Pour rapatrier les décrocheurs dans l’enceinte universitaire, l’AGEEFEP (Association générale des étudiants et étudiantes de la Faculté de l’éducation permanente) a embauché, en mars 2010, un conseiller en persévérance. Entrevue avec Pierre Cantin, qui explique son métier.
Quartier Libre : Vous avez travaillé avec les jeunes du secondaire pour combattre le décrochage scolaire. Vous travaillez maintenant avec des adultes. Est-il vraiment nécessaire de faire de la sensibilisation auprès de cette clientèle ?
Pierre Cantin : Il doit y avoir de l’aide à la disposition des étudiants de la Faculté de l’éducation permanente (FEP). Ils forment une clientèle différente des étudiants au baccalauréat. Certains étudiants de la FEP travaillent à temps plein le jour, d’autres ont des enfants. En plus, ils étudient le soir. Je pense que c’est une clientèle qui a besoin de mes services.
Q.L. : Combien d’étudiants avez-vous ramenés aux études et comment y parvenez-vous ?
P.C. : J’ai contacté au moins trois cents étudiants depuis mars 2010. J’estime qu’une trentaine d’étudiants se sont réinscrits après m’avoir consulté. Les responsables de programme me donnent une liste d’étudiants en situation de décrochage. Je les appelle pour les informer de l’état de leur dossier académique. Par exemple, j’apprends à l’étudiant qu’il est en période probatoire et que son dossier va bientôt être désactivé. Beaucoup d’étudiants ne sont pas au courant des options proposées par la FEP. Il est possible de suspendre ses études sans que le dossier académique soit désactivé. Les étudiants doivent connaître leurs droits et ce n’est pas toujours le cas. Si les règles ne sont pas toutes indiquées dans l’agenda, elles devraient être minimalement disponibles sur le site Internet de la FEP.
Q.L. : Comment facilitez-vous la réinsertion des étudiants décrocheurs ?
P.C. : Je fonctionne au cas par cas. J’ai aidé un homme dont la charge de travail et les responsabilités ont augmenté à cause d’une promotion. Il avait plus de réunions et plus de travail le soir. Ainsi, il a dû abandonner un cours. On a fait des arrangements pour lui donner le temps d’assimiler la matière et lui permettre de participer à un examen différé. Il y a aussi des cas plus complexes. J’ai travaillé avec une femme victime de violence conjugale. Elle a subi des agressions et n’assistait plus aux cours. J’ai travaillé avec un organisme aidant les femmes battues parce que c’est un domaine dans lequel je ne suis pas spécialiste.