Depuis plus d’un an, des étudiants protestent régulièrement pour dénoncer la domination encore bien présente, selon eux, de l’ère coloniale et de ses classes dirigeantes en Afrique du Sud. Qu’il s’agisse de la langue en usage sur les campus universitaires, du prix de l’éducation ou des salaires des employés des universités, ils dénoncent les inégalités.
Les protestations et manifestations se sont intensifiées au fil des mois, démontrant une colère généralisée de la jeunesse envers le gouvernement. Deux décennies après la fin de l’apartheid, des étudiants se disent épuisés du climat glacial à l’égard des Noirs qui perdure sur les campus.
Malgré l’intervention du président Jacob Zuma affirmant que les droits de scolarité n’augmenteraient pas en 2016, les manifestations continuent. Elles attisent d’ailleurs la colère des forces de l’ordre qui y répondent parfois brutalement, car si les protestations ont augmenté, elles sont aussi devenues plus polarisées.
Adieu l’Afrikaans
Ces étudiants dénoncent également la domination de l’Afrikaans, la langue maternelle des premiers colons blancs (néerlandais) arrivés en Afrique du Sud. Cette langue est restée en usage dans l’éducation entre 1930 et 1980, alors que l’anglais a été introduit peu à peu pour faciliter l’intégration des différentes communautés sud-africaines. Malgré cette diversité ethnique au sein des universités, la majorité des panneaux de signalisation et des chants sur les campus sont toujours en Afrikaans. Certaines universités, comme celle de Stellenbosch, accèdent toutefois aux demandes de ses étudiants de bannir cette langue.
Ces manifestations étudiantes mettent le pays sous les projecteurs, car les les mécontentements contre le gouvernement ne cessent d’augmenter depuis 2010. Cette jeune génération, éduquée et politisée porte aussi l’espoir d’un renouveau de la classe dirigeante et de l’avenir du pays.
Le même type de protestations se déroule dans d’autres campus à travers le monde. À l’Université de Harvard, aux États-Unis, des étudiants ont récemment demandé le retrait d’armoiries racistes à la Faculté de droit. Ces dernières étaient inspirées d’une famille esclavagiste. Au Royaume-Uni, des étudiants ont mené une campagne prônant la décolonisation des universités britanniques, en réclamant notamment le retrait de la statue de la reine Victoria à l’Université Royal Holloway.
Sources : BBC, The Christian Science Monitor