Depuis cet automne, l’équipe de football des Carabins a un nouvel allié. Non pas un nouveau joueur, mais une équipe de percussionnistes qui tapent bruyamment sur leurs caisses en bordure de terrain pour encourager l’équipe et aussi déconcentrer l’adversaire. Rencontre et discussion avec François Goyer, créateur de la première drumline universitaire au Canada qui, après seulement six mois d’existence, prépare déjà la relève.
François Goyer, étudiant en droit et titulaire d’un baccalauréat en musique de l’UdeM, est à l’origine du projet. « Tous les étés, je partais en compétition de drumline aux États-Unis», explique-t-il. Il s’ennuyait tellement des percussions qu’en avril dernier, il est allé voir Benoit Mongeon, coordonnateur des communications et du marketing des Carabins, et l’équipe de football des Carabins pour leur parler du projet.
« Nous avons bien vu le sérieux de la démarche de François, souligne Benoit Mongeon. Il avait de l’expérience et une motivation qui nous a mis en confiance rapidement.» Après avoir été convaincu par François Goyer, Martin Hotte est devenu l’instructeur. «Ensemble, nous avons sollicité Yamaha comme commanditaire principal », ajoute M. Mongeon. Près de 90 personnes ont manifesté leur intérêt à rejoindre l’équipe de la drumline. « Un succès au-delà de nos attentes», selon le responsable des communications des Carabins. Les auditions ont conduit à la formation d’un groupe d’une vingtaine de personnes, dont le premier entraînement s’est tenu fin juillet.
Contrairement à la croyance générale, une équipe de percussions joue des rythmes entraînants, mais aussi des chansons populaires. À leur dernier entraînement, les membres apprenaient à jouer « Sexy and I know it »du groupe LMFAO.
Assurer la relève
« Une drumline et des cheerleaders, ça ajoute beaucoup d’ambiance aux matchs, les gens s’amusent et apprécient ce moment passé dans un stade », indique Benoit Mongeon. Une drumline qui fait des jaloux: « quand l’équipe du Rouge et Or de Laval est venue jouer à Montréal et que les joueurs ont vu la drumline, ils étaient étonnés et un peu fâchés de ne pas y avoir pensé en premier », ajoute François Goyer. À long terme, l’équipe pense à assurer la relève. Le recrute- ment est essentiel à la survie de n’importe quelle organisation, autant pour agrandir et améliorer le groupe que pour remplacer les membres sortants.
«Nous avons eu très peu de temps pour recruter avant le début de la saison universitaire de football. Plusieurs membres de la première équipe avaient déjà une expérience en jeu de percussions, explique François Goyer. Nous recrutons présentement des étudiants de l’Université pour former une deuxième équipe qui prendra éventuellement la relève. »
Pas besoin d’être musicien pour se joindre à l’équipe : le sens du rythme, des connaissances rudimentaires en batterie ou en piano, par exemple, et beaucoup de discipline suffisent à la tâche. Répéter est la clé pour devenir un bon exécutant. Durant la saison de football, les musiciens s’entraînent jusqu’à 20 heures par semaine. En saison froide, cela se réduit plu- tôt à une dizaine d’heures. « Jouer dans une drumline nécessite beaucoup de concentration, d’écoute et surtout d’endurance physique », ajoute M. Goyer.
En plus de participer aux matchs de football, de soccer, de hockey et de volleyball, la drumline représente l’UdeM dans diverses activités culturelles, telles que le congrès de la Fédération des associations de musiciens éducateurs du Québec. « Nous aimerions pouvoir représenter l’Université au défilé de la St-Patrick cette année », confie le responsable de l’équipe.
Un projet éducatif
Lors de sa première session, la drumline était bien occupée. En plus des représentations musicales, le groupe offre des ateliers d’initiation dans des écoles secondaires et des cégeps. «Le deuxième objectif de notre drumline est d’encourager la formation d’équipes de niveaux collégial et secondaire, insiste François Goyer. Nous avons la volonté d’instaurer ce mouvement dans les écoles. » Plusieurs des enseignants en musique de ces écoles sont tombés sous le charme de l’activité et envisagent la création d’ateliers de drumline.
Selon François, « la drumline est un excellent moyen d’initier et d’encourager ces jeunes à la musique ». Sans la relève, l’intérêt pour des équipes de drumline disparaîtrait rapidement. Pour y remédier, le capitaine compte mettre en place un site Internet sur lequel seront centralisées toutes les ressources nécessaires pour fonder ou entraîner une équipe.
«Il est toujours possible de postuler pour faire partie du groupe l’année prochaine», conclut Benoit Mongeon. La drumline des Carabins encouragera les nageurs de l’UdeM lors du championnat interuniversitaire de natation qui aura lieu au CEPSUM les 23, 24 et 25 février prochains.
Qu’est-ce qu’une drumline ?
La drumline est généralement la section des percussions d’un plus grand ensemble appelé la fanfare. Les quatre instruments de base (ou quatre sections) composant la drumline sont les caisses claires, les multi-toms, les grosses caisses et les cymbales. Bien que leurs origines soient les mêmes, il ne faut pas confondre la drumline avec d’autres fanfares militaires. Quoique l’objectif principal des deux ensembles soit d’offrir un divertissement, le répertoire diffère : airs patriotiques et rythmes soutenus pour les militaires et rythmes entraînants et chansons populaires pour les groupes scolaires. La plupart du temps ces derniers jouent durant les parties de football. Aux États-Unis, la drumline est souvent considérée comme une activité en soi, voire un sport, avec ses propres tournois et compétitions. Cependant, la section de l’Université se limite à jouer sur les lignes de touche durant des matchs.