Volume 21

le temps d’un trajet

Lire, écouter de la musique ou naviguer dans internet sont autant d’activités que pratiquent les étudiants durant les déplacements en transport en commun. Si ce dernier est souvent moins rapide que l’automobile, il permet toutefois aux étudiants de gagner du temps en accomplissant des tâches qu’ils n’ont pas eu le temps de réaliser.

«Je fais toujours quelque chose, et souvent, je fais ce que je n’ai pas eu le temps de faire à la maison », précise l’étudiant en année préparatoire Elvis Leon. En transport en commun, je lis mes courriels, je texte, je vais sur Facebook, je regarde des vidéos, j’achète des coupons en rabais sur Groupon.» Toutefois, lorsqu’il prend le métro et qu’il est sans accès internet, il profite au maximum des 20 minutes du trajet pour faire ses devoirs ou étudier.

Contrairement au déplacement en voiture, le transport en commun permet de faire des activités autrement impossibles. L’étudiante en linguistique Myriam Dali, qui passe quotidiennement plus d’une heure à voyager, profite de ses déplacements pour avancer dans ses lectures. «Dans le métro, je lis pour les études, mais aussi pour le plaisir, mentionne- t-elle. J’ai toujours un livre sur moi. C’est parmi les seuls moments que je trouve pour lire. »

La Société de transports de Montréal (STM) a d’ailleurs lancé le service Lire vous transporte, qui permet de télécharger le premier chapitre de nombreux livres. « Pour plusieurs, le déplacement en métro représente le seul moment dans la journée où l’on peut lire et se laisser absorber par un autre univers pendant qu’on se laisse transporter », déclare la conseillère corporative à la STM Kim Bélanger.

L’étudiante en économie et politique Maria Towo alterne entre deux activités dans les transports. «Lorsque je viens à l’école, j’écoute surtout de la musique, mais dans des trajets plus longs, je vais prendre le temps de lire, détaille l’étudiante, qui habite à deux stations de métro de l’UdeM. Surtout si je suis dans le métro.»

Chauffeur d’autobus pour la STM depuis près de 14 ans, Hervé Elie est d’avis que la technologie diversifie les activités des voyageurs. «Quand j’ai commencé comme chauffeur, les gens étaient plus occupés à faire de la lecture, à lire les journaux comme Métro ou 24 heures, se rappelle-t-il. Avec le phénomène des téléphones intelligents, les gens utilisent plus leurs cellulaires pour s’occuper.»

Si certaines occupations étudiantes ne perturbent pas le voyage des autres passagers, quelques-unes peuvent déranger. La STM a lancé en janvier dernier la campagne Bien voyager ensemble afin d’encourager des attitudes civiques chez les passagers. Un des objectifs de la campagne : mettre un frein à certaines personnes qui imposent leur musique aux autres. En 2013, la STM a reçu 118 plaintes à cet effet. «Il est nécessaire de faire de telles campagnes comportementales, car le réseau est de plus en plus achalandé; il devient alors important de nous soucier de la collectivité autour de nous, convient la conseillère corporative à la STM, Isabelle Tremblay. Nous avons toujours de nouveaux clients dans le réseau, et il est important de les sensibiliser aux comportements souhaités.»

Toutefois, le professeur de sociologie au Cégep de Saint-Laurent Vincent Paris souligne que ce genre de comportement n’est pas propre aux étudiants ou aux jeunes. «En entrant dans le métro, notre statut change, soutient-il. On devient un usager du métro. Le comportement des étudiants n’est pas réellement différent de celui des autres groupes.» L’année dernière, M. Paris a effectué une étude sur les comportements des usagers dans les wagons de métro.

Observer pour comprendre

L’étudiante en service social Cilia Molina passe près d’une heure et demie par jour dans les transports en commun. Un de ses passe-temps favoris durant ces voyages est d’observer son entourage. «Dans l’autobus, je regarde plus par la fenêtre, explique-t-elle. Dans le métro, j’aime regarder les personnes. L’expression de leur visage, comment elles se tiennent, comment elles sont habillées. Ça me donne de l’information sur elles.»

Selon Vincent Paris, observer les réactions des individus seuls et en interaction les uns avec les autres est une activité intéressante. «Imaginer la scène comme un écran de cinéma et observer les rôles que chacun emprunte, sans jugement, pour ne pas sauter à des conclusions biaisées, dit-il. Cela nourrit l’imagination et la curiosité humaines.»

Ce que Cilia fait durant ses déplacements dépend aussi beaucoup de son humeur : elle peut lire ou méditer les yeux ouverts. Elle considère le métro comme un espace calme. «Méditer m’aide à faire la transition entre ma journée et mon arrivée à la maison, estime l’étudiante. Je me prépare pour rentrer chez moi dans un autre état.»

Si certaines activités sont récurrentes chez les étudiants, elles ne sont pas prédéterminées par les différents modes de transport en commun, mais changent en fonction de la longueur du trajet et de l’humeur.

 

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