Des cendriers sont présents à toutes les portes d’entrée des bâtiments de l’UdeM. D’un autre côté, aucun service n’est offert aux étudiants qui veulent arrêter de fumer.
Le Centre de santé de l’UdeM n’offre actuellement aucun service d’aide aux étudiants désireux d’en finir avec leur dépendance à la cigarette. Les étudiants qui souhaitent recevoir une aide professionnelle doivent se tourner vers des hôpitaux ou des Centres locaux des services communautaires (CLSC) de l’île de Montréal.
Directrice du Centre de santé et de consultation psychologique de l’UdeM, France McKenzie convient que le tabagisme chez les étudiants n’est pas un enjeu vraiment intégré dans les services offerts par la clinique. Elle confie cependant que c’est un phénomène auquel le centre « devrait s’intéresser davantage ».
Manque de ressources à l’UdeM
En prenant l’exemple d’un étudiant qui viendrait chercher de l’aide pour arrêter de fumer, Mme McKenzie déclare ouvertement que le centre est dépourvu d’un soutien à ce niveau. « Je comprends avoir des limites pour l’aider actuellement», dit-elle. Aucun service n’est pour l’instant formulé dans ce sens. Au mieux, l’infirmière peut rediriger l’étudiant vers un centre de cessation tabagique.
Aucun sondage n’a permis de vérifier si un tel service était demandé par la clientèle estudiantine. «Il ne doit pas y avoir eu tant de demandes que cela », présume Mme McKenzie, ce qui expliquerait pourquoi la possibilité d’offrir ce type de service n’a pas été envisagée plus tôt.
À présent, une seule infirmière dessert la clientèle du Centre et oriente les étudiants auprès de l’un des professionnels en nutrition, en aide psychologique, en physiothérapie ou en consultation médicale.
Un soutien continu à Concordia
Dans la Clinique de santé de l’Université Concordia, les patients sont accueillis par l’un des quatre préposés à la réception. Dans un bureau, la spécialiste en promotion de la santé, Gabriella Szabo, révise une présentation PowerPoint sous le thème Critical Thinking (Pensée critique), qui sera présentée sous peu dans une classe. L’atelier vise à stimuler le jugement des étudiants quant à certaines de leurs actions, dont fumer.
Mme Szabo explique que l’existence du pro- gramme de sevrage tabagique comble un besoin important, puisque selon des recherches, notamment celles menées par le International Tobacco Control (ITC), 60 % des fumeurs qui ont l’intention d’arrêter de fumer envisagent de le faire dans les six mois.
Deux services sont offerts dans le cadre de ce programme. D’une part, il y a le guide d’accompagnement To Quitting Smoking For Good (Pour arrêter de fumer pour de bon), qui a pour objectif de sensibiliser l’étudiant sur l’importance de la gestion émotionnelle lors du sevrage. L’étudiant peut aussi avoir recours à des rencontres individuelles hebdomadaires pendant un mois avec l’une des deux spécialistes du programme. Celle-ci applique alors l’approche dite « entrevue motivationnelle », qui vise à alimenter la détermination et la persévérance du bénéficiaire du programme.
La spécialiste en promotion de la santé note que la cessation de la cigarette engendre d’autres bonnes habitudes de vie, notamment le désir de mieux manger et d’être plus actif physiquement. Elle précise également que le rôle des infirmières et des médecins qui recommandent continuellement aux étudiants d’arrêter de fumer est un renforcement important pour démotiver l’étudiant de poursuivre dans cette voie.
S’aligner aux besoins des fumeurs
Étudiante au baccalauréat en enseignement préscolaire et primaire à l’UdeM Stéphanie Boyde souhaite diminuer progressivement sa consommation de cigarettes jusqu’au jour où elle n’en aura plus besoin. Elle avait pensé s’inscrire à la dernière campagne «J’arrête, j’y gagne » pour se motiver, dit-elle, mais « par manque de temps et d’outils mentaux », elle s’est désistée.
Pneumologue et médecin-conseil en matière de tabagisme à la Direction de la santé publique de Montréal André Gervais participe aussi à la gestion du Centre d’abandon du tabac (CAT). Ce centre destiné au public fait partie intégrante des projets du Centre hospitalier de l’UdeM (CHUM) et se retrouve à treize endroits distincts dans la ville montréalaise.
Même si cette alliance avec le CHUM peut laisser croire qu’un partenariat est de mise entre le CAT et l’UdeM, M. Gervais souligne qu’aucune entente n’a été faite entre ces deux partis. « Ce serait une très bonne idée », lance le pneumologue à propos d’un possible accord. « C’est au centre de santé de décider s’ils veulent le faire », ajoute-t-il. Il reconnaît que le réseau universitaire n’a pas porté d’intérêt à la mission du CAT, alors que sa dernière visite de sensibilisation sur le campus remonte à plus de sept ans à l’École polytechnique.
Le pneumologue se montre disposé à assister le centre si besoin est. Il envisage une collaboration avec l’équipe. « On pourrait les aider et former les professionnels de la santé, dont les infirmières, pour [qu’elles puissent] faire une intervention [auprès des étudiants] », conclut-il.
L’étudiante Stéphanie Boyde n’est pas certaine de la date à laquelle elle aura recours à des services d’un centre comme le CAT. Cependant, elle avoue qu’il serait plus approprié d’avoir des services directement sur le campus. «Je ne suis pas de la ville », ajoute-t-elle. Elle soutient qu’un service de proximité permet d’économiser du temps.
Dans une récente étude, la chercheuse sur la dépendance à la nicotine de l’UdeM Jennifer O’Loughlin déclare que les campagnes de lutte au tabagisme devraient viser les jeunes adultes, et non plus seulement les adolescents. C’est aussi parfois à l’âge adulte qu’une personne commence à fumer. L’étude démontre que les personnes impulsives, qui n’obtiennent pas de bons résultats scolaires ou qui consomment régulièrement de l’alcool, sont plus à même de commencer à fumer.