À livres ouverts

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Par Alexis Lapointe
mercredi 9 avril 2014
À livres ouverts
selon bruno Lalonde, le livre numérique ne remplacera jamais l’âme du livre papier. (crédit photo : Isabelle Bergeron)
selon bruno Lalonde, le livre numérique ne remplacera jamais l’âme du livre papier. (crédit photo : Isabelle Bergeron)

Plusieurs libraires du quartier Côte-des-Neiges affirment que les étudiants constituent le noyau dur de leur clientèle. De la Librairie des Sciences sociales du pavillon 3200, Jean-Brillant au Renaud- Bray, en passant par la Librairie Olivieri et Le Livre Voyageur, Quartier Libre a pris le pouls de la fréquentation de ces lieux d’effervescence intellectuelle par les étudiants de l’UdeM.

Si la Librairie des Sciences sociales demeure incontournable, sa mission se li – mite toutefois aux études universitaires. « En dehors des livres obligatoires, les étudiants viennent principalement chercher des ouvrages complémentaires aux cours, explique la gérante Mélanie Primeau. On vend aussi beaucoup de revues de réflexion.»

Résidente de Côte-des-Neiges, l’étudiante au certificat de rédaction Joannie Roberge Labrecque se tourne principalement vers la librairie Olivieri tout en furetant parfois chez Renaud-Bray et dans des librairies d’occasion. «Ma relation avec les libraires est essentielle et constitue mon premier critère de sélection, affirme-t-elle. Je cherche un service simple et efficace, mais je tiens à échanger avec des passionnés du livre.»

Gérant chez Renaud-Bray Côte-des- Neiges, Jean-Michel Drouet affirme que les étudiants fréquentent beaucoup cette librairie, laquelle constituait la première succursale de la chaîne à l’époque où elle s’est installée dans le quartier, il y a de cela plus de trente ans. «Beaucoup de personnes viennent à nos lancements de livres, explique-t-il. Je pense qu’ils apprécient l’ampleur des choix offerts sur les étalages.»

La librairie Olivieri attire également une clientèle universitaire importante lors des causeries et des débats qu’elle organise. « Le 31 mars dernier, le lancement du livre La fin de l’État de droit de Frédéric Bérard, professeur à la Faculté de droit de l’UdeM, a attiré 150 personnes chez Olivieri, majoritairement des étudiants », souligne le propriétaire Yvon Lachance.

Une oasis intellectuelle

Le Livre Voyageur, une librairie spécialisée en livres anciens et d’occasion, constitue une véritable oasis pour plusieurs étudiants. «Ma première librairie était sur la rue Lacombe. Elle a ouvert ses portes en 1996, relate le propriétaire, Bruno Lalonde. Les étudiants constituent la moitié de ma clientèle. Plusieurs viennent régulièrement durant l’année universitaire, mais je suis toujours surpris par leur fidélité. Nombre d’entre eux reviennent souvent l’été, et j’en revois d’autres après leurs études.»

L’étudiant au baccalauréat en philosophie et politique Vincent Painchaud fréquente assidûment la librairie. «Au début, c’était un rapport de client, dit-il. Avec le temps, c’est devenu un rapport d’ami à ami. Tous les habitués forment une grande famille.»

L’étudiant au baccalauréat en études classiques à l’UdeM Vincent Nicolini vient aussi de temps à autre à la librairie de M. Lalonde. « J’aime l’esprit des lieux et je reviens autant pour le plaisir des rencontres qu’on y fait que pour celui de découvrir des livres que je ne pourrais trouver ailleurs», affirme-t-il.

Selon M. Lalonde, la librairie doit être un espace de rencontres pour les gens qui ont un rapport affectif avec le livre, les gens qui en lisent et ceux qui en écrivent. « Beaucoup d’étudiants et de professeurs peuvent se retrouver ici dans un rapport informel, mais d’égalité face aux livres», explique-t-il.

L’âme du livre papier

Il reste à savoir si l’intérêt des étudiants pour les librairies de Côte-des- Neiges perdurera malgré la révolution engendrée par l’avènement du livre numérique. « Les étudiants lisent de plus en plus dans internet, remarque l’enseignante au certificat de rédaction Carole Boisvert. Il est plus rapide de cliquer que de tourner les pages.»

Néanmoins, l’âme du livre papier demeure difficile à remplacer. «Le livre a toujours été et restera l’apanage des résistants », croit Bruno Lalonde. Ainsi, plusieurs étudiants de l’UdeM semblent bien déterminés à lui laisser une place de choix.

 

QUARTIER L!BRE A DEMANDÉ À 52 ÉTUDIANTS:
Combien de livres achetez-vous par année?
• Entre 0 et 2 : 8
• Entre 2 et 5 : 13
• Entre 5 et 10 : 20
• Entre 10 et 20 : 8
• 20 et +: 3