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Garder l’espoir

Le pointage indique 18 à 13 pour les Carabins. Il reste seulement 8 minutes et 43 secondes au quatrième quart. Le Rouge et Or de l’Université Laval a la possession du ballon à la ligne de 13. Le quart arrière des Rouge, Hugo Richard, tente une passe dans la zone des buts. En couverture homme à homme sur son receveur, Zacary saute pour essayer de l’intercepter. À l’atterrissage, son genou se plie à l’envers. Sa carrière universitaire s’est alors terminée.

« La première chose qui m’a traversé la tête a été de demander à un coéquipier de me relever pour retourner sur le banc, avoue-t-il. Il m’a plutôt dit de rester à terre. » Après de longues minutes, l’athlète a été évacué du terrain en ambulance. C’est seulement une fois arrivé à l’hôpital qu’il a pu voir une vidéo du jeu et réaliser l’ampleur de sa blessure. « Tout a été sectionné à l’intérieur du genou : ACL [ligament croisé antérieur], LCL [ligament collatéral latéral], les nerfs… il n’y a que mes os qui sont restés intacts, résume-t-il. Le diagnostic de la blessure dans mon dossier médical fait une page! »

Zacary a dû attendre une semaine que son genou désenfle avant de pouvoir se faire opérer. (Photo: Félix Lacerte-Gauthier)
Zacary a dû attendre une semaine que son genou désenfle avant de pouvoir se faire opérer.
(Photo: Félix Lacerte-Gauthier)

 

Un long rétablissement

Deux mois après s’être fait opérer, il a pu commencer à se remettre en forme. « À partir de là, le temps a commencé à passer plus vite, confie Zacary. Avant cela, j’étais restreint à la maison, où je ne pouvais pas vraiment bouger. C’étaient les moments les plus difficiles. » Il a cependant réussi à garder le moral et a pu passer au travers grâce aux encouragements de ses proches.

Zacary a passé les sept derniers mois à travailler sur sa jambe afin d’en renforcer les muscles, pour éviter de se blesser à nouveau. Il mélange chaque jour séances d’entraînement sur le terrain et de musculation. « Je travaille beaucoup les mouvements du corps, la stabilité et les changements de direction, explique-t-il. Il n’y a pas de douleur, mais je continue à m’exercer de façon sécuritaire. » Il peut aussi compter sur une équipe de professionnels, dont son physiothérapeute, qui l’oriente et le conseille à travers sa réadaptation.

 

 

Avec la reprise de l’entraînement, il recommence à s’alimenter comme auparavant et veut reprendre la masse musculaire qu’il a perdue au cours de sa convalescence. Il en est d’ailleurs à mi-chemin dans l’atteinte de ce dernier objectif.

Une conséquence sur les études

L’athlète, qui étudiait auparavant au certificat en victimologie à l’UdeM, a également dû mettre ses cours en veilleuse à la suite de sa blessure. « Je ne pouvais pas me déplacer pour me rendre à mes cours ou à mes examens en raison de mon genou », relate-t-il. Sa santé s’est toutefois suffisamment améliorée à l’hiver pour lui donner la possibilité de retourner en classe, le mettant devant un dilemme. « Après de longues réflexions, j’ai décidé de ne pas y retourner pour mettre mon énergie sur ma jambe, avoue-t-il. Je me suis dit que l’école sera encore là après, et que j’allais mettre toutes les chances de mon côté pour la LCF [Ligue canadienne de football]. Mais, ça a été une décision très difficile. » Il compte néanmoins terminer ses études par la suite, même s’il évolue au football dans les rangs professionnels.

Avec le repos forcé, Zacary a aussi perdu une quinzaine de livres de sa masse musculaire, ne pouvant plus s’entraîner. L’opération a également eu une incidence sur son appétit, ce qui a été un choc pour lui. « Avant, je mangeais comme un athlète, je prenais cinq repas par jour, se rappelle-t-il. Après l’opération, c’est comme si mon estomac avait rapetissé! Même si je voulais manger plus, je n’en étais parfois pas capable. »

Viser les ligues pros

Considéré comme l’un des plus beaux espoirs pour le repêchage de la Ligue canadienne de football (LCF) avant le début de la saison, son nom a peu à peu glissé des discussions à la suite de sa blessure. « C’est un peu décevant, mais je comprends leur position, admet Zacary. C’est difficile pour eux de mettre un joueur blessé sur leur radar. » Pour lui, il ne fait cependant aucun doute qu’il a la capacité de jouer parmi les rangs professionnels.

Zacary doit garder une attelle lors de ses entraînements pour stabiliser son pied. Celle-ci est nécessaire alors que les nerfs de sa jambe se rétablissent.  « Elle garde mon pied en dorsiflexion. Sans elle, il n’est pas capable de rester droit et tomberait, explique-t-il. Elle agit comme un ressort en me permettant de pousser mon pied vers le bas pour ensuite le ramener en position normale. » (Photo: Félix Lacerte-Gauthier
Zacary doit garder une attelle lors de ses entraînements pour stabiliser son pied. Celle-ci est nécessaire alors que les nerfs de sa jambe se rétablissent.
« Elle garde mon pied en dorsiflexion. Sans elle, il n’est pas capable de rester droit et tomberait, explique-t-il. Elle agit comme un ressort en me permettant de pousser mon pied vers le bas pour ensuite le ramener en position normale. »
(Photo: Félix Lacerte-Gauthier

 

Pendant sa convalescence, il pensait encore à ce qu’il devait faire afin de se préparer au repêchage. « C’est une passion pour moi et c’est ce que j’ai toujours voulu faire dans la vie, s’exclame-t-il. Pouvoir accomplir son rêve et d’en vivre est quelque chose de grand pour moi. » Il révèle d’ailleurs avoir eu des contacts avec quelques équipes professionnelles. Peu importe ce qui arrivera le 3 mai lors du repêchage, Zacary n’entend pas baisser les bras. « Je serai de retour, prévient-il. Faites attention, parce que ce sera vraiment beau! »

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