Esquiver verres de bière, bouteilles d’eau et autres déchets laissés par terre est monnaie courante à la sortie d’une longue soirée dans un festival. La plupart de ces événements ont une politique claire en matière de développement durable, mais ces mesures ne sont pas toujours suffisantes pour éviter les débordements.
« Sur le site d’un festival, un vendeur a refusé de me vendre un hot dog sans carton, alors que j’allais le jeter quelques secondes après », raconte l’étudiante à la maîtrise en gestion de projets à l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’UQAM, Noémi Ready-Dusseault. L’étudiante adepte de festivals se fait un devoir de disposer convenable- ment de ses déchets, mais elle concède que les infrastructures disponibles sur les sites ne lui facilitent pas toujours la tâche.
Le Festival international de percussions de Longueuil a aussi posé plusieurs gestes pour transformer ses pratiques au cours des années. «En 2010, nous avons été un des premiers festivals à interdire la vente ou la distribution de bouteilles d’eau en plastique sur le site de l’événement, précise la directrice artistique, France Cadieux. Cette année, il y aura aussi une navette à vélo qui aidera les personnes à mobilité réduite à se rendre d’une scène à l’autre. »
Mme Voyer confie que les organisateurs d’événements ont plus de pouvoir qu’ils ne le croient pour transformer les pratiques. « Une compagnie de bière remettait des verres en plastique numéro 6 [NDLR : numérotés de un à sept, tous les types de plastique ne sont pas recyclables. Le meilleur exemple de plastique non recyclable est la styromousse servant à confectionner les gobelets à café ou à thé] qui ne sont pas recyclables avec nos infrastructures actuelles, explique-t-elle. Elle a dû modifier ses pratiques parce que certains festivals se sont unis pour demander un changement. » L’engagement environnemental grandissant de ces événements porte à croire que les transformations entreront dans les mœurs.
Vert, couleur de l’argent
La diplômée en stratégie de production culturelle et médiatique à l’UQAM et cofondatrice du Festival de bandes dessinées de Montréal (FBDM), Myriam Lalumière, estime toutefois que les défis sont différents pour les petits festivals. « Au début, l’idée c’était seulement de réussir à faire le festival », relate-t-elle. Encore étudiante, elle a démarré l’événement en 2011 avec un minimum de ressources. Sa surprise a été grande en voyant tous les critères environnementaux demandés par Hydro-Québec en leur formulant une demande de commandite. « Je travaille à la maison et nous n’avons ni bureau ni employé permanent, indique-t-elle. C’est donc impossible de préparer une politique de développement durable élaborée. » Alors que les grands festivals ont au moins un employé attitré au développement durable, les petits événements comme le FBDM n’ont pas accès aux mêmes ressources en termes de temps et d’expertise.
Malgré le défi supplémentaire que représente la gestion du développement durable, le FBDM tente aussi de modifier ses pratiques. « Notre problème majeur au festival, c’était le papier », avoue la cofondatrice du FBDM. L’impression du programme de l’événement a souvent entraîné des surplus. « Cette année, nous avons développé une application mobile, ce qui réduira considérablement la quantité de papier à distribuer », précise Mme Lalumière.
Selon Mme Voyer, les grands partenaires institutionnels comme Loto-Québec, la Société des alcools du Québec (SAQ) et les caisses Desjardins sont de plus en plus pointilleux sur ce sujet quand ils accordent une commandite. C’est en partie ce qui explique l’engouement des grands festivals pour le développement durable selon la directrice générale du CQEER.