Volume 24

Pour la première fois depuis 2010, les jeunes Québécois entre 18 et 24 ans sont en tête du baromètre 2016 de la consommation responsable. Les contraintes financières liées aux études ainsi qu’une plus grande sensibilisation pourraient expliquer ces résultats. Crédit photo : Mathieu Gauvin.

Jeunes et écoresponsables

« Depuis quelques années, il y a une progression dans l’indice de consommation responsable des plus jeunes générations », expose le cofondateur et directeur de l’Observatoire de la consommation responsable de l’ESG-UQAM à l’origine de l’étude, Fabien Durif. Les résultats montrent que les jeunes rattrapent les générations plus âgées, dont l’indice demeure élevé, mais stable. Les 18-24 ans occupent la première place avec un indice de 67,6 points, devant les 65 ans et plus avec 66,7 points.

Selon le baromètre, les plus âgés font davantage de recyclage et d’achats locaux, tandis que les jeunes de 18 à 24 ans sont plus nombreux à pratiquer la « déconsommation », c’est-à-dire à réduire leurs achats. Ils utilisent le transport durable, comme le vélo et les transports en commun, ainsi que l’économie collaborative avec des plateformes telles qu’Airbnb ou Uber. Pour M. Durif, les 18 à 24 ans peuvent adopter ces comportements, car ils y sont contraints par des facteurs liés à leur étape de vie — ils sont généralement étudiants — et à leur situation financière.

Étudiants sensibilisés

Aujourd’hui, les jeunes sont plus sensibilisés que les autres générations aux problèmes environnementaux, selon l’étudiante au baccalauréat en biologie et présidente de l’Association étudiante de biologie de l’UdeM (AÉBUM), Alizée Girard. « À l’UdeM, ce sont les associations étudiantes qui sont à l’avant-garde dans le domaine de l’environnement, observe-t-elle. Des cafés étudiants, comme celui de l’AÉBUM, font du compost et proposent des produits végétariens et végétaliens. » La récupération du compost dans la plupart des cafés étudiants de l’UdeM est effective depuis 2009.

À ce sujet, l’UdeM est satisfaite des résultats liés à l’implantation du compost dans les résidences en janvier 2016 et à la cafétéria Chez Valère depuis 2014, d’après la porte-parole de l’Université, Geneviève O’Meara. « Une réflexion est en cours, à savoir comment ces initiatives pourraient être étendues sur le campus », précise-t-elle.

De la même façon, la FAÉCUM a instauré le compost et des stations de triage pour les déchets sur la Place de la Laurentienne, lors du pub de la rentrée 2016, ainsi que des activités de son 40e anniversaire. « La FAÉCUM offre déjà le service de prêt de vaisselle réutilisable pour les associations membres qui veulent les utiliser dans le cadre de leurs évènements », indique le coordonnateur aux finances et services de la FAÉCUM, Simon Forest. Par ailleurs, plusieurs projets sont en marche selon lui, notamment l’accréditation « Campus équitable »*.

De son côté, la directrice des programmes en environnement et développement durable à l’UdeM, Sara Teitelbaum, estime que plus d’alternatives durables sont disponibles depuis ces dernières années. « Il y a plusieurs options économiques, comme les jardins communautaires, les transports collectifs, la préparation de repas collectifs », mentionne-t-elle. Mme Teitelbaum ajoute que les étudiants adhèrent davantage à des groupes d’achats d’aliments biologiques qui achètent en vrac et distribuent la nourriture entre leurs membres. D’autres font du dumpsterdiving, c’est-à-dire qu’ils récupèrent les aliments encore comestibles dans les bacs à déchets des supermarchés et des restaurants.

Tendances à l’étude

La consommation responsable observée chez les jeunes cette année sera-t-elle durable ? Pour M. Durif, des questions se posent encore. « S’agit-il de comportements subis ou un résultat qui reflète le succès d’un travail de sensibilisation qui commence à porter ses fruits ? s’interroge-t-il. Il faudra attendre d’avoir des données à plus long terme pour tirer des conclusions. »

Depuis 2010, l’Observatoire de la consommation responsable de l’UQAM fait annuellement des sondages auprès de plus de 1 000 Québécois, qui prennent en compte la consommation locale, le non-achat, le transport durable, le recyclage et compostage, ainsi que la consommation collaborative. Les données prises au cours des sept dernières années révèlent que le phénomène de la « déconsommation » ainsi que la proportion des consommateurs les plus responsables dans la population ont augmenté au cours des dernières années.

*Voir article « Vers un campus équitable » Quartier Libre, vol. 22, n°11

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