes à l’UdeM, qui jouissent d’une plateforme, tandis que les étudiants et étudiantes, eux, n’en ont pas», déplore Alexandra.

Un comité scientifique composé de professeurs et d’étudiants a été formé afin de sélectionner les présentations. «Nous voulions éviter que le comité organisateur émette des jugements tendancieux en faveur ou en défaveur d’étudiants et d’étudiantes que ses membres connaissaient », assure l’étudiante.

La professeure au Département de philosophie Ryoa Chung ainsi que la professeure du Département de communication Julianne Pidduck présideront en outre des tables rondes.

«McGill, Concordia, l’UQAM et l’Université Laval sont toutes dotées d’un centre d’études féministes, pourtant inexistant à l’UdeM, indique Mme Chung. Ce colloque organisé par des étudiants témoigne d’une volonté de leur part qui coïncide avec le désir de certains chercheurs de développer quelque chose.»

À l’instar de sa collègue, Mme Pidduck salue cette initiative étudiante qui met en relief une carence à l’UdeM. « C’est étonnant que l’Université offre si peu de visibilité aux études féministes alors que ces dernières sensibilisent, entre autres, les étudiants aux enjeux des différences de genre, des inégalités sociales, et des rapports de force entre hommes et femmes», estime-t-elle.

Vers un programme féministe?

L’avenir du féminisme à l’UdeM s’avère tout de même de bon augure, selon Mme Chung. « Je ne parle pas au nom de la Faculté des arts et des sciences ni de l’UdeM, mais je sens une grande ouverture d’esprit de la part de bon nombre d’acteurs quant à la possibilité de créer des projets de collaboration, des centres d’études », se réjouit-elle. Bien que rien ne soit encore prévu, l’UdeM ne ferme pas la porte à un futur domaine d’étude, selon son porte-parole, Mathieu Filion.

La pertinence de promouvoir des approches féministes trouve écho dans l’enceinte de l’Université aux yeux d’Alexandra Pelletier. «Le féminisme commence à prendre plus de place sur le campus, par l’entremise de positions féministes votées à la FAÉCUM, par exemple», remarque-t-elle. Lors du congrès annuel de la FAÉCUM les associations ont voté comme mandat de féminiser les textes officiels de la Fédération.

Le colloque vise également à contrer les préjugés dont fait souvent l’objet le féminisme et à explorer les multiples facettes de ce mouvement.

Le Féminisme prend sa place à l’UdeM
Pavillon Jean-Coutu
Local S1-131
28 et 29 mars 2014
Entrée libre

LES CONCEPTIONS DES TRAVAILLEURS DU SEXE

La présentation de l’étudiant au baccalauréat en science politique et philosophie Jéro????me Gosselin-Tapp porte sur une sphère extrêmement abstraite : la conception de l’Homme. Portant le titre L’abolitionnisme et les enjeux ontologiques de la formation du consentement, son intervention porte sur deux façons de concevoir, en tant qu’individu, les travailleuses du sexe à partir de leur consentement à exercer ce métier. Il serait déterminé par des paramètres extérieurs (exogènes) ou intrinsèques (endogènes), selon les opinions.

Le travail de Jérôme s’ancre dans la multiplicité des conceptions de l’Homme. «Je mets en lumière l’idée que toute opinion présuppose une conception de l’individu, précise-t-il. C’est possible d’avoir fondamentalement, en tant que scientifique, féministe ou individu, une autre conception de l’Homme.»

Il souhaite construire une discussion substantielle. « J’avais l’impression que c’était un débat qui restait en superficie et cela m’irritait puisque la prostitution fait intervenir des positions éthiques très bien campées, signale-t-il. Ceux qui en discutent ne réalisent pas qu’ils présupposent une conception de l’individu. Je veux déterrer tous les enjeux ontologiques dont les gens ne parlent pas dans les journaux ou dans les conversations entre copains.» Jérôme participera au volet «Prostitution, traite et travail du sexe» le samedi 29 mars à 8h30, au local S1-131.

VAMPIRES DE MÈRE EN FILLE

L’étudiante à la maîtrise en études cinématographiques Claudia Boutin participe au volet «Vampires, guérillères et amazones : fil(l)iations et utopies».

En quête d’un sujet, l’étudiante se réfère à la critique du film Byzantium de Niel Jordan parue dans Le Devoir. «Le journaliste François Lévesque soulignait l’importance de la solidarité féminine et la promotion du matriarcat chez les vampires», se rappelle l’étudiante, qui s’interroge sur le rapport mèrefille des protagonistes vampires.

Les deux seules femmes de leur espèce évoluent au sein d’un monde de vampires dominé par une confrérie masculine. «Elles vont décider de vivre à leur façon, de gagner de l’argent, dont l’une en étant, de son propre chef, travailleuse du sexe», relate Claudia.

L’idée de voix et de la place des femmes l’interpelle également. «Byzantium est l’un des rares films de vampires qui donnent la parole aux femmes, estime Claudia. Dans le féminisme, on parle souvent de femmes qui doivent faire leur place. Là, c’est littéralement cela: une femme qui nous parle, qui veut se raconter, mais à qui on interdit de le faire, car, pour une femme, écrire est une transgression, une abomination.» Cela illustre le rapport à l’exclusivité masculine qu’elle abordera lors de sa présentation.

«Les gens qui ne savent pas trop où s’en aller avec ce gros monstre qu’est le féminisme pourront réaliser l’étendue de son spectre», croit Claudia, ravie que le colloque témoigne de la pluralité des perspectives et des disciplines du féminisme. Elle interviendra le vendredi 28 mars à 13h30, au local S1-13.  

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