Volume 23

Le gouvernement canadien met à disposition des aînés un régime d’encouragement à l’éducation permanente (REEP) pour financer leurs études.

L’école à tout âge

« Pour moi, les études, ça permet une meilleure structure de pensée et ça me permet aussi en vieillissant de moins m’encroûter, de ne pas garder les mêmes concepts et de me “challenger” », explique l’étudiante au certificat en gestion philanthropique Lise Proulx, âgée de 54 ans. Cette directrice par intérim de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC fait partie des quelque 1 000 étudiants âgés de 50 ans et plus que compte la Faculté d’éducation permanente, sur environ 15 000 membres.

Pour d’autres, l’université leur offre une ­se­conde chance. L’étudiante au certificat en gestion philanthropique Sylvie Bourbonnière, âgée de 49 ans, n’est pas retournée à ­l’université uniquement pour le plaisir d’apprendre. « Je devais réorienter ma carrière après une perte d’emploi, explique-t-elle. C’est une conseillère d’orientation qui m’a guidée vers cette formation. »

Des programmes ajustés

Pendant que certains se tournent vers des études universitaires créditées, d’autres ont trouvé un moyen d’apprendre sans pour autant recevoir un diplôme. Au Québec, il existe plusieurs universités du troisième âge comme à l’Université Laval ou l’Université de Sherbrooke. Celle-ci possède 28 antennes dans la province. « L’université du troisième âge, c’est un mouvement international qui a démarré à Toulouse en France il y a une qua­rantaine d’années et qui a des ramifications un peu partout à travers le monde » , explique la conseillère pédagogique à l’Université du troisième âge (UTA) à Sherbrooke Cristina Lagüe.

L’université du troisième âge gagnerait en popularité avec l’arrivée des baby boomers. « On voit une croissance de 5 % par session, on doit refuser fréquemment des demandes », révèle Mme Lagüe. Dans ces programmes, les étudiants ont entre 50 et… 100 ans. La programmation des cours offerts est donc variée, allant de l’histoire de l’art à la géopolitique.

À l’UTA, la majeure partie des étudiants est retraitée et la clientèle est constituée à 60 % d’anciens diplômés universitaires.« Ils sont vraiment de beaux modèles de retour sur les bancs de ­l’école, ce sont des gens qui sont actifs, précise Mme Lagüe. Ces étudiants sont passionnés par des sujets qu’ils n’ont pas eu le temps d’approfondir à cause leur vie professionnelle chargée. »

Des expériences enrichissantes

Ceux qui ont la possibilité d’étudier à l’UdeM semblent enthousiastes à l’idée de se mélanger aux plus jeunes générations. « Je me sens quand même loin des gens du troisième âge, même si c’est drôle à dire, s’amuse Sylvie. J’ai des camarades qui ont la vingtaine. Quand, en cours, les professeurs abordent des sujets politiques ou sociaux, certains n’étaient même pas nés, ce qui donne parfois lieu à des situations qui me font sourire. »

Lise trouve également son expérience positive. « Je me sens à ma place à la Faculté d’éducation permanente, ce sont tous des gens de différents horizons, je trouve qu’avoir un éventail d’âge, c’est très enrichissant » , décrit-elle.

L’UTA de Sherbrooke compte en­viron 13 000 étudiants au Québec. Certains y étudient depuis une vingtaine d’années.

coulisses de l’article

Lors de l’appel à témoignages auprès des aînés de l’UdeM, Quartier Libre a été contacté exclusivement par des étudiants au certificat en gestion philanthropique. Pourquoi ?

« La demande est croissante dans ce milieu, car le nombre de professions dans l’engagement social augmente ces dernières années et c’est un phénomène encore récent au Québec, explique la conseillère en communication de la FEP, Catherine Gascon. Cependant, nous ne pouvons pas dire qu’il y a un lien avec l’âge, il y a toutes sortes de facteurs. »

Carole Leblond, 52 ans, a travaillé durant 20 ans dans les relations publiques. Elle a choisi ce programme pour améliorer ses compétences dans ce domaine.« Je suis dans la force de l’âge et j’ai beaucoup à apporter à la communauté et au milieu du travail, rapporte-t-elle. Il n’y avait pas de formation avant en philanthropie et maintenant l’UdeM la donne. » Les certificats les plus choisis des personnes de 50 ans et plus sont : gérontologie (18 %), études individualisées et gestion philanthropique (17 %). En comparaison, le certificat en publicité n’accueille que 2 % d’aînés.

Source : Catherine Gascon

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