Par attrait pour la langue française ou pour la culture québécoise, des étudiants venus du reste du Canada choisissent d’étudier à Montréal. Leur plus grand défi n’est pas de parler en français, mais de s’adapter aux exigences administratives québécoises.
Kyle Krawchuk est originaire de Colombie-Britannique. Il a choisi HEC Montréal, dont il est jeune diplômé, pour étudier en français et aussi pour sa réputation mondiale. Il estime que son expérience étudiante montréalaise est très enrichissante, mais cela se corse quand la question des services gouvernementaux est abordée. «Je me suis senti comme chez moi à Montréal. Par contre, le gouvernement québécois, lui, m’a fait suer jusqu’au bout», résume M. Krawchuk.
Critères de résidence pour les bourses
Premier obstacle posé pour les étudiants du reste du Canada : le système des bourses. Ils payent des frais majorés par rapport aux étudiants québécois. Une année d’études à temps plein au 1er cycle à l’UdeM se chiffre à 6 155 $ par an pour une personne venant d’une autre province, contre 2 141 $ pour un Québécois. Pour financer cette somme, les étudiants canadiens hors Québec ne peuvent pas compter sur l’Aide financière aux études (AFE), car il faut être résident du Québec pour y avoir droit. Cela n’est pas possible tant que la personne étudie à temps plein.
Idem quand les étudiants canadiens hors Québec partent en échange dans des universités étrangères. Deux programmes, l’un du ministère de l’Éducation et l’autre des Offices jeunesse internationaux du Québec (LOJIQ), proposent des bourses pour les études à l’étranger, mais avoir le statut de résident québécois est nécessaire pour en bénéficier. «J’ai étudié dans mon pays, mais rien ne m’a été offert quand je suis parti étudier à Paris l’an dernier, même après quatre années passées au Québec !», déplore M. Krawchuk.
Depuis cet automne, le programme Passeport pour le monde offre 2000 $ à tous les étudiants inscrits au programme d’échange de HEC, toutes nationalités confondues. Quant à l’UdeM, « elle n’impose aucune exigence reliée à la nationalité ou à la résidence des é tudiant s dans s e s prog ramme s de bourses», explique la conseillère du service des bourses d’études des Services aux étudiants de l’UdeM, Ramatou Issa Arzaka.
Un système de santé distinct
Pour les étudiants canadiens hors Québec, mieux vaut ne pas tomber malade. La Régie de l’assurance maladie du Québec ne couvre que les soins des résidents québécois. Les étudiants canadiens hors Québec doivent donc payer leurs soins et sont remboursés après coup. « J’ai dû avancer 600 $ et, par la suite, remplir un formulaire de réclamation de l’assurance maladie de la Colombie-Britannique à l’intention des personnes voyageant à l’étranger ! » s’indigne M. Krawchuk.
Parfois, les assurances maladie provinciales ne remboursent que partiellement les soins. Sheena Melwani, venue d’Ontario pour étudier à l’Université McGill, en a fait la douloureuse expérience. « J’ai su, après avoir passé des radiographies, que celles-ci n’étaient remboursées qu’à raison de 30 % par l’assurance maladie de l’Ontario ! », raconte-t-elle.
Des situations propres à chacun
Les différents problèmes rencontrés par les étudiants originaires des autres provinces canadiennes relèvent souvent du cas par cas, selon le coordonnateur au Bureau de soutien aux nouveaux étudiants de l’UdeM, Yannick Nantel. «Les étudiants des autres provinces font très rarement appel à nos services . Peut-être qu’ils se débrouillent autrement ou bien que l’on arrive mal à les rejoindre, mais il est difficile de cerner leurs besoins.» Pour cette session d’automne, 1087 étudiants en provenance du reste du Canada ont choisi l’UdeM, qui compte environ 50000 étudiants au total .
Au-delà des tracas administratifs, les étudiants canadiens hors Québec se réjouissent le plus souvent du mode de vie actif des Montréalais, mais aussi de la diversité culturelle de la ville. Et puis, la vie étudiante à Montréal n’est pas si différente qu’ailleurs au Canada. Comme l’affirme M. Krawchuk : « Travailler avec les Québécois à l’université, c’est exactement comme travailler avec d’autres Canadiens.»