Les étudiant·e·s de Montréal en précarité résidentielle

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Par Paul Fontaine
lundi 21 février 2022
Les étudiant·e·s de Montréal en précarité résidentielle
Parc-Extension est le deuxième quartier le plus peuplé de Montréal, selon les informations de Centraide. Photo : Benjamin Parinaud
Parc-Extension est le deuxième quartier le plus peuplé de Montréal, selon les informations de Centraide. Photo : Benjamin Parinaud

La communauté étudiante est particulièrement vulnérable face au marché locatif montréalais. C’est ce que conclut l’enquête PHARE 2021 produite par l’Unité de travail pour l’implantation de logements étudiants (UTILE) et publiée le 11 février dernier. Pour mener à bien cette étude, près de 10 000 universitaires québécois ont été sondés, dont plus de 3 000 fréquentent un établissement montréalais.

À Montréal, plus de 85 % de la population étudiante universitaire est locataire, selon le rapport de l’UTILE. Cette large proportion de la communauté estudiantine doit donc naviguer dans un marché locatif en pleine crise, où le taux d’inoccupation peine à dépasser les 3,7 %, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), et où les prix ne cessent de grimper. À ce titre, l’étude révèle que la part individuelle médiane de loyer assumée par les universitaires s’élève à 680 $ à Montréal en 2021, ce qui représente une hausse de 19 % comparativement à ce qui était observé en 2017, soit 570 $.

Selon les résultats de l’enquête, la communauté étudiante montréalaise ne jouit pas de larges revenus. En effet, 54 % de celle-ci compte sur des revenus bruts de moins de 20 000 $ par an, dont 23 % gagnent moins de 10 000 $. Cette précarité a pour effet de placer plusieurs étudiant·e·s en situation d’instabilité financière. En effet, le rapport indique que plus de 70 % de la population étudiante locataire montréalaise consacre au moins 30 % de ses revenus au paiement de son loyer. En moyenne, l’acquittement du bail accapare 42 % des rentrées d’argent des étudiant·e·s de Montréal. L’UTILE souligne qu’au Québec, un taux d’effort au-delà de 30 % est largement admis comme indicateur de précarité résidentielle.

Un filet de sécurité bien mince

Au Québec, la plupart des universitaires locataires ne peuvent pas compter sur une aide financière extérieure. Selon l’enquête PHARE 2021, les trois quarts d’entre eux ne reçoivent pas d’aide financière parentale pour le paiement de leur loyer et les deux tiers d’entre eux n’en bénéficient pas pour l’acquittement de leurs frais de scolarité. À ces informations s’ajoute le fait que plus de la moitié d’entre eux ne perçoivent aucune forme d’aide gouvernementale.

Or, la communauté étudiante compose avec des baux largement plus coûteux que ceux qu’assume le reste de la population. À Montréal, le loyer médian des universitaires grimpait à 1 120 $ en avril 2021, alors que la SCHL estimait à 893 $ le loyer médian en octobre 2020, un écart de plus de 25 %.

Participer malgré soi à l’embourgeoisement

Nombreux sont ceux et celles qui se tournent vers la colocation afin d’alléger leur fardeau. L’étude de l’UTILE recense que près de 70 % de la population étudiante montréalaise partage son logement avec au moins une personne. Or, en divisant le coût de son loyer, cette part de la communauté étudiante peut, malgré elle, participer à l’embourgeoisement de certains quartiers ainsi qu’à la hausse des prix du marché locatif.

Les résultats de l’enquête démontrent justement qu’à Montréal, ce sont les quartiers desservis par le métro qui attirent le plus les étudiant·e·s. Par exemple, ceux de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Parc-Extension, Villeray et Saint-Michel, qui connaissent tous des vagues d’embourgeoisement, accueillent un grand nombre de membres de l’UdeM.