Culture

Estelle Schorpp monte L’écosystème, l’œuvre qu’elle a construite elle-même, au Centre d’exposition de l’UdeM. Photo : Jacob Côté

Du concert à la galerie

Le professeur de création à la Faculté de musique de l’UdeM et responsable du baccalauréat en musiques numériques, Nicolas Bernier, se réjouit de cette nouvelle édition. « C’est quelque chose qui manque ici dans la culture musicale : on a plein de salles de concert, mais peu de salles d’exposition », explique-t-il. Créée par cinq artistes étudiants de divers programmes de la faculté après un appel à projets, Les formes d’ondes expose la fluidité des frontières entre les arts visuels et sonores.

« Dans les pratiques sonores contemporaines, il y a de plus en plus d’artistes dont la pratique s’adapte à la galerie, déclare M. Bernier. Et ce qui est particulièrement intéressant cette année, c’est la mixité. » Il illustre ses propos en citant Eliazer Kramer, un étudiant plus près de la pratique instrumentale, qui a choisi de travailler avec la vidéo, ainsi que Laura Criollo, une artiste visuelle dont la manière de traiter le son diffère de la méthode traditionnelle des musiciens, et la démarche audiovisuelle claire de Simon Coovi-Sirois.

« Plus qu’une œuvre en particulier, c’est la diversité que j’aime souligner », insiste le professeur. Si les œuvres sont pour la plupart des projets d’école, ce sont les artistes qui doivent les transformer en installations capables de vivre toute la durée de l’exposition. « Ils doivent être autonomes et débrouillards », précise-t-il.

L’écosystème d’Estelle Schorpp

Diplômée des Beaux-Arts de Paris et étudiante à la maîtrise en composition et création sonore à l’UdeM, Estelle Schorpp a construit de toutes pièces son installation auto-interactive, Écosystème. « Ça ressemble à un pupitre dans lequel j’ai encastré 17 haut-parleurs de modèles différents, avec deux micros suspendus au-dessus qui écoutent, explique l’artiste. L’œuvre interagit avec elle-même, avec l’auditeur, et nécessite une écoute attentive de sa part. »

Basée sur un algorithme ayant des seuils de déclenchement, l’installation s’écoute et s’autorégule. Elle requiert un minimum de silence. « C’est inspiré des techniques de communication des insectes orthoptères », ajoute Estelle. La démarche artisanale de l’étudiante, qui consiste à utiliser des matériaux de seconde main et à tout réaliser elle-même, est au centre de plusieurs de ses installations. « Ça va être un peu une surprise de voir son évolution pendant toute la durée de l’exposition, car je ne l’ai jamais fait fonctionner pendant plus de 10 heures », annonce-t-elle.

Les ondes sinusoïdales de Marc-André Labelle

Guitariste professionnel et finissant au baccalauréat en musiques numériques, Marc-André Labelle propose une installation initialement présentée avec une chanteuse. « Il s’agit d’un oscillateur contrôlé par un système de détection de fréquence, qui interagit avec n’importe quelle source sonore qu’on lui envoie, détaille-t-il. Ma démarche aujourd’hui pourrait se résumer comme suit : avoir un contrôle numérique sur des objets qui sont, à la base, analogiques, et les rendre vivants, même s’il n’y a pas d’humain aux alentours. »

Son installation est donc composée de l’oscillateur, d’un enregistrement, d’un amplificateur de guitare des années 1970, et de lumières dont l’intensité se coordonne avec celle du son. « C’est un système qu’on peut utiliser dans une pièce composée, qui peut être indépendant ou avec lequel on peut improviser », souligne-t-il. Les formes d’ondes se tient au Centre d’exposition de l’UdeM du 27 février au 4 avril 2020. L’entrée est gratuite.

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