Du cinéma avec les mains

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Par Emma Guerrero Dufour
jeudi 20 septembre 2018
Du cinéma avec les mains
L’animation en volume est une technique permettant de créer l’illusion du mouvement à l’aide d’objet déplacés image après image. Crédit Robert Del Tredeci.
L’animation en volume est une technique permettant de créer l’illusion du mouvement à l’aide d’objet déplacés image après image. Crédit Robert Del Tredeci.
Le 14 septembre dernier a eu lieu la 10e édition du festival Stop Motion Montréal, le tout premier festival international entièrement consacré à la technique d’animation en volume. Des courts-métrages du monde entier ont été diffusés à l’Université Concordia, dans le but de faire rayonner la technique d’animation image par image.

Le stop-motion, ou « animation en volume », est aujourd’hui considéré par le directeur du festival, Érik Goulet, comme le mouton noir du cinéma. À la fois visuel et plastique, cet art pluridisciplinaire requiert selon lui patience et minutie.

La réalisatrice du studio d’animation montréalais Tonic DNA, Myriam Arsenault, partage ce point de vue. « Le stop-motion englobe tellement de techniques artistiques : la sculpture, les maquettes, la création de décors de marionnettes et l’animation de ces dernières, qui ressemble beaucoup au jeu d’acteurs », décrit-elle.

De l’animation rétro

Pour cette diplômée de la Faculté des beaux-arts de Concordia, le caractère réaliste et artisanal du stop-motion expliquerait le regain de popularité que la technique connaît depuis quelques décennies auprès des créateurs. « Prendre des objets de notre quotidien ou des marionnettes inanimées et leur donner vie donne un aspect presque magique à la technique », précise-t-elle. Dans une ère où tout semble se virtualiser et se dématérialiser, le tangible et le concret en interpellent toujours quelques-uns dans le monde du cinéma d’animation, comme l’explique M. Goulet. « Les créateurs du stop-motion adorent faire des choses avec leurs mains, raconte-t-il. En tant qu’humains, on a besoin de toucher des choses, de fabriquer des choses », ajoute-t-il.

L’accessibilité est également un facteur de popularité, selon Mme Arsenault. « On n’a pas besoin de beaucoup de moyens pour réaliser un film en stop-motion », détaille la réalisatrice. En outre, le succès de cette technique auprès du public s’expliquerait par la passion des créateurs, qui transparaît dans les œuvres de ces derniers. « L’artiste développe une relation très personnelle avec son travail et par conséquent, les spectateurs le ressentent », estime la réalisatrice du film Dernier cri*, Alexandra Lemay.

Le stop-motion commercial

Au-delà du septième art, l’animation image par image est aussi utilisée dans le domaine de la publicité. « Le stop-motion a une connexion quasiment instantanée avec les enfants », analyse le directeur M. Goulet, qui justifie ainsi le fait que les fabricants de jouets en sont particulièrement friands.

Plusieurs entreprises l’utilisent d’ailleurs pour rendre plus intéressante l’interface de leur site Web, et ainsi sortir du lot. « Dans mes contrats de stop-motion à la pige, j’ai travaillé pour des films indépendants, mais aussi pour des écoles, des maisons de publicité, des compagnies de jouets et même des musées », explique Mme Lemay. Elle ajoute que le penchant pour le stop-motion des dernières années a ainsi apporté beaucoup plus de possibilités d’emploi.

* Office national du film du Canada, 2014

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