Blessures intérieures

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Par Nayla Rida
vendredi 16 mars 2018
Blessures intérieures
La défenseure de l’équipe de hockey Logane Rhéaume a pris part aux trois parties de son équipe en finale provinciale. (Photo: Benjamin Parinaud)
La défenseure de l’équipe de hockey Logane Rhéaume a pris part aux trois parties de son équipe en finale provinciale. (Photo: Benjamin Parinaud)
Pour les athlètes de haut niveau, les blessures physiques peuvent également avoir une incidence psychologique. Deux membres des Carabins se confient sur leur période de rétablissement.

Le centre arrière de l’équipe de football des Carabins Stéphane Thouin s’est blessé en novembre 2015. Durant un entraînement, il a essayé d’éviter un coéquipier au dernier moment, mais son genou s’est tourné. On lui a diagnostiqué une déchirure du ligament croisé antérieur ayant atteint le ménisque et un peu le cartilage. La joueuse de l’équipe de hockey des Carabins Logane Rhéaume s’est quant à elle blessée l’an dernier, lors d’un match à McGill. Elle a été poussée à l’avant du but et sa cheville droite est restée coincée dans la glace, supportant tout le poids de son corps. « J’ai entendu la fracture en tombant sur la glace », témoigne-t-elle.

Depuis, Logane s’est totalement remise de sa blessure et a pu prendre part à 19 des 20 parties des Carabins lors de la saison 2017-2018 ainsi qu’aux six matchs de son équipe en série éliminatoire. De son côté, bien qu’il ait pu revenir au jeu lors de la dernière saison de son équipe, Stéphane continue de faire de la rééducation, principalement par précaution.

Devoir changer son quotidien

Le psychologue au Centre de santé et de consultation psychologique (CSCP) de l’UdeM Jérôme Lapalme déclare que, pour les athlètes de haut niveau, la place que tient le sport dans leur vie peut être énorme. « Souvent, ils pratiquent un sport depuis le primaire et ont construit une partie de leur personnalité et de leur système de valeur en lien avec ce milieu », ajoute-t-il.

Stéphane affirme que le football, qu’il pratique depuis ses dix ans, est une passion qui occupe une place importante dans sa vie, alors qu’il y consacre plus d’une vingtaine d’heures chaque semaine. « C’est quasiment un travail à temps partiel, déclare-t-il en riant. Ça fait partie de mon identité, une des principales choses pour lesquelles je suis reconnu. »

Pour Logane, le principal enjeu était d’être réaliste face à la lenteur que prenait la rééducation et de rester positive malgré cela. « J’avais mon premier rendez-vous chez le médecin, je croyais pouvoir marcher, illustre-t-elle. Finalement, c’était impossible. J’ai également cru pouvoir recommencer à m’entraîner, et finalement ma cheville n’était pas assez forte. »

Stéphane partage ce ressenti. « À la suite d’une telle blessure, on réapprend à marcher, explique-t-il. Après l’opération, on a comme un nouveau membre. On se demande si on va pouvoir courir à nouveau. On voit où on en est rendu et on se rend compte qu’on est loin de là où on voulait être. » Il conclut que l’important pour préserver le moral est d’y aller un jour à la fois, étape par étape, au lieu de se focaliser sur la montagne de travail qu’il reste à faire.

Le centre arrière au football Stéphane Thouin doit continuer la rééducation, afin d’éviter de se blesser à nouveau. (Photo: Courtoisie Stéphane Thouin)

Le centre arrière au football Stéphane Thouin doit continuer la rééducation, afin d’éviter de se blesser à nouveau.
(Photo: Courtoisie Stéphane Thouin)

Un retour difficile

De retour aux entraînements, Logane avait régressé et il lui a fallu du temps pour se remettre à niveau, ce qui a présenté une difficulté supplémentaire, notamment pour son estime personnelle. « Aujourd’hui, je réalise que je n’étais pas en forme quand j’ai repris, admet-elle. Mais à l’époque, mes coéquipières le voyaient, pas moi. » Logane témoigne également d’un moral diminué durant cette période, elle qui n’était pas habituée à rester inactive. Elle s’est également sentie éloignée de son équipe. Comme son entraîneur lui avait demandé de ne pas venir aux entraînements pour qu’elle se repose, elle ne se rendait au CEPSUM que pour les matchs.

« Le vide laissé par l’absence de renforcement lié au sport, une perception de perte du rôle au sein de l’équipe et le contrecoup des effets positifs associés à l’activité physique soutenue entraînent une lourdeur dans le quotidien de l’athlète », explique à ce sujet M. Lapalme. Selon lui, lorsqu’une blessure physique entraîne des conséquences psychologiques chez un sportif, il s’agit le plus souvent de symptômes dépressifs. Il ajoute que des pensées anxieuses peuvent se manifester quand la pression de performance est trop grande.

De son côté, Stéphane considère que l’expérience a renforcé son estime personnelle. Pour lui, surmonter l’obstacle a été gratifiant et lui a confirmé qu’il possédait bien certaines qualités, telles que la détermination et la persévérance. Il déclare également avoir été très bien entouré, tant par sa famille et ses proches que par l’équipe. Même incapable de jouer à la suite de son opération, il a pu suivre un entraînement léger tout en se présentant à chaque réunion et à chaque match.

Logane et Stéphane déclarent tous les deux que leurs blessures ont eu l’avantage de leur laisser plus de temps pour étudier. En revanche, les résultats scolaires de Stéphane ont baissé suivant sa blessure, en raison d’une absence de deux semaines durant lesquelles il a subi une opération et prenait des antidouleurs.