Du travail pour les étudiants étrangers

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Par Maëlle Besnard
lundi 14 avril 2014
Du travail pour les étudiants étrangers
dès juin 2014, les étudiants étrangers ne seront plus obligés d’avoir étudié six mois à temps plein pour travailler hors campus. (crédit photo : Ludivine Maggi)
dès juin 2014, les étudiants étrangers ne seront plus obligés d’avoir étudié six mois à temps plein pour travailler hors campus. (crédit photo : Ludivine Maggi)

Les étudiants étrangers titulaires d’un permis d’études seront autorisés à travailler en dehors du campus sans permis de travail dès leur arrivée au Canada à partir du 1er juin 2014. Le gouvernement fédéral souhaite rendre les études au Canada plus attrayantes et lutter contre la fraude. Désormais, seuls les établissements autorisés pourront accueillir des étudiants étrangers

«Les nouvelles dispositions réglementaires réduiront la possibilité de fraude tout en améliorant les services offerts aux étudiants étrangers authentiques ainsi qu’aux établissements d’enseignement, et en renforçant l’image globale du Canada comme destination de choix», assure l’un des porte-parole de Citoyenneté et Immigration Canada, Rémi Lariviere. Le Programme pour les étudiants étrangers (PEE), tel qu’il est conçu actuellement, ne permet pas de recueillir assez de données concernant la fraude, d’après Citoyenneté et Immigration Canada (CIC). Selon une enquête effectuée entre 2008 et 2010 par CIC, les immigrants qui viennent en prétextant faire des études sont un problème pour 88% des établissements d’enseignement, des bureaux de visas, des employeurs et des étudiants étrangers interrogés.

«Les modifications apportées au PEE garantiront que le principal objectif d’un étudiant étranger au Canada consiste à étudier, et que ses études se feront dans un établissement d’enseignement désigné pour accueillir des étudiants étrangers», explique la porte-parole de CIC, Sonia Lesage. À ce jour, tous les établissements d’enseignement peuvent accueillir des étudiants étrangers. En vertu des nouvelles dispositions, les provinces et les territoires seront tenus d’établir, d’ici le 1er juin, une liste d’établissements habilités.

D’après une enquête du Bureau canadien de l’éducation internationale datant de 2009, la vigueur du marché du travail canadien représente un attrait pour la moitié des étudiants étrangers. «Pour mes études, j’avais le choix entre la France, l’Angleterre et le Canada, explique l’étudiant rwandais en science politique à l’UdeM Brian Dushime. Sur les conseils de ma famille qui vit ici, j’ai choisi le Canada pour les perspectives qu’il offre.»

Une bonne nouvelle?

«Pour aider les étudiants étrangers à obtenir une expérience de travail, CIC permettra aux titulaires de permis d’études admissibles de travailler à temps partiel à l’extérieur du campus sans avoir à faire une demande distincte de permis de travail », explique Mme Lesage. Les étudiants n’auront plus à attendre six mois pour effectuer la demande d’un permis de travail hors campus.

Toutefois, le conseiller du Bureau des étudiants internationaux (BEI) de l’UdeM Kris Martin regrette la suppression des six mois, qui représente selon lui un temps d’adaptation nécessaire. «Changer de ville, changer de pays, d’école, cela représente beaucoup de transformations dans une vie», explique-t-il.

Même écho aux Services des étudiants étrangers de l’Université McGill. « Nous allons conseiller à nos étudiants de ne pas travailler pendant leur premier semestre, afin d’être sûrs qu’ils prennent le temps de s’adapter à leur nouvel environnement », précise la conseillère Pauline L’Ecuyer.

L’étudiant français en communication politique à l’UQAM Kévin Nicolas est conscient qu’étudier et travailler peut être difficile à concilier. «J’aurais pu conjuguer études et travail dès mon arrivée au Canada, même si cela avait demandé beaucoup de rigueur », croit-il. Arrivé depuis moins de six mois, l’étudiant a postulé à des offres sur le campus, sans succès.

Les deux conseillers reconnaissent cependant que la nouvelle mesure est intéressante pour ceux qui s’adaptent rapidement. «C’est six mois de gagnés pour l’étudiant», estime M. Martin.

Mise en oeuvre encore floue

«Des rencontres ont toujours lieu entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec au sujet de l’application du règlement », explique le porte-parole du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie du Québec, Pascal Ouellet.

Pour le moment, c’est le bureau des étudiants internationaux de chaque université qui examine si les étudiants ayant fait une demande de permis de travail répondent aux critères. Toutefois, le BEI de l’UdeM ignore encore si les conditions d’obtention d’un permis d’études seront renforcées pour les étudiants des établissements désignés. «Des vérifications aléatoires pourraient être faites par l’immigration, pour s’assurer que les étudiants continuent de remplir les conditions d’obtention d’un permis d’études, explique le conseiller. Actuellement, ces vérifications sont faites au moment de la demande.»

Ce qui semble sûr, c’est que les exigences actuelles ne seront pas assouplies : preuve de fonds suffisants, inscription à temps plein, notes minimum requises et programme menant à l’obtention d’un diplôme sont toujours d’actualité.

 ÉTUDIANTS ÉTRANGERS ET FRAIS DE SCOLARITÉ

Dans le cadre de la campagne électorale actuelle, le chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Philippe Couillard, s’est engagé à harmoniser les frais des étudiants issus de la francophonie avec ceux des étudiants canadiens. Une telle mesure aurait deux conséquences : réduire les frais des étudiants étrangers issus de la francophonie et augmenter les frais des étudiants français qui paient actuellement le même tarif que les étudiants québécois, en vertu d’une entente entre gouvernements en vigueur depuis 1978.