L’étudiante au doctorat en anthropologie Pauline Claude avoue avoir eu certaines difficultés lors de ses dernières soumissions de candidature pour une charge de cours. « Tous les étudiants qui n’ont pas accumulé de “points” parce qu’ils n’ont pas eu de charge de cours n’ont aucune chance de passer face à la concurrence, avoue-t-elle. Ça m’est arrivé deux fois. » En vertu de la dernière convention collective appliquée aux chargés de cours, ces points sont obtenus à la suite d’une embauche pour un cours de 45 heures ou par la supervision d’un stage d’au moins 135 heures. Certaines clauses prévoient également que le nombre de cours spécifiquement attribués à des étudiants ne devra pas dépasser 9 % des charges totales.
Le responsable aux affaires externes du Syndicat des étudiant-es salarié-es de l’UdeM (SÉSUM), Hubert Pineault, expose un autre problème potentiel. « Les chargés de cours peuvent s’octroyer eux-mêmes des contrats de correction, remarque-t-il. Ils sont dans des situations relativement précaires, ils ne sont pas très bien payés par rapport à leur charge de travail et peuvent donc s’attribuer des tâches de corrections qui auraient pu revenir à des auxiliaires. » Cet état de fait a traditionnellement été accepté par le SÉSUM, mais certains membres ont déjà questionné la pratique*.
Termes spécifiques
Le président du SCCCUM, Frédéric Kantorowski, mentionne toutefois qu’une place est réservée aux étudiants dans le processus d’embauche. « Dans un certain cadre, les étudiants peuvent obtenir des cours avant les chargés de cours qui ont déjà accumulé des points », ajoute-t-il.
Il précise qu’après l’embauche des professeurs, vient une seconde phase d’appel. « Les étudiants y sont servis et peuvent obtenir des cours qui sont donnés parfois depuis un certain temps par des gens qui ont amassé des points », explique-t-il. Il est pour le moment impossible de savoir si ces clauses seront conservées dans la nouvelle convention collective qui résultera des négociations courantes.
Problème de définition et de statistiques
Pour Pauline Claude, le problème se situe finalement dans la définition des statuts. « On ne fait pas assez la différence entre les chargés de cours et les étudiants chargés de cours », pense l’étudiante. Elle pense que dans cette situation, il faudrait davantage prêter oreille aux problématiques vécues par les étudiants auxquels il serait possible d’assigner des charges de cours.
Cependant, ni le SÉSUM ni le SCCCUM n’ont accès au pourcentage d’étudiants qui sont à la fois membres des deux syndicats. Les besoins sont donc difficiles à évaluer pour les deux organisations. « Avec nos outils, on n’est pas capables de voir qui est qui », mentionne Hubert Pineault. Une situation qu’il croit d’ailleurs favorable à l’administration universitaire, puisque sans les listes de membres, la mobilisation est plus difficile à effectuer.
*Modification en date du 18 octobre 2016: À la suite de vérifications de leur part, le SÉSUM apporte une correction, indiquant que cette pratique est proscrite par la Direction des ressources humaines de l’UdeM et qu’elle n’est pas soutenue par le SCCCUM.