Étudier le virtuel

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Par Adil Boukind
mercredi 16 octobre 2013
Étudier le virtuel
Ubisoft et l'UdeM ont créé une Chaire en 2011 pour faire collaborer des étudiants, des enseignants et des professionnels universitaires avec les équipes de développement d'Ubisoft. (Crédit photo: Adil Boukind)
Ubisoft et l'UdeM ont créé une Chaire en 2011 pour faire collaborer des étudiants, des enseignants et des professionnels universitaires avec les équipes de développement d'Ubisoft. (Crédit photo: Adil Boukind)

Le géant du jeu vidéo Ubisoft a fait une annonce qui pourrait intéresser les étudiants de l’UdeM. L’entreprise prévoit la création de 500 emplois sur les sept prochaines années. Le studio d’édition français tente de s’insérer dans un secteur qui prend de l’essor : les jeux sur cellulaires et en ligne. 

L’Université possède trois programmes reliés au domaine du jeu vidéo : la mineure en études du jeu vidéo, le diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en design des jeux et la maîtrise en études cinématographiques option études du jeu vidéo. Le professeur adjoint en scénarisation à l’UdeM Dominic Arsenault commente la créa- tion de ces emplois. «C’est une industrie très subventionnée, l’annonce de 500 emplois est la suite logique de ce qui s’était fait », explique-t-il.

Quand on interroge la filiale montréalaise d’Ubisoft sur la nature des emplois qui vont être créés, elle déclare que plusieurs types de postes vont être à pourvoir. « Aux métiers traditionnels de l’industrie viendront se greffer de nouveaux profils, soutient l’attaché de presse d’Ubisoft, Steven Ross. Par exemple, des spécialistes de gestion de réseaux et de communautés, des analystes en intelligence d’affaires, des mathématiciens, des experts en télémétrie, des opérateurs de systèmes, des spécialistes en monétisation ainsi qu’en marketing interactif et social.»

La cour des grands

Dans le cas d’Ubisoft, la politique de recrutement n’avantage pas les étudiants fraîchement diplômés. « Les entreprises s’engagent à créer des emplois, mais ils veulent seulement recruter des seniors parce qu’ils se perçoivent, avec raison, comme des leaders de l’industrie », dit M. Arsenault.

Tandis que l’Université offre une formation plus générale afin de rendre l’étudiant le plus polyvalent possible, Ubisoft, par exemple, va chercher des personnes ayant un domaine de spécialisation comme l’intelligence artificielle ou le level design (chargé de construire les différents niveaux ou cartes à travers lesquels le joueur sera appelé à évoluer), entre autres. Ce manque d’expérience, qui ne peut se combler qu’après plusieurs années de travail, va inciter les grandes compagnies à faire venir une partie de sa main-d’œuvre de l’étranger.

Cependant, il serait faux de penser qu’un diplômé de l’Université n’a aucune chance de travailler pour ce type de compagnies. « Les petites entreprises favorisent l’adaptabilité et la polyvalence. De plus, dans le cas de la mineure en études du jeu vidéo, l’étudiant sort avec un document de conception de jeu créé avec des équipiers, ajoute M. Arsenault. À partir de ce moment, tous les outils sont là pour qu’il se lance dans l’aventure tout en évitant les contraintes des grandes entreprises. »

Le programmeur généraliste du jeu Mighty Quest for Epic Loot et diplômé d’une maîtrise en informatique à l’UdeM, Valentin Bisson, a réussi à intégrer Ubisoft directement à la fin de ses études. «C’est clair que les études ne suffisent pas. Il faut construire son expérience en dehors des études par des projets personnels, explique l’ancien étudiant. L’open source est un excellent tremplin pour apprendre et se faire connaître. »

Étroite collaboration

La compagnie et l’Université ont par ailleurs créé la chaire industrielle CRSNG-Ubisoft en 2011, encadrée par le Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG). L’étudiant à la maîtrise en informa- tique à l’UdeM et membre de la Chaire, Nicholas Léonard, a eu la chance de visiter à plusieurs reprises les bureaux de la compagnie. « J’aime vraiment leur environnement, notamment les espaces de travail ouverts », commente-t-il.

La Chaire fait étroitement collaborer une douzaine d’étudiants, des enseignants ainsi que des professionnels universitaires avec les

fesseur à l’UdeM et titulaire de la Chaire de recherche, Yoshua Bengio, explique que c’est une bonne façon d’entrer en contact avec la compagnie. « Nous avons envoyé trois étudiants à Ubisoft avec leur diplôme. De plus, nous envoyons quelques stagiaires, précise- t-il. Cela dit, grâce à leur expertise, les étudiants de la Chaire se font souvent courtisés par d’autres compagnies dans le domaine. »

L’étudiant à la maîtrise en informatique et en recherche opérationnelle, et membre de la Chaire, Raul Chandias Ferrari, informe que ce type d’initiative est un plus pour les étudiants. « Les projets entre l’UdeM et Ubisoft dans l’application de l’apprentissage des machines aux jeux vidéos permettent d’acquérir de l’expérience dans des projets industriels, ce qui est un atout au moment de postuler pour un emploi », confirme l’étudiant.

Ayant débuté en 1997 avec 50 employés, Ubisoft compte à ce jour 3 000 employés. C’est par ailleurs le plus grand studio au monde. La compagnie souhaite lancer deux énormes titres sur les consoles actuelles et nouvelles générations de Sony et Microsoft. Ces jeux ne sont autres que la suite de la très célèbre série Assassin’s Creed et le jeu futuriste mettant en scène un hackeur, Watch Dogs.