Culture

Le chef d’orchestre Rodrigo de Carvalho s’est intéressé de près à l’oeuvre du compositeur brésilien Heitor Villa-Lobos. (crédit photo : Adil Boukind)

Docteur et chef d’orchestre

L’étudiant en direction d’orchestre Rodrigo de Carvalho vient de terminer son doctorat. Le 25 janvier dernier, à la salle Claude-Champagne de la Faculté de musique de l’UdeM, il dirigeait un orchestre de 24 musiciens lors de son dernier récital en tant qu’étudiant de l’UdeM. Rodrigo est l’un des rares étudiants à terminer l’université avec l’intention de devenir chef d’orchestre.

 L’UdeM offre son doctorat en direction d’orchestre depuis 2001. Cette spécialisation est très contingentée : cette année, il n’y avait que deux doctorants, dont Rodrigo. Jean-François Rivest, directeur artistique de l’Orchestre de l’UdeM, est l’un des professeurs titulaires du doctorat. «Il n’y a pas tellement de place dans notre monde artistique pour les chefs d’orchestre, explique-t-il. Cela ne servirait à rien de faire miroiter cette possibilité de carrière à trop d’étudiants.»

Le doctorat consiste à analyser en profondeur des partitions pour former l’étudiant à dégager sa propre interprétation de l’œuvre. Durant son doctorat, Rodrigo, qui est d’origine brésilienne, s’est intéressé de près à la manière dont le célèbre compositeur brésilien Heitor Villa- Lobos jouait ses propres œuvres en les réinterprétant.

Une passion pour la musique

La mère de Rodrigo est professeure au conservatoire de São Paolo, ce qui conduit le musicien dès sa petite enfance à pratiquer des instruments comme le piano et le violon. Le musicien se joint très tôt à des orchestres de São Paolo. «À l’âge de 16 ans, je jouais du violon dans un orchestre, relate-t-il. À ce moment-là, je savais déjà que je voulais être chef d’orchestre.»

Rodrigo s’intéresse à la Hongrie, à l’écoute de ses grands chefs du 20e siècle, comme Eugène Ormandy, Fritz Reiner ou encore Antal Dorati, et décide de suivre ses études à Budapest en direction d’orchestre.

Il rentre finalement au Brésil et se joint à l’orchestre symphonique du théâtre de São Paolo en tant qu’assistant, puis chef principal. «À l’issue de mon contrat, comme je n’avais pas directement un travail, j’ai pris en considération la possibilité de faire un doctorat», affirme-t-il.

Le musicien choisira de poursuivre ses études à Montréal. «Après toutes ces années passées en Europe et au Brésil, aller au Canada était un juste milieu entre les deux, confie le futur chef. J’ai choisi l’UdeM pour le côté pratique qu’offre son doctorat en direction d’orchestre.»

Le chef d’orchestre passe alors de longues heures à étudier seul auprès de ses professeurs de l’UdeM Jean-François Rivest et Paolo Bellomia. « J’ai enregistré, j’ai dirigé des concerts, des opéras, explique-t-il. Cela m’a permis d’avoir une relation de collègue à collègue avec mes professeurs ; on partage nos visions et nos expériences.»

Jean-François Rivest se sent privilégié dans son rôle de professeur de direction d’orchestre avec des étudiants comme Rodrigo. «Sa culture, ses origines brésiliennes et l’expérience qu’il a acquise aux quatre coins du monde font de lui une personne intéressante et très riche, confie-t-il. C’est un musicien de très haut niveau, original, qui a sa façon de penser et qui transmet sa joie de vivre à travers la musique.»

À la fin de son doctorat, l’étudiant est invité à diriger un orchestre. Rodrigo de Carvalho a toutefois rencontré quelques difficultés lorsqu’est venu le temps de monter l’orchestre pour son récital de fin de doctorat. « Je dois diriger un concert, mais l’Université ne met aucun orchestre à ma disposition et il n’y a pas d’argent, observe le doctorant. J’ai invité les gens à participer, des bénévoles, mais personne ne veut jouer sans être payé. » Pour cette raison, Rodrigo a dû travailler avec des orchestres réduits lors de son concert.

 

Un maestro, deux orchestres

Rodrigo de Carvalho, chef d’orchestre brésilien né à São Paolo, a dirigé 12 musiciens avec la Grand Partita de Mozart et 24 avec Les Symphonies d’instruments à vent de Stravinsky à la salle Claude-Champagne de la Faculté de musique, devant une quarantaine de personnes le 25 janvier dernier. Le doctorant est satisfait de sa prestation et content de la performance de ses musiciens.

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