Campus sans nom

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Par Coraline Mathon
mercredi 23 avril 2014
Campus sans nom
En septembre dernier, le gouvernement du Québec a annoncé un investissement de 173 M$ pour la construction du Campus Outremont. (crédit photo : Pascal Dumont)
En septembre dernier, le gouvernement du Québec a annoncé un investissement de 173 M$ pour la construction du Campus Outremont. (crédit photo : Pascal Dumont)

La construction du nouveau campus de l’UdeM sur le site de l’ancienne gare de triage Outremont débutera entre la fin de 2015 et le début de 2016. Le directeur général du développement du Site Outremont, Yves Beauchamp, invite les membres de la communauté universitaire à choisir le futur nom du Complexe des sciences.

«Nous en sommes maintenant à l’étape de trouver un nom évocateur qui traduit la vision du nouveau campus », annonce M. Beauchamp aux membres de l’Assemblée universitaire (AU) réunis le 14 avril dernier. Les employés de l’UdeM ou les étudiants auront jusqu’au 16 mai à 17 heures pour soumettre une idée de nom par le biais d’un site internet mis en ligne pour l’occasion. Un code d’identification valide est nécessaire pour avoir accès au site. Une justification de la proposition d’un maximum de 80 caractères peut être soumise dans le formulaire.

« Le nom actuel doit être changé, soutient le doyen de la Faculté de l’Aménagement et membre du Groupe de travail sur la toponymie de l’UdeM, Giovanni de Paoli. On le nomme site Outremont et cela a une connotation bourgeoise, alors que c’est collé à Parc- Extension, un des quartiers les plus pauvres au Canada.»

Un comité de travail, composé de doyens, de cadres et de professeurs choisira cinq noms pour ensuite les soumettre à la direction de l’UdeM qui prendra l’ultime décision. «On aurait aimé être inclus dans le processus d’idéation, mais malheureusement ça n’a pas été retenu», avoue le secrétaire général de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM), Tiago Silva.

M. de Paoli souligne que le Groupe de travail sur la toponymie ne fera pas de proposition. « Il faut commencer sans limites et ne pas avoir de critères préétablis », juge-t-il.

Pour l’instant, la FAÉCUM n’a pas fait de proposition pour le Site Outremont. « Ils nous ont pris par surprise donc on n’avait pas trop réfléchi, explique Tiago. Je ne sais pas si on va choisir un nom en tant qu’organisation à défendre, mais on va laisser le loisir aux étudiants de répondre à l’appel. »

Certains membres de la communauté universitaire se serviront de cette plateforme comme une tribune pour passer un message à l’Université. «Ma suggestion est le Dix30, propose l’étudiant en philosophie et science politique Xavier Ferrand. Parce que si l’Université est un centre d’achat, autant être le meilleur.»

Processus régulé

En temps normal, tout membre de la communauté universitaire a en tout temps la possibilité de proposer de renommer un pavillon ou une voie d’accès de l’UdeM en s’adressant à son doyen. S’il la juge pertinente, celui-ci remet cette proposition au Groupe de travail sur la toponymie, qui analyse la requête.

Dans ce cas-ci, les critères habituels, qui établissent qu’un pavillon ou une voie d’accès de l’UdeM doivent porter un nom de personne ne s’appliqueront pas croit Giovanni de Paoli. «Les gens cherchent des lieux auxquels s’identifier et pas des noms, pense-t-il. On dit plutôt je vais à la montagne ou la mer et rarement le nom du petit village où on va.»

Tiago Silva abonde dans le même sens. «Je pense que l’objectif est de trouver quelque chose de générique et non axé sur un personnage historique, soutient-il. De toute façon, ça ne semble pas pour l’instant être un pavillon qui sera financé par des donateurs privés, donc ce ne sera pas axé là-dessus.»

Pour M. de Paoli, il est évident que le nom d’un lieu a toujours un impact, mais que celui-ci est difficile à évaluer à l’avance. « C’est l’histoire qui jugera de la pertinence, expose-t-il. La société pourra toujours choisir de nommer ce lieu différemment que par le nom choisi par l’institution. » Selon lui, peu importe le choix final, il y a aura des critiques.

CORALINE MATHON
en collaboration avec
ANNE-MARIE PROVOST et
DOMINIQUE CAMBRON-GOULET