De la salsa, des pains au chocolat et une boîte remplie d’oranges : voilà quelques-uns des aliments ayant évité la poubelle grâce au réfrigérateur communautaire mis sur pied par l’étudiant au baccalauréat en génie civil Émile Lord et l’étudiant au baccalauréat en génie logiciel Sébastien Bernard. « À un moment, on a réalisé qu’on commençait à jeter toujours trop de bouffe chez nous, explique Émile Lord. On a donc essayé de trouver des solutions, un projet qu’on pourrait faire ensemble pour partager toutes ces ressources et réduire le gaspillage alimentaire. » C’est à la suite de leurs débuts dans le monde du déchétarisme [NDLR : pratique qui consiste à trier le contenu des poubelles commerciales pour en dénicher les produits encore comestibles] que les deux étudiants de Polytechnique se sont lancés dans cette aventure.
Le duo s’est tourné vers l’Association des étudiants de Polytechnique, qui les a autorisés à installer le réfrigérateur dans leur local. Plusieurs mois après le début des démarches en janvier 2016, les étudiants ont obtenu une subvention de 1 000 $ en provenance du Fonds d’appui aux initiatives étudiantes (FAIE). « Je crois qu’au niveau de la haute administration, ils encouragent le projet car c’est dans une optique de développement durable », explique Émile.
Un partenariat potentiel
Les deux étudiants veulent pousser le projet plus loin en concluant une entente avec Aramark, l’unique fournisseur de services alimentaires de Polytechnique, afin de récolter la nourriture condamnée à être gaspillée. « Aramark se tourne vers le développement durable car la clientèle commence à le demander, souligne Sébastien. Ils sont donc ouverts à ce type de projet. »
Lorsque questionnée sur la possibilité d’un partenariat semblable avec ses services alimentaires, l’administration de l’UdeM explique qu’une enquête a déjà été menée afin de déterminer l’étendue du gaspillage alimentaire sur le campus. « On s’est aperçu qu’il n’y en avait point, affirme le coordonnateur au Bureau du développement durable de l’UdeM, Stéphane Béranger. Les plats servis et les produits vendus sont en léger sous-nombre ; au final il n’en reste jamais. » L’initiative est toutefois encouragée en raison de son impact potentiel sur la nutrition des étudiants. « Souvent, lorsqu’un problème financier survient, c’est l’alimentation qui écope en premier », souligne M. Béranger.
Un deuxième essai
Une tentative sembable avait été menée au sein du pavillon d’aménagement à l’automne 2015. Selon l’étudiante en architecture Edith Beauvais-Sauro, qui a participé à ce projet, plusieurs facteurs ont fait en sorte que celui-ci n’est plus en place. « Ce n’est pas une cause en particulier, explique-t-elle. C’est une recherche d’espace, un manque de temps. Ça devenait difficile de gérer toutes les composantes du projet. » Elle encourage toutefois les étudiants qui voudraient se lancer dans une pareille entreprise à aller de l’avant.
Émile et Sébastien, de leur côté, espèrent que leur projet sera non seulement adopté par la communauté, mais aussi mis en place au sein d’autres pavillons. « Si les gens veulent démarrer un projet comme celui-ci, il ne faut pas se limiter à la première réponse », affirme Sébastien, soulignant au passage le rôle novateur que peuvent jouer les associations étudiantes en permettant certaines initiatives auxquelles l’administration pourrait se montrer réfractaire.