Défis administratifs des étudiants canadiens

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Par Thomas Ethier
mardi 2 octobre 2012
Défis administratifs des étudiants canadiens
«Je me suis senti comme chez moi à Montréal. Par contre, le gouvernement québécois, lui, m’a fait suer jusqu’au bout». Kyle Krawchuk, récemment diplômé de hec Montréal. (Crédit : Courtoisie Kyle Krawchuk)
«Je me suis senti comme chez moi à Montréal. Par contre, le gouvernement québécois, lui, m’a fait suer jusqu’au bout». Kyle Krawchuk, récemment diplômé de hec Montréal. (Crédit : Courtoisie Kyle Krawchuk)

Par attrait pour la langue française ou pour la culture québécoise, des étudiants venus du reste   du Canada choisissent d’étudier à Montréal. Leur plus grand défi n’est pas de parler en français,   mais de s’adapter aux exigences administratives québécoises.

Kyle Krawchuk est originaire de  Colombie-Britannique. Il a choisi   HEC Montréal, dont il est jeune diplômé, pour étudier en français et aussi pour   sa réputation mondiale. Il estime que son   expérience étudiante montréalaise est très   enrichissante, mais cela se corse quand la   question des services gouvernementaux est   abordée. «Je me suis senti comme chez moi   à Montréal. Par contre, le gouvernement   québécois, lui, m’a fait suer jusqu’au bout»,   résume M. Krawchuk.

Critères de résidence pour les bourses  

Premier obstacle posé pour les étudiants du reste du Canada : le système des bourses. Ils payent des frais majorés par rapport aux étudiants   québécois. Une année d’études à temps plein au 1er cycle à l’UdeM se chiffre à 6 155 $   par an pour une personne venant d’une autre   province, contre 2 141 $ pour un Québécois. Pour financer cette somme, les étudiants   canadiens hors Québec ne peuvent pas compter   sur l’Aide financière aux études (AFE), car   il faut être résident du Québec pour y avoir   droit. Cela n’est pas possible tant que la personne  étudie à temps plein.

Idem quand les étudiants canadiens hors Québec partent en échange dans des universités   étrangères. Deux programmes, l’un du   ministère de l’Éducation et l’autre des Offices   jeunesse internationaux du Québec (LOJIQ),   proposent des bourses pour les études à   l’étranger, mais avoir le statut de résident québécois   est nécessaire pour en bénéficier. «J’ai   étudié dans mon pays, mais rien ne m’a été   offert quand je suis parti étudier à Paris l’an   dernier, même après quatre années passées   au Québec !», déplore M. Krawchuk.

Depuis cet automne, le programme Passeport   pour le monde offre 2000 $ à tous les étudiants   inscrits au programme d’échange de   HEC, toutes nationalités confondues. Quant à   l’UdeM, « elle n’impose aucune exigence   reliée à la nationalité ou à la résidence des   é tudiant s dans s e s prog ramme s de   bourses», explique la conseillère du service   des bourses d’études des Services aux étudiants   de l’UdeM, Ramatou Issa Arzaka.

Un système de santé distinct  

Pour les étudiants canadiens hors Québec,   mieux vaut ne pas tomber malade. La Régie   de l’assurance maladie du Québec ne couvre   que les soins des résidents québécois. Les   étudiants canadiens hors Québec doivent   donc payer leurs soins et sont remboursés   après coup. « J’ai dû avancer 600 $ et, par   la suite, remplir un formulaire de réclamation   de l’assurance maladie de la   Colombie-Britannique à l’intention des   personnes voyageant à l’étranger ! » s’indigne   M. Krawchuk.

Parfois, les assurances maladie provinciales  ne remboursent que partiellement les soins. Sheena Melwani, venue d’Ontario pour étudier   à l’Université McGill, en a fait la douloureuse   expérience. « J’ai su, après avoir passé   des radiographies, que celles-ci n’étaient   remboursées qu’à raison de 30 % par l’assurance   maladie de l’Ontario ! », raconte-t-elle.

Des situations  propres à chacun  

Les différents problèmes rencontrés par les   étudiants originaires des autres provinces   canadiennes relèvent souvent du cas par cas,   selon le coordonnateur au Bureau de soutien   aux nouveaux étudiants de l’UdeM, Yannick   Nantel. «Les étudiants des autres provinces   font très rarement appel à nos services . Peut-être qu’ils se débrouillent autrement   ou bien que l’on arrive mal à les rejoindre,   mais il est difficile de cerner leurs besoins.»   Pour cette session d’automne, 1087 étudiants   en provenance du reste du Canada ont choisi   l’UdeM, qui compte environ 50000 étudiants  au total .

Au-delà des tracas administratifs, les étudiants  canadiens hors Québec se réjouissent le plus souvent du mode de vie actif des Montréalais,   mais aussi de la diversité culturelle de la ville. Et puis, la vie étudiante à Montréal n’est pas si   différente qu’ailleurs au Canada. Comme l’affirme M. Krawchuk : « Travailler avec les  Québécois à l’université, c’est exactement  comme travailler avec d’autres Canadiens.»