Tout comme les athlètes canadiens à Sotchi, les Carabins subissent les impacts du décalage horaire lors des compétitions, tant au Canada qu’à l’étranger. Qu’il se produise vers l’est ou vers l’ouest, ce décalage peut avoir des conséquences sur les performances physiques et l’état mental des sportifs. Si les capacités varient en fonction du nombre d’heures de décalage, il est possible de s’y préparer avant le départ.
«Il faut que l’athlète commence à suivre le rythme du pays d’accueil avant même de partir, comme s’il était déjà sur place, explique la physiothérapeute en chef de la Clinique de médecine du sport de l’UdeM et du Centre hospitalier de l’UdeM (CHUM), France Brunet. L’entraîne ment, les repas et le cycle du sommeil doivent s’adapter aux horaires du pays dans lequel a lieu la compétition au moins cinq jours avant le départ. »
Chaque heure de décalage nécessiterait un jour de récupération sur le lieu de la compétition. « Il faut au moins une semaine pour se remettre d’un décalage de cinq à sept heures, soutient Mme Brunet, qui est aussi coordonnatrice médicale des Carabins. Donc, il faudrait partir au moins deux semaines avant, si possible. » La première semaine permettrait au corps des sportifs de s’habituer au changement d’horaire, tandis que la deuxième semaine leur permettrait de retrouver pleinement leurs capacités physiques et mentales pour les épreuves.
Mieux vaut prévenir
Comme les joueurs des Carabins ne peuvent pas toujours se rendre longtemps à l’avance dans la ville ou dans le pays des épreuves sportives, il leur est recommandé de s’accoutumer au pays en amont du déplacement. « Je me prépare une semaine à l’avance, déclare l’attaquante et capitaine de l’équipe de hockey féminin des Carabins, Kim Deschênes. Selon le sens du décalage, je me couche soit plus tôt soit plus tard, mais arrivée là-bas, j’ai toujours besoin de deux ou trois jours pour m’adapter. » La joueuse a déjà voyagé à Calgary, en Italie et en Turquie pour des matchs.
Malgré une préparation et un décalage anticipés, les athlètes peuvent souffrir du changement d’horaire. L’attaquante de l’équipe féminine de volleyball des Carabins Marie-Sophie Nadeau, qui a déjà voyagé en Russie et en Chine avec l’équipe canadienne pour les Universiades, reconnaît que les voyages perturbent son cycle de sommeil. « À l’arrivée, les premières heures ne sont pas si pires, car le fait d’être dans un nouveau pays nous procure de l’adrénaline, souligne-t-elle. Par contre, la journée qui suit la première nuit passée dans le pays est difficile. »
La kinésiologue du Département de kinésiologie de l’UdeM Chantal Daigle assure que les sportifs doivent se familiariser au plus vite avec leur environnement malgré leur fatigue. « Il faut qu’ils vivent tout de suite au rythme local. Ils doivent également se coucher et dormir selon les heures du pays d’accueil », déclare-t-elle.
Impacts multiples
Le décalage horaire n’affecte pas seulement le cycle du sommeil. Il peut causer des troubles de l’appétit, qui entraînent un manque d’énergie, mais aussi diminuer la capacité de prise de décision, la synchronisation des mouvements ou le niveau de concentration d’un joueur. « Selon la discipline, par exemple au golf, un joueur peut être moins concentré en raison du décalage », convient Mme Daigle.
Toutefois, Mme Brunet et Mme Daigle constatent que le décalage horaire est vécu différemment selon que les déplacements se font vers l’est ou vers l’ouest. Les causes exactes de ce phénomène demeurent toutefois inconnues. « Un déplacement vers l’ouest serait plus facile, constate la coordonnatrice médicale des Carabins. Peut-être y a-t-il un lien à établir avec le fait que les sportifs sont exposés à la lumière plus longtemps. »
La lumière permet au corps de sécréter la mélatonine, qui régule le sommeil des individus. « Une fois sur place, on incite les joueurs à faire de longues marches pour être en contact avec la lumière », déclare la kinésiologue.
Si le décalage horaire peut être difficile lors de compétitions à l’étranger, il faut souligner que ce n’est qu’un des nombreux aspects du voyage. Les conditions météorologiques ainsi que les habitudes alimentaires d’un pays étranger peuvent aussi avoir des répercussions sur les performances des athlètes.