Garder l’espoir

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Par Félix Lacerte-Gauthier
mardi 1 mai 2018
Garder l’espoir
Zacary a commencé à jouer pour les Carabins lors de la saison 2015. Il a passé trois ans avec l'équipe. (Photo: Félix Lacerte-Gauthier)
Zacary a commencé à jouer pour les Carabins lors de la saison 2015. Il a passé trois ans avec l'équipe. (Photo: Félix Lacerte-Gauthier)
Lors de la deuxième partie de la saison des Carabins au football, le demi de coin de l'équipe Zacary Alexis s’est grièvement blessé au genou. Il n’a cependant pas abandonné son rêve de jouer dans les rangs professionnels et veut prouver qu’il peut ressortir de cet accident plus fort.

Le pointage indique 18 à 13 pour les Carabins. Il reste seulement 8 minutes et 43 secondes au quatrième quart. Le Rouge et Or de l’Université Laval a la possession du ballon à la ligne de 13. Le quart arrière des Rouge, Hugo Richard, tente une passe dans la zone des buts. En couverture homme à homme sur son receveur, Zacary saute pour essayer de l’intercepter. À l’atterrissage, son genou se plie à l’envers. Sa carrière universitaire s’est alors terminée.

« La première chose qui m’a traversé la tête a été de demander à un coéquipier de me relever pour retourner sur le banc, avoue-t-il. Il m’a plutôt dit de rester à terre. » Après de longues minutes, l’athlète a été évacué du terrain en ambulance. C’est seulement une fois arrivé à l’hôpital qu’il a pu voir une vidéo du jeu et réaliser l’ampleur de sa blessure. « Tout a été sectionné à l’intérieur du genou : ACL [ligament croisé antérieur], LCL [ligament collatéral latéral], les nerfs… il n’y a que mes os qui sont restés intacts, résume-t-il. Le diagnostic de la blessure dans mon dossier médical fait une page! »

Zacary a dû attendre une semaine que son genou désenfle avant de pouvoir se faire opérer. (Photo: Félix Lacerte-Gauthier)

Zacary a dû attendre une semaine que son genou désenfle avant de pouvoir se faire opérer.
(Photo: Félix Lacerte-Gauthier)

 

Un long rétablissement

Deux mois après s’être fait opérer, il a pu commencer à se remettre en forme. « À partir de là, le temps a commencé à passer plus vite, confie Zacary. Avant cela, j’étais restreint à la maison, où je ne pouvais pas vraiment bouger. C’étaient les moments les plus difficiles. » Il a cependant réussi à garder le moral et a pu passer au travers grâce aux encouragements de ses proches.

Zacary a passé les sept derniers mois à travailler sur sa jambe afin d’en renforcer les muscles, pour éviter de se blesser à nouveau. Il mélange chaque jour séances d’entraînement sur le terrain et de musculation. « Je travaille beaucoup les mouvements du corps, la stabilité et les changements de direction, explique-t-il. Il n’y a pas de douleur, mais je continue à m’exercer de façon sécuritaire. » Il peut aussi compter sur une équipe de professionnels, dont son physiothérapeute, qui l’oriente et le conseille à travers sa réadaptation.

 

 

Avec la reprise de l’entraînement, il recommence à s’alimenter comme auparavant et veut reprendre la masse musculaire qu’il a perdue au cours de sa convalescence. Il en est d’ailleurs à mi-chemin dans l’atteinte de ce dernier objectif.

Une conséquence sur les études

L’athlète, qui étudiait auparavant au certificat en victimologie à l’UdeM, a également dû mettre ses cours en veilleuse à la suite de sa blessure. « Je ne pouvais pas me déplacer pour me rendre à mes cours ou à mes examens en raison de mon genou », relate-t-il. Sa santé s’est toutefois suffisamment améliorée à l’hiver pour lui donner la possibilité de retourner en classe, le mettant devant un dilemme. « Après de longues réflexions, j’ai décidé de ne pas y retourner pour mettre mon énergie sur ma jambe, avoue-t-il. Je me suis dit que l’école sera encore là après, et que j’allais mettre toutes les chances de mon côté pour la LCF [Ligue canadienne de football]. Mais, ça a été une décision très difficile. » Il compte néanmoins terminer ses études par la suite, même s’il évolue au football dans les rangs professionnels.

Avec le repos forcé, Zacary a aussi perdu une quinzaine de livres de sa masse musculaire, ne pouvant plus s’entraîner. L’opération a également eu une incidence sur son appétit, ce qui a été un choc pour lui. « Avant, je mangeais comme un athlète, je prenais cinq repas par jour, se rappelle-t-il. Après l’opération, c’est comme si mon estomac avait rapetissé! Même si je voulais manger plus, je n’en étais parfois pas capable. »

Viser les ligues pros

Considéré comme l’un des plus beaux espoirs pour le repêchage de la Ligue canadienne de football (LCF) avant le début de la saison, son nom a peu à peu glissé des discussions à la suite de sa blessure. « C’est un peu décevant, mais je comprends leur position, admet Zacary. C’est difficile pour eux de mettre un joueur blessé sur leur radar. » Pour lui, il ne fait cependant aucun doute qu’il a la capacité de jouer parmi les rangs professionnels.

Zacary doit garder une attelle lors de ses entraînements pour stabiliser son pied. Celle-ci est nécessaire alors que les nerfs de sa jambe se rétablissent.  « Elle garde mon pied en dorsiflexion. Sans elle, il n’est pas capable de rester droit et tomberait, explique-t-il. Elle agit comme un ressort en me permettant de pousser mon pied vers le bas pour ensuite le ramener en position normale. » (Photo: Félix Lacerte-Gauthier

Zacary doit garder une attelle lors de ses entraînements pour stabiliser son pied. Celle-ci est nécessaire alors que les nerfs de sa jambe se rétablissent.
« Elle garde mon pied en dorsiflexion. Sans elle, il n’est pas capable de rester droit et tomberait, explique-t-il. Elle agit comme un ressort en me permettant de pousser mon pied vers le bas pour ensuite le ramener en position normale. »
(Photo: Félix Lacerte-Gauthier

 

Pendant sa convalescence, il pensait encore à ce qu’il devait faire afin de se préparer au repêchage. « C’est une passion pour moi et c’est ce que j’ai toujours voulu faire dans la vie, s’exclame-t-il. Pouvoir accomplir son rêve et d’en vivre est quelque chose de grand pour moi. » Il révèle d’ailleurs avoir eu des contacts avec quelques équipes professionnelles. Peu importe ce qui arrivera le 3 mai lors du repêchage, Zacary n’entend pas baisser les bras. « Je serai de retour, prévient-il. Faites attention, parce que ce sera vraiment beau! »