Culture

Lisa LeBlanc est en lice pour plusieurs prix au Gala alternatif de la musique indépendante du Québec (GaMiQ) même si elle a vendu plus de 40 000 albums. (Crédit photo : Courtoisie Lisa LeBlanc)

GAMIQ 2012 : Émergence d’une nouvelle classe moyenne

Lisa LeBlanc est élue révélation de l’année au Gala de l’ADISQ. Marie-Pierre Arthur donne le spectacle d’ouverture du Festival Coup de coeur francophone. Bernard Adamus vend plus de 30 000 copies de son premier album. Peut-on qualifier de commerciaux ces artistes inconnus du grand public il y a cinq ans ? Analyse de la situation, à l’aube du Gala alternatif de la musique indépendante du Québec (GAMIQ) du 11 novembre prochain.

« Les émergents ont émergé », écrivait le critique musical au Devoir Sylvain Cormier, le 3 octobre dernier, par rapport à la place de plus en plus importante que prennent les artistes alternatifs au Québec. Son collègue Philippe Papineau est d’accord. «Il y a une vaste masse musicale qui prend sa place ces temps-ci, explique-t-il. Ce n’est plus la relève, c’est Marie-Pierre Arthur, c’est Bernard Adamus, c’est Yann Perreau…»

L’organisateur du GAMIQ, Sébastien Charest, y voit le fruit du travail acharné d’un lobbyisme alternatif. «Ça fait plusieurs années qu’on met de la pression pour que les grands médias se tournent vers nous, indique-t-il. On est en train de prouver au Québec que cette scène existe.»

La scène alternative s’est créé un circuit de diffusion hors des sentiers battus du commercial. «Depuis 10 ans, il y a toute une industrie qui s’est construite, note M. Papineau. On a qu’à penser aux maisons de disques, comme Grosse Boîte, Simone Records ou Bonsound, qui ont maintenant leur place au Québec. Les émergents se sont créé un monde pour être autonomes, en se louant des studios collectivement pour économiser, par exemple. Mais tout ça a ses limites.»

Entre deux chaises

M. Papineau constate que, si quelques élus ont réussi à percer le marché des radios commerciales – comme Les Trois Accords ou Vincent Vallières –, la plupart des émergents font partie d’une classe moyenne de la musique québécoise. «C’est le genre d’artistes qui peuvent s’acheter un char, mais pas deux, blague-t-il. Dans un sens, ils ne sont plus émergents, mais dans l’autre sens, ils ne font pas plus partie des Marie-Mai et cie.»

Pour décrire cette classe moyenne, M. Charest préfère le terme «indie mature». «Ce sont des artistes qui réussissent à s’épanouir dans la scène alternative et qui ne veulent pas nécessairement switcher au commercial», dit-il. 

Un évènement comme le GAMIQ constitue une vitrine exceptionnelle pour la scène alternative, croit le critique musical et collaborateur à La Presse Philippe Renaud. «Quand un quotidien comme Le Journal de Montréal débarque au GAMIQ pour écrire un article, ça légitime toute l’opération, indique-t-il. Le lendemain, monsieur et madame Tout-le-Monde vont lire sur le prochain artiste à surveiller.»

Pour éviter une surexposition médiatique, le GAMIQ a décidé, depuis quelques années, d’exclure les artistes «indie mature» de son scrutin. Ainsi, pas de traces de Marie-Pierre Arthur, Karkwa ou Bernard Adamus dans les nominations cette année. « Ces artistes sont déjà récompensés au Gala de l’ADISQ, explique M. Charest. On veut récompenser ceux qui n’ont pas encore émergé.»

Pourtant, Lisa LeBlanc – qui a remporté deux Félix au Gala de l’ADISQ du 29 octobre dernier – sera au GAMIQ. «Notre scrutin se terminait le 31 mai dernier et, à ce moment là, elle n’avait pas encore vendu 40000 albums», se défend M. Charest. La musicienne acadienne est, entre autres, en nomination pour la révélation de l’année le 11 novembre prochain.

À l’affût des nouvelles tendances, le GAMIQ inclut également la nomination du nouvel artiste au plus grand potentiel (voir article ici). «C’est un peu comme les révélations des révélations de l’année, dit M. Charest. Ce sont des artistes qui n’ont pas encore lancé d’album complet et qui sont à surveiller pour l’année suivante.» Une initiative que salue M. Renaud. «C’est une manière de donner une tape dans le dos aux jeunes artistes qui ne se sont pas encore révélés, explique-t-il. La scène alternative, c’est une roue qui tourne. Dans trois ans, ce sont ces artistes qui vont émerger.» 

GAMIQ 2012 

11 novembre, 20h

Théâtre Plaza, 6505, rue Saint-Hubert

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