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En plus des photos, des maquettes et des documents d’archives seront exposés. (Crédit photo : Mathieu Gauvin)

Anglais à HEC : divergences d’opinion

Selon le professeur de management à HEC Montréal Omar Aktouf, le problème ne vient pas seulement du fait que la langue anglaise soit de plus en plus utilisée dans les salles de classe, mais aussi de la mentalité qui vient avec celle-ci. « Une langue, ce n’est pas que des mots et du vocabulaire, c’est également une vision du monde, dit-il. En donnant les cours en anglais, on s’approprie la vision américaine des affaires très centrée sur l’individualisme, où l’on voit le travailleur et le citoyen comme des robots employables. »

Depuis 2012, HEC Montréal offre aux étudiants la possibilité d’un baccalauréat en administration des affaires (BAA) bilingue anglais-français, qui s’ajoute au baccalauréat trilingue avec cours d’espagnol ouvert en 2005. À ce cursus bilingue s’ajoutent le MBA que l’on peut faire entièrement en anglais ainsi que les maîtrises en logistique internationale et en affaires internationales. « Voyez les modèles européens ou japonais : jamais on n’enseigne des programmes en anglais dans ces pays et pourtant, ils sont très compétitifs dans le milieu des affaires », renchérit M. Aktouf. Selon lui, l’école de gestion s’adapte selon une fausse perception qu’il n’y a pas d’autres langues des affaires que l’anglais.

Certains étudiants rencontrés ne perçoivent pas l’augmentation des cours en anglais de la même manière. « Je ne vois pas le problème, explique l’étudiant au BAA Alexandre Goyer. Le milieu des affaires privilégie l’anglais, donc je pense que c’est une bonne chose qu’il y ait la possibilité de faire une partie de la formation en anglais. »

Pour la directrice des études à HEC Montréal, Michèle Breton, ce n’est pas d’hier que l’École met de l’avant les apprentissages dans d’autres langues. « Lorsque l’École fut créée, il y a plus de 100 ans, la licence offrait déjà des cours en anglais, en italien, en espagnol, explique-t-elle. Se préoccuper des langues d’affaires n’est pas nouveau. »

Un baccalauréat populaire

Le BAA bilingue connaît d’ailleurs une popularité grandissante. Cet automne, la part des étudiants dans ce programme était égale à celle des inscriptions dans le BAA unilingue francophone, soit 45 % des inscriptions chacun, d’après les chiffres obtenus par le Journal de Montréal. HEC précise toutefois qu’aucun cours ne peut être offert en anglais au BAA si ce cours n’est pas également disponible en français. Les enseignements de spécialisation y sont donc presque exclusivement en français.

« L’avantage d’avoir un baccalauréat bilingue, c’est que des étudiants francophones qui seraient normalement allés à Concordia ou à McGill peuvent suivre une partie de leur formation en anglais ici », soutient Mme Breton. La directrice des études considère qu’il est rassurant, pour un étudiant francophone du Québec, de faire une partie de sa formation en anglais plutôt que d’être en immersion complète.

L’École reçoit aussi près de 500 étudiants en échange, dont la plupart ne sont pas francophones. « En tant qu’étudiante américaine anglophone, j’ai justement choisi HEC Montréal pour son identité francophone et pour le choix de faire mes études dans les deux langues, explique l’étudiante au MBA Anne Shiraishi. Je trouve cet environnement pertinent pour le monde des affaires, ici au Québec et ailleurs. »

Bien qu’elle soit secrétaire de l’Association des étudiants au MBA (AEMBA), Anna n’a cependant pas répondu à Quartier Libre au nom de celle-ci, qui a refusé de commenter le dossier de même que les associations de premier cycle et de cycles supérieurs.

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