« Je me prépare pour l’initiation de la fin de semaine qui commence avec le jour de l’arrivée des premières années. On se croise les doigts pour avoir du beau temps. »
Message d’un étudiant de troisième année qui s’apprête à tartiner les nouveaux venus de mélasse ? Non. L’auteur de ce tweet, ces micro-messages de 140 caractères, est nul autre que Daniel Woolf, recteur de l’Université Queen’s. Entré en poste comme recteur de l’institution il y a un an, M. Woolf émet des tweet plusieurs fois par jour.
Il répond ainsi aux suggestions et aux messages émis sur les fils Twitter d’étudiants ou de d’autres membres de la communauté universitaire.
«Bonne idée, si je n’ai pas accès à une librairie, je vais faire ça», annonce au monde entier le recteur en répondant à la suggestion d’un collègue lui proposant d’acheter le dernier Millenium dans une boutique en ligne.
Faire preuve d’interactivité est d’ailleurs l’une des conditions pour pouvoir parler de bonne utilisation des médias sociaux, selon Luc Dupont. Celui-ci est professeur de communications à l’Université d’Ottawa, spécialiste des nouveaux médias et utilisateur fréquent de Twitter.
À l’Université de Montréal, 268 km à l’est de Kingston, on est bien loin de cette évolution.
«Non, il n’y a pas de fil Twitter spécialement dédié pour le rectorat. Les recteurs précédents n’en avaient pas non plus», explique Sophie Langlois, directrice des relations médias à l’UdeM. Elle ajoute que Guy Breton n’a jamais eu de compte Facebook. Selon elle, plusieurs initiatives d’utilisation des médias sociaux existent sur le campus, mais pas pour le recteur lui-même. «Il n’y a pas de stratégie intégrée», admet-elle.
Pourtant, selon M. Dupont, ces plate-formes sont appelées à jouer un rôle de plus en plus grand dans les stratégies de communication des universités. «Les médias sociaux occupent un temps de consultation de plus en plus important et pour beaucoup d’étudiants, c’est devenu la façon privilégiée de communiquer, d’interagir», indique-t-il.
Que M. Breton se rassure, il ne serait pas le seul dirigeant d’université qui ne s’exhibe pas sur la Toile. De l’avis de M. Dupont, «les universités sont dans une première phase, elles s’initient aux outils. On est habitué à communiquer, mais pas à interagir avec les étudiants. On est encore en mode d’observation, de test.»
Zahia, une étudiante de chimie rencontrée à la station Université-de- Montréal, prétend qu’elle n’accepterait pas une demande d’amitié de M.Breton sur Facebook. «Non! J’ai pas envie que tout le monde voit mes déboires, surtout pas un cadre important de l’Université.»
Elle n’a pas à s’inquiéter. Guy Breton ne veille pas encore au grain.