Culture

david sionnière se passionne pour l’écriture de nouvelles policières et de scénarios. (crédit photo : Adil Boukind)

Du polar au cinéma

Diplômé du baccalauréat en création littéraire et écriture de scénario en 2012 à l’UdeM, David Sionnière est un nouvelliste aguerri. Il a gagné en 2009 le prix Alibis pour la meilleure nouvelle policière écrite en français au Canada avec son texte Summit Circle. Aujourd’hui, l’auteur est passé du côté de l’écriture de scénario pour le cinéma. Portrait d’un passionné de la plume.

David Sionnière a commencé à écrire à 40 ans, après avoir travaillé dans le milieu de la production cinématographique et musicale. Après trois ans d’écriture, il réalise qu’il lui manque des bases pour s’améliorer. « Il me manquait quelque chose : de la culture, une technique et une manière d’analyser les auteurs, » avoue-t-il. En 2009, il commence donc ses études au baccalauréat en écriture de scénario et création littéraire à l’UdeM.

Très rapidement, l’auteur se sent attiré par la manière de reproduire les événements. « J’aime retranscrire les lettres, les courriels, les rapports », assure-t-il. David se tourne alors naturellement vers le genre policier. « J’aime faire le puzzle qui mène à la résolution de l’enquête, explique-t-il. Ce que je préfère dans le polar, c’est le social et la réalité que le récit nous raconte. »

Le nouvelliste écrit alors un polar, Summit Circle, qui reçoit le prix Alibis. Ce prix récompense une nouvelle noire ou un polar écrit par un auteur canadien. Il importe également que l’écrit soit de nature inédite. « Pour écrire Summit Circle, je me suis inspiré des événements qui sont arrivés à monsieur Jean de Brébeuf, un missionnaire jésuite français, et à sa fin tragique, relate David. Il fut brûlé vif, lacéré de coups de couteau, et son cœur fut mangé. »

La professeure au Département des littératures de langue française Mela Cunningham, qui a dirigé David dans des ateliers d’écriture, se souvient de lui comme d’un étudiant talentueux. « David Sionnière nous a tous impressionnés par sa capacité à rédiger des textes étonnants, hilarants, touchants ou déstabilisants en un court laps de temps, lors des ateliers d’écriture organisés en classe », raconte-t-elle.

D’un genre à l’autre

David Sionnière ne se voit pourtant pas fondamentalement devenir un écrivain de polars ou de romans policiers. « J’ai été invité à un festival en France, j’étais entouré de gens qui adoraient le polar, et j’ai compris là-bas que ce n’était pas nécessairement fait pour moi », constate-t-il.

En 2012, l’auteur se tourne vers la dystopie, un genre littéraire qui se définit comme l’inverse d’une utopie, c’est-à-dire le pire des mondes. Il écrit Quel Bonheur ! publié aux Éditions XYZ. « Cette nouvelle raconte le monologue d’un meurtrier qui a tué quelqu’un de malheureux afin que le monde ne soit peuplé que de gens heureux », détaille-t-il.

Pour cette nouvelle, David s’est inspiré d’une de ses grandes influences, l’auteur américain Bret Easton Ellis, qui a écrit beaucoup de dystopies en utilisant des personnages nihilistes persuadés que le monde est dénué de sens et que l’existence n’a aucun but.

Le travail de David n’est pas non plus passé inaperçu auprès de la professeure adjointe au Département des littératures de langue française Claire Legendre. « Je me souviens d’un texte qu’il avait lu en classe sur l’écriture elle-même, l’écrivain au travail, et qui était le prolongement d’une de ses nouvelles. C’était très fort, se souvient-elle. La mise en abyme se brouillait, si bien qu’on ne savait plus si l’on était encore dans sa vie ou dans le texte en train de s’écrire. »

Explorer l’écriture au cinéma

À la fin de son baccalauréat l’année dernière, l’étudiant s’inscrit au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’UdeM et se spécialise en écriture de scénario.

Mela Cunningham a suivi de près le changement de registre de l’auteur. « Les univers qu’il crée sont imprégnés des ambiances et des effets reliés au cinéma, et ce, par des procédés astucieux, remarque-t-elle. Ses écrits se caractérisent aussi par une capacité à manier l’hybridité générique : le scénario, la nouvelle, le roman, le récit sous toutes ses formes. »

Pour les scénarios, David apprécie deux extrêmes : les films très structurés qui prennent le spectateur par la main au long du film pour lui faire suivre l’histoire, comme les premiers longs-métrages du réalisateur américain Martin Scorsese, par exemple, et les films plus laxistes du point de vue du scénario. « J’aime beaucoup les films comme La vie d’Adèle, où l’on oublie le scénario », indique-t-il.

Plus tard, David veut continuer l’écriture, tant sur le plan de la nouvelle que sur celui de l’intrigue pour le cinéma. « Je vais continuer à faire de la fiction, mais j’aimerais aussi écrire des scénarios pour le cinéma », livre-t-il. L’auteur souhaite continuer à étonner par sa technique d’écriture mêlant les différents genres littéraires qu’il transpose aujourd’hui pour le septième art. Il écrit en ce moment un livre tout en continuant à écrire des scénarios pour ses études.

 

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