Volume 21

philippe-jacques bilodeau (crédit photo : Charles-Antoine Gosselin)

En mode université

Si certains étudiants arborent un style soigné quand ils se rendent à l’université, d’autres se soucient très peu de leur apparence dans les salles de classe. Selon une étude du Conseil du patronat canadien parue en 2010, les étudiants canadiens dépenseraient en moyenne 78 $ par mois pour des vêtements. Classique, décontracté ou tendance, où se situent les étudiants des autres campus montréalais ?

«Il est plus facile d’observer des différences vestimentaires entre francophones et anglophones qu’entre les différents établissements d’enseignement, estime la sociologue et professeure agrégée à l’UdeM Barbara Thériault. Tout le monde a l’impression d’avoir son propre style, mais en fait, tout le monde se ressemble.» Cette affirmation prend tout son sens dans l’observation des tendances universitaires ou professionnelles.

Selon la sociologue, il est difficile d’observer le phénomène de l’intérieur, comme l’indique l’étudiant en génie mécanique à l’Université Concordia Mark Twain. «Je dirais que, dans mon programme, il n’y a pas de style particulier porté en classe, soutient-il vêtu d’un jean marine et d’une veste de sport noire. Par contre, je vois des gens avec des suits à John Molson.»

Des étudiants caméléons

Florencia sosa rey (crédit photo : Charles-Antoine Gosselin)
Florencia sosa rey (crédit photo : Charles-Antoine Gosselin)

Le style de vêtements des étudiants ne dépend pas que de la discipline étudiée, il peut aussi varier en fonction des cours suivis au quotidien ou d’autres activités. «Je m’habille en fonction de la tâche à accomplir dans la journée, explique l’étudiante au baccalauréat en art studio à l’Université Concordia Florencia Sosa Rey. Aujourd’hui, je vais faire de la soudure, donc je vais m’habiller en noir.»

Elle ajoute que l’éventail de styles vestimentaires de son programme est éclectique et que l’apparence des étudiants qui y sont inscrits est toujours soignée. « L’habillement dépend aussi des événements auxquels nous assistons comme une exposition ou un travail en atelier», illustre-t-elle.

Même constat pour l’étudiante au baccalauréat en administration à l’École des sciences de la gestion à l’UQAM Julie Amyotte. Désirant afficher son sérieux professionnel devant ses comparses, elle affirme que son habillement change en fonction de ses cours. «Même si, ce matin, je porte des running shoes jaunes, ce n’est pas ce que je mettrai demain pour mon cours de commerce, avoue l’étudiante. Ce sera plutôt souliers noirs et pantalon sombre.» Bien qu’elle se considère comme indépendante dans son habillement, elle nuance ses propos quand il est question de séduction derrière l’accoutrement. «Ça dépend s’il y a des gens qui m’intéressent», assure-t-elle.

Selon la sociologue, cela illustre bien la dualité existant entre l’affirmation de soi et la vie en société. «Si on le fait remarquer, on nous donne souvent des raisons pragmatiques, assure la sociologue. Nous nous ressemblons plus que nous ne pensons, ne nous en déplaise.»

Du style avant toute chose

Certains étudiants accordent une grande importance à la tenue vestimentaire. Quel que soit le cours auquel il assiste, l’étudiant au baccalauréat en sociologie à l’UQAM et mannequin Alexandre Deregel soigne particulièrement son style vestimentaire à l’université. «C’est pour me démarquer, pour peut-être me faire voir, car même ceux qui disent avoir leur propre style finissent par respecter un certain code», soutient l’étudiant. Il considère que les gens de son programme arborent un style un peu hippie ou hipster.

Philippe-Jacques Bilodeau (crédit photo : Charles-Antoine Gosselin)
Philippe-Jacques Bilodeau (crédit photo : Charles-Antoine Gosselin)

Pour d’autres, l’université est l’occasion de changer quelques aspects de leur habillement. L’étudiant en génie mécanique à l’École supérieure de technologie (ÉTS) Philippe- Jacques Bilodeau affirme que son style a changé depuis son arrivée à l’université. «Je porte de moins en moins de casquettes pour aller à l’école, avoue-t-il. La mentalité du métier entre en moi, c’est normal.»

Toutefois, tous les étudiants ne soignent pas leur style à l’université. D’origine française, l’étudiante à la Faculté des arts à McGill Aline Mesnier ressent beaucoup moins de pression à Montréal en ce qui a trait à la tenue vestimentaire. «Je trouve beaucoup d’habits dans les friperies, déclare l’étudiante. Montréal, c’est vraiment bien pour ça.» Elle considère son style comme désinvolte. L’étudiante raconte ne pas avoir dépensé de sommes considérables en vêtements au cours des dernières années. «Je fais énormément de recyclage», avoue-t-elle.

Aline Mesnier (crédit photo : Charles-Antoine Gosselin)
Aline Mesnier (crédit photo : Charles-Antoine Gosselin)

Même si un style décontracté est adopté par la majorité des étudiants, certains sont orientés vers la mode. Le site collegefashionista.com est axé sur le style des étudiants sur les campus du monde entier. «Le site a pour but de permettre aux étudiants de voir les tendances partout dans le monde, et de les incorporer à leur garde-robe», reconnaît la rédactrice en chef Amy Levin. Le blogue contribue à une certaine convergence internationale de l’habillement sur les campus.

McGill est la seule université montréalaise à tenir une section mode sur son webmédia leacock.com. La rubrique Campuspot est une galerie de photos qui recense le style d’étudiants du campus.

ROUTINE ET CONSOMMATION
Quartier Libre a interrogé 30 étudiants sur leurs habitudes vestimentaires.

Combien de TEMPS mettez-vous pour choisir vos vêtements?
moins de 5 minutes • 16
moins de 10 minutes • 7
moins de 15 minutes • 3
moins de 20 minutes • 3
plus de 20 minutes • 1

Quel est votre BUDGET vestimentaire mensuel?
50 et moins $ • 20
plus de 50 $ • 4
100 $ et plus • 6

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