Dans le cadre d’un atelier optionnel de troisième année du baccalauréat en architecture, les étudiants du professeur et architecte Pierre Boyer-Mercier ont dû proposer des projets pour un terrain de 70 000 pieds carrés en plein cœur de Sutton, vide depuis la démolition récente de l’usine de textiles Filtex, abandonnée depuis 2004. Ils ont dû arrimer leur proposition à l’environnement villageois et ont eu carte blanche pour le reste du projet.
Le professeur raconte que ce sont des citoyens de la ville qui ont contacté l’école d’architecture de l’UdeM pour proposer ce projet. Les projets proposés par les étudiants en architecture pourront par la suite servir de bases de réflexion à la communauté pour la revitalisation de leur centre-ville.
Vivre le terrain
Pour les finissantes au baccalauréat en architecture Corinne Chouinard, Gabrielle Loignon-Lapointe et Meryem Sekhri, ce projet est le plus concret qu’elles ont eu à mener à ce jour dans le cadre de leurs études. « Agir en étant aussi proche que ça des gens, c’est rare », affirme Corinne.
Quatre équipes de trois étudiants se sont déplacées à plusieurs reprises sur le terrain pendant l’automne pour mieux comprendre la réalité des habitants de la petite ville. « On a commencé par avoir des visites avec certains membres du conseil municipal de Sutton, explique Gabrielle. Puis on est retournés à différents moments de la journée et à différents moments de la semaine, pour voir ce qu’est l’achalandage, ce qu’est le quotidien, où sont les gens et où ils ne sont pas. »
Pour l’équipe de Corinne, il était important de parler aux citoyens, de se promener, de voir les paysages et de s’imprégner de la vie et de l’ambiance de la ville. « Les gens de Sutton sont vraiment très impliqués, sympathiques, et ils veulent participer, souligne l’étudiante. Ils veulent te parler et ils ont plein d’idées. »
Des projets variés
Une fois leur idée faite sur les besoins et les envies de la population, les étudiants ont élaboré leurs projets. Celui de Meryem a été de créer un ensemble en relation avec son environnement, en continuité avec ce qui existe déjà.
Malgré l’absence de contraintes, son équipe a proposé un projet qu’elle juge « réalisable ». Ils ont proposé un plan comprenant un centre culturel, des résidences artistiques, une serre et un embellissement paysager. « Nous avons voulu rendre hommage à l’usine Filtex, parce que beaucoup d’habitants de Sutton ont travaillé dans cette usine, dans des conditions souvent difficiles », précise Meryem.
Architecture soutenue par la communauté
Une douzaine de Suttonais, dont le maire et le directeur de l’urbanisme, se sont déplacés à Montréal pour assister à la présentation des projets étudiants. Selon Meryem, les étudiants ont été très surpris de constater à quel point les citoyens prenaient leurs idées à cœur.
Ce que les trois finissantes retiennent le plus de l’exercice, c’est le contact concret avec les citoyens qui seront affectés par leurs projets. « Ce qu’on a un peu moins à l’école, c’est le contact avec les gens, avec les clients, détaille Corinne. C’est-à-dire un travail avec les gens, qui, avec leurs idées, vont venir enrichir le projet. ».
Même son de cloche chez Meryem. « Ce n’était pas que pour un petit client privé, ajoute-t-elle. C’était pour toute une communauté. C’était super motivant de travailler là-dessus. » Quant à Gabrielle, le projet lui a permis de confirmer son intérêt pour ce genre d’intervention architecturale. « C’est lié au côté identitaire, à ce qui fait qu’on s’identifie à un lieu et qu’on se l’approprie, développe-t-elle. Ça m’a permis de pousser cette réflexion-là. »
Le début d’une longue revitalisation
Le lien entre les projets étudiants et les citoyens de Sutton s’est poursuivi grâce à une exposition des maquettes des étudiants au centre d’exposition Arts Sutton les 7, 8 et 9 février derniers, où se sont rendus 280 Suttonais. Ni les étudiants ni leur professeur n’ont pu s’y déplacer en raison de la tempête hivernale qui sévissait au même moment.
« C’est un projet à long terme, précise M. Boyer-Mercier. Refaire un centre-ville comme ça, ça peut prendre de 10 à 15 ans. ». Pour lui, il s’agit du premier jalon d’un plus long processus pour la ville de Sutton.