Chaque 6 décembre, des commémorations autour de la tragédie de Polytechnique ont lieu sur notre campus. Cette année, à l’occasion des 25 ans de ce triste événement, Quartier Libre a tenté de comprendre quelle place occupent les femmes dans le monde universitaire d’aujourd’hui. Nous avons donc adopté la rose blanche en une, symbole des commémorations de ce triste événement.
Si l’École polytechnique de Montréal est encore dernière de classe en ce qui a trait à la fréquentation des femmes, on remarque que celles-ci sont désormais bien présentes dans tous les programmes universitaires. Non seulement certains programmes sont fréquentés presque entièrement par des femmes, mais très peu ont de fortes majorités masculines.
Pourquoi donc vous présenter ce numéro spécial femmes ? Parce que ce n’est pas dans toutes les sphères de la vie universitaire que la parité est atteinte. On remarque que les associations étudiantes par exemple font encore souvent office de boys club et que les professeurs sont encore très majoritairement des hommes. Pour ce corps de métier, il ne s’agit peut-être que d’une question de temps, mais il est important de remarquer que le manque de femmes professeures constitue aussi une carence de modèles pour les étudiantes qui hésitent à se diriger au doctorat.
En scrutant le passé des femmes à l’UdeM, il est toutefois intéressant de remarquer comment la situation a évolué. Avant les années 1950, il était courant de voir des femmes fréquenter l’université afin de se trouver un mari. C’est une situation qui prévaut encore aujourd’hui, ailleurs dans le monde comme au Kirghizstan.
En 1945, les femmes n’étaient même pas membres de l’Association générale des étudiants de l’UdeM (AGEUM). Pour la grande majorité des étudiants, les droits des femmes sont acquis. Ainsi, un tel fait relève pour nous de l’anecdote et peut être pris avec une touche d’humour. Par contre, en retournant dans le passé, on peut remarquer que l’université suivait les mêmes normes que le reste de la société.
L’université est-elle donc vraiment à l’avant-garde comme on le prétend souvent ? Son effervescence intellectuelle lui permet effectivement de sortir des sentiers battus, mais l’importance et l’âge des institutions comme l’UdeM les empêchent souvent d’évoluer rapidement. Notons que le droit de vote des femmes avait été accordé par le gouvernement fédéral plus de 25 ans avant que les femmes ne deviennent membres de l’AGEUM. Aux élections provinciales, c’était cinq ans auparavant.
En relisant des publications du Quartier Latin des années 1940 et 1950 pour en apprendre davantage sur la situation des femmes à l’UdeM, je me suis pris au jeu de propulser ce numéro de Quartier Libre 70 ans dans le futur. Je me demande si les générations futures riront autant que moi d’un climat social qui nous paraît aujourd’hui arriéré. Mais je souhaite surtout que les gens auront le même étonnement en lisant ce numéro que celui que j’ai eu en lisant ceux de Quartier Latin. Espérons donc que la situation des femmes jugée acceptable aujourd’hui deviendra inacceptable dans 70 ans.