Bâtir ses relations

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Par Michaele Perron-Langlais
lundi 27 février 2017
Bâtir ses relations
L'étudiante à la maîtrise en architecture Camille Lefebvre. Crédit photo : Marie Isabelle Rochon.
L'étudiante à la maîtrise en architecture Camille Lefebvre. Crédit photo : Marie Isabelle Rochon.
La série « Un étudiant, une inspiration » permet aux étudiants de l’UdeM de faire découvrir une figure emblématique de leur discipline et son apport à leur parcours. Dans ce numéro, l’étudiante à la maîtrise en architecture Camille Lefebvre se livre sur le Studio Gang et sa fondatrice, l’architecte américaine Jeanne Gang.

Quartier Libre : Comment as-tu commencé à t’intéresser au travail de Jeanne Gang ?

Camille Lefebvre : Dans un de mes cours, on avait discuté d’un des projets de sa firme, le Studio Gang. Ça m’avait intriguée. J’ai fait plus de recherches et j’ai découvert une pratique fascinante. En plus, l’architecture est un milieu où on manque cruellement de modèles féminins. Voir une architecte qui a sa propre firme, qui est reconnue internationalement et qui fait des projets extrêmement intéressants, ça a piqué ma curiosité.

Q. L. : Pourquoi crois-tu qu’il est important d’avoir des modèles comme Jeanne Gang ?

C. L. : Comme les femmes ont eu accès à la profession de façon tardive, dans les cours d’histoire de l’architecture, on ne parle que des hommes. Même quand on étudie les pratiques contemporaines, il est question de quelques femmes, mais très peu. Encore aujourd’hui, les prix d’architecture les plus importants sont majoritairement remportés par des hommes. En tant qu’étudiante en architecture, c’est parfois difficile d’être convaincue qu’il est aussi facile pour une jeune femme que pour un jeune homme d’accéder à la profession. C’est en train de changer, mais il s’agit encore d’un milieu sexiste. Avoir des modèles comme Jeanne Gang, ça fait du bien, c’est encourageant.

Q. L. : Toi, personnellement, qu’est-ce qui t’inspire dans son travail ?

C. L. : Elle expérimente beaucoup avec les formes, les types de matériaux et les concepts. Ce qui me fascine, c’est que le Studio Gang approche chaque projet d’une manière unique.

Plusieurs architectes reconnus internationalement ont une signature, un élément qui revient dans chacune de leur création. Certaines villes vont payer très cher pour se faire construire un musée signé par ces « starchitectes ». Je pense que le Studio Gang aurait pu tomber là-dedans, mais ils ne l’ont pas fait et je trouve ça vraiment admirable. Ils choisissent leurs projets avant tout pour les gens, et non pour la réputation ou pour l’argent. Chaque fois, ils repartent de zéro. L’angle d’approche est vraiment distinct pour chaque projet grâce à ça.

Q. L. : Qu’est-ce qui la distingue des autres architectes selon toi ?

C. L. : La façon qu’a Jeanne Gang de pratiquer l’architecture est rafraîchissante. Elle est très polyvalente dans les types de projets qu’elle entreprend. Ça va du centre communautaire à la tour de plusieurs millions de dollars. C’est une femme qui est reconnue internationalement, mais qui est restée terre à terre. Elle parle beaucoup de la façon dont l’architecture permet de construire des relations entre les gens et leur environnement. C’est quelque chose de vraiment central dans sa pratique.

Q. L. : Y a-t-il un projet concret que tu as réalisé en pensant à Jeanne Gang ?

Son travail m’inspire de manière plus générale. Bien que l’on soit entourés de référents, en architecture, l’objectif est de ne pas les copier, de développer notre propre approche. On essaie donc de ne pas trop penser à un ou une architecte en particulier lorsqu’on travaille sur nos projets.

Q. L. : Est-ce que son travail est souvent enseigné dans le monde universitaire ?

C. L. : Malheureusement, c’est une architecte qui est peu connue des étudiants. On a parlé brièvement en classe d’un projet du Studio Gang pour illustrer des techniques de conceptions particulières, mais on a très peu parlé de Jeanne Gang et de l’histoire de sa firme. Pourtant, c’est une entreprise qui a beaucoup à dire et à donner.