L’UdeM pourrait offrir un programme de diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en journalisme. Le projet est piloté par Jane Jenson, vice-doyenne aux études supérieures, Faculté des arts et des sciences (FAS). Il vient d’être soumis à l’approbation de la Commission des études, qui rendra sa décision au printemps. Quartier Libre a rencontré Robert Maltais, responsable du certificat en journalisme à la Faculté de l’éducation permanente (FEP) et du contenu, en devenir, de ce nouveau programme.
Quartier Libre : Comment se dessine le projet du DESS ?
Robert Maltais : Nous aimerions l’offrir dès la session d’automne 2012, sinon à l’hiver 2013. Il s’agira de 30 crédits, comme au Certificat, obtenus sur une plus longue période. Nous souhaitons former non pas des techniciens, mais des penseurs dotés d’un regard autocritique et d’un regard critique sur la société et les événements. Le DESS, c’est la première marche de la maîtrise. Tout l’esprit du 2e cycle doit être porté vers la réflexion et l’analyse. Nous offrirons des cours de haut niveau d’analyse, de pratique journalistique et de journalisme multiplateforme. Il y aura aussi des cours sur les droits et les responsabilités de la presse. En ce qui concerne les matières disciplinaires, le programme sera ouvert à la sociologie, à la science politique et au droit. D’ailleurs, la Faculté de droit participe au projet.
Q. L. : Le nouveau programme du DESS aura-t-il une incidence sur le certificat ?
R. M. : Pratiquement la moitié de la clientèle du Certificat ira forcément au DESS. Nous cherchons à nous entendre avec la FAS pour offrir un module de journalisme aux étudiants du baccalauréat en communication à leur troisième année. Nous récupérerions ces étudiants au certificat. Quant au contenu, on peut s’attendre à une actualisation majeure de notre programme de certificat, que je vais déposer au printemps. La formation se donnerait en deux sessions, et comporterait non plus deux, mais quatre ou cinq cours obligatoires. Les 16 et 17 mars 2012, la FEP sera aussi l’hôte d’un colloque international qui devrait alimenter notre réflexion sur l’enrichissement de notre propre certificat. Des professeurs et des directeurs de département de journalisme venus d’Europe et d’Amérique se livreront à un remue-méninges sur l’enseignement de la profession.
Q. L. : À qui s’adresse ce programme ?
R. M. : C’est sûr que le programme est ouvert à tous les bacheliers de différentes formations qui veulent faire du journalisme, réfléchir sur le métier et entreprendre des études de deuxième cycle. Mais, forcément, il s’adresse plus à ceux qui n’ont aucune formation en journalisme. Ceux-là devront suivre une propédeutique, c’est-à-dire des cours préalables : neuf jours de cours intensifs et un atelier de simulation d’une salle de rédaction. Nous prévoyons de 20 à 40 inscriptions dès la première année.
Q. L. : Pouvez-vous nous en dire plus sur le contenu du programme ?
R. M. : Nous aurons, et dans le certificat, et dans le DESS, un cours consacré à la déontologie. Comme j’ai une formation en philosophie morale et que j’ai fait une maîtrise en éthique, je serai sans doute le premier à donner ce cours. Il s’est établi un large consensus chez les journalistes au Québec pour que tous suivent une formation en déontologie, même ceux qui pratiquent actuellement. Le guide déontologique du Conseil de presse du Québec ne fait pas trois pages, il en fait 50. Est-ce qu’il y a quelqu’un qui l’a lu et qui le maîtrise? Quels sont les droits de la presse ? Quelles sont les responsabilités inhérentes au métier ? Il y en a un grand nombre, et c’est en regard du droit du public à être informé.
Q. L. : Il y a une dizaine d’années, un projet semblable avait avorté du fait que la FEP n’était pas habilitée à offrir des cours de 2e cycle. Qu’est-ce qui a changé?
R. M. : La bonne nouvelle, c’est que d’ici un an et demi ou deux, notre Faculté aura l’autorisation officielle d’offrir elle-même l’enseignement de deuxième cycle. La seule faculté qui ne le pouvait pas, d’après les statuts et règlements de la Charte de l’Université de Montréal, était la FEP. Pour modifier la Charte, il faut que l’Assemblée nationale adopte un projet de loi privé, un long processus. Mais la haute direction de l’Université – le rectorat et l’ensemble des doyens des facultés – cautionne ce changement. Parce que la société québécoise est rendue plus loin. Quand la Faculté a été créée il y a 50 ans, les niveaux d’instruction au Québec n’étaient pas très élevés. Depuis, les attentes de la clientèle ont beaucoup augmenté. Les adultes veulent des programmes de DESS et de maîtrise. Pour nous, ce DESS-là, c’est une première étape vers la maîtrise.
Q. L. : Pourquoi est-ce si important d’offrir un DESS en journalisme ?
R. M. : Qu’est-ce qui nous empêche d’aller vers le deuxième cycle ? Un journaliste est un étudiant permanent dans la vie. Il doit être ouvert au premier, au deuxième et au troisième cycle. Si l’on veut comprendre la complexité de notre époque, on doit être le plus instruit possible. Si je n’avais pas fait mes études de deuxième cycle, je pense que j’aurais été un journaliste beaucoup plus contestable.
Maîtrise ou DESS ?
La maîtrise peut prendre différentes formes: avec essai, avec mémoire ou avec intervention professionnelle. Ce type de programme comprend une partie théorique et une autre consacrée à la recherche. L’étudiant développe ses capacités d’analyse et de recherche sur des sujets particuliers à son domaine d’études. La maîtrise se fait généralement en deux ans quand on poursuit des études à temps plein.
Le diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) offre une formation dans une concentration d’un domaine professionnel précis. Il permet de se concentrer sur l’aspect pratique du champ d’études. Le programme se fait généralement en un an et ne demande pas de rédaction de mémoire. Il prépare concrètement à des champs d’intervention dans la vie professionnelle.
Source: Jobboom