Concours en suspens

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Par Christophe Perron-Martel
mercredi 2 octobre 2013
Concours en suspens
Crédit: Navid Moqaddam
Crédit: Navid Moqaddam

Y aura-t-il ou non un concours d’architecture pour la conception du Complexe des sciences ? L’UdeM n’a, pour l’instant, pas prit de décision, ce qui n’est pas du goût des professeurs de l’Université.

Si un concours d’architecture devait se tenir à l’UdeM, ce ne serait pas le premier. «Il y en a eu un lors de l’agrandissement de la Faculté de l’aménagement, au moment où l’UdeM est devenue propriétaire du pavillon», affirme le porte-parole de l’UdeM, Mathieu Fillion. «Au Québec, un tel concours n’ est o b l i g a t o i r e qu’auprès du ministère de la Culture. C’est dommage, car le concours d’architecture permet une saine compétition des différentes idées proposées par les participants», déplore le professeur à l’Institut d’urbanisme de l’UdeM Gérard Beaudet. L’étudiante en baccalauréat en architecture Christine Beaudoin Allaire estime qu’un concours serait l’idéal pour réaliser le Complexe Outremont. «Ça pousse les architectes à réinventer les concepts et c’est ça, en quelque sorte, qui fait avancer l’architecture », déclare l’étudiante.

M. Beaudet se montre sceptique quant aux bienfaits des concours d’architecture. «Certains, comme moi, ont des réserves par rapport à ces concours, car le geste architectural prend toute la place, explique le professeur. Un tel concours laisse parfois de côté l’aspect fonctionnel d’un bâtiment, comme le confort des usagers. Les coûts peuvent aussi être mal évalués.»

 Selon lui, des exemples de projets architecturaux qui ont mal tourné ne manquent pas. Il cite l’exemple du Musée des Confluences de Lyon, où les délais de construction auraient été complètement sous-estimés, ou encore la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), dont le plan architectural a dû être revu en cours de route, du fait de l’utilisation de verre dans les poutres. « C’est également le cas de la grande Bibliothèque de Paris qui avait peut-être un projet architectural ambitieux, mais qui est très mal adaptée par rapport à ses fonctions», ajoute Gérard Beaudet.

 Le professeur titulaire de l’École d’architecture de l’UdeM Jean-Pierre Chupin se montre beaucoup plus favorable à un tel concours. Dans le cas du futur Complexe des sciences, il s’explique mal pourquoi l’UdeM ne se lance pas résolument dans cette voie. « Ça devrait aller de soi, s’esclaffe-t-il. À la Ville de Montréal, on le fait pour des projets de bibliothèques de quartier d’environ une dizaine de millions de dollars, alors pourquoi pas pour un projet de cette envergure ?»

Rentable et transparent

Le concours d’architecture serait aussi un bon outil démocratique. « Les controverses entourant le futur campus d’Outremont ne seraient pas résolues avec un concours d’architecture, mais au moins il y aurait plus de transparence dans le débat», juge Jean- Pierre Chupin.

Par ailleurs, M. Chupin trouve que la démarche de l’UdeM manque de clarté et de cohérence. « Il y a quelque chose de pas clair, explique M. Chupin. Je pense que si l’UdeM se targue d’être parmi les cent meilleures universités au niveau mondial, elle se ferait aussi un devoir d’exceller sur le plan architectural.» Les coûts d’un concours d’architecture seraient proches de zéro grâce aux retours publicitaires qu’il engendrerait.

Le concours ne doit pas obligatoirement être approuvé par l’Ordre des architectes du Québec. Si un concours a lieu, c’est le client, ici l’UdeM, qui a le dernier mot pour choisir le gagnant. Le jury a seulement une fonction consultative dans son choix.