De nombreux étudiants refusent de retourner en classe malgré la réouverture des campus

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Par Romeo Mocafico
mardi 9 février 2021
De nombreux étudiants refusent de retourner en classe malgré la réouverture des campus
Crédit : MChe Lee via Unsplash.
Crédit : MChe Lee via Unsplash.

Peur du virus, confort de la maison, économies d’argent, de temps, d’énergie : les arguments ne manquent pas aux étudiants de l’UdeM qui refusent de reprendre le chemin des classes.

Depuis ce lundi 8 février, les universités situées en zones rouges sont de nouveau autorisées à accueillir une partie de leurs étudiants sur leurs campus. Toutefois, la présence en classe étant facultative et les cours toujours diffusés en ligne, une partie de la communauté étudiante ne semble pas disposée à réinvestir les pavillons de l’UdeM de sitôt.

« Je ne retournerai pas à l’Université malgré la réouverture, puisque je travaille à temps plein de la maison. Les cours à distance fonctionnent donc parfaitement pour moi », témoigne l’étudiante en année préparatoire Caroline Boudreaux, dont le point de vue semble être partagé par une importante partie de la communauté étudiante de l’UdeM. S’ils étaient nombreux à commenter ces nouvelles mesures permissives sur les réseaux sociaux, il est cependant compliqué d’estimer la part d’étudiants qui préfèreront continuer la session depuis leur salon.

 « Les chaises en plastique pendant huit heures, c’est l’enfer »

Les raisons avancées par ces étudiants adeptes des cours en ligne sont nombreuses. Si certains redoutent une potentielle circulation du virus dans les classes, d’autres comme Gabrielle, étudiante en sciences et mathématiques, posent des arguments plus logistiques. « Aller à l’école sur place, c’est demandant, explique-t-elle. Les transports en commun, c’est long et c’est cher. Puis personnellement, j’ai un handicap au dos et l’école n’a jamais pu m’accommoder. Donc les chaises en plastique pendant huit heures, c’est l’enfer. »

Comme l’a rappelé l’UdeM, les étudiants ainsi que les professeurs ne sont pas tenus de reprendre leur place sur le campus et leur retour en classe s’effectue sur une base volontaire. En effet, certains membres de la communauté de l’Université ont quitté Montréal ou se sont retrouvés bloqués à l’étranger en raison de la pandémie.

De l’incompréhension

L’étudiante au certificat en victimologie Laurie-Pier Papineau est retournée vivre chez ses parents dans les Hautes-Laurentides « pour ne pas être seule à Montréal » :« Retourner en ville pour un seul cours par semaine me paraît absurde », estime-t-elle.

 Pour l’étudiante, ces mesures d’assouplissement sont difficiles à comprendre. « Pourquoi est-ce que je pourrais suivre des cours en présentiel avec des gens que je ne connais pas et qui viennent d’un peu partout, si je ne peux pas fêter l’anniversaire d’une personne de ma famille ?, s’interroge-t-elle. Même si le gouvernement ou l’Université veulent bien faire, il y a tellement d’incohérences. »

Gabrielle partage cette incompréhension. « Le gouvernement dit que c’est pour la santé mentale qu’il permet aux étudiants de retourner en classe, souligne-t-elle. Moi, je suis en sciences et mathématiques, et je peux vous dire qu’elle n’est pas là, la santé mentale. Même en présentiel. »

 D’après elle, le retour en classe ne suffira pas à atténuer les problèmes de santé mentale auxquels font face les étudiants depuis le début de la pandémie. L’étudiante aurait préféré voir le gouvernement permettre des rassemblements d’ordre plus privés. « Ils mettent ça en partie sur le dos de l’exclusion sociale, mais la réalité, c’est que ce n’est pas juste la bulle classe qui est problématique, c’est l’isolement à la maison, poursuit-elle. Si le gouvernement permettait aux étudiants de voir des gens chez eux, la santé mentale irait sûrement mieux, même si on n’était pas en classe en présentiel. »