La Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM) entame une campagne pour changer le processus de nomination du recteur de l’UdeM. Selon elle, la façon de faire actuelle manque de transparence et gagnerait à être plus démocratique.
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«La consultation mise en place pour choisir un recteur est accessoire, dénonce le secrétaire général de la FAÉCUM, Tiago Silva. Les recommandations faites au Conseil de l’Université dans le passé n’ont pas toujours été respectées.» Cette situation s’est notamment produite lors de la nomination de Guy Breton en 2010 par le Conseil, alors qu’il était le quatrième choix de l’Assemblée universitaire consultée pour l’occasion.
Selon le secrétaire général, le processus est pire quand le recteur en place projette de réaliser un second mandat, comme c’était récemment le cas. «Au bout du mandat de cinq ans, il est impossible de présenter des candidats contre le recteur sortant s’il souhaite poursuivre », critique Tiago Silva. Guy Breton a été réélu sans opposition le 24 février dernier après un vote unanime du Conseil de l’Université en sa faveur. «Cette situation sous-entend que dix ans de rectorat à l’UdeM sont facilement réalisables si une personne entretient de bons liens seulement avec le Conseil de l’Université», reproche-t-il.
Le délégué de l’Association étudiante de service social de l’UdeM (AESSUM) Yann Panneton suggère par exemple que les exécutifs des associations étudiantes aient un droit de vote lors de l’élection du recteur. «Au-delà d’une consultation restreinte, chaque groupe de la communauté universitaire devrait avoir la possibilité de participer directement à l’élection du recteur», affirme-t-il.
Ouverture du ministre?
La FAÉCUM espère faire modifier la charte de l’UdeM pour y inclure un collège électoral dans l’élection du recteur. Elle souhaite s’inspirer de celui de l’Université Laval [voir page ci-contre], qui représente tous les groupes de l’Université. «C’est celui qui a la plus forte représentation étudiante. Il y a environ 25 étudiants avec droit de vote sur environ 140 personnes», mentionne Tiago Silva. La décision du collège électoral est ensuite finale. Le conseil d’administration de l’Université Laval ne peut pas la renverser.
Modifier la charte nécessiterait toutefois un changement législatif de la part du gouvernement. «Nous avons envoyé une lettre au ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, Pierre Duchesne, pour demander une rencontre, précise le secrétaire général. Sa chef de cabinet désire nous rencontrer pour en discuter.» Les élections provinciales rendent toutefois incertain le moment de la rencontre. Selon Tiago Silva, M. Duchesne a manifesté un début d’ouverture lors d’une discussion informelle il y a quelques semaines. « Lorsque nous l’avons rencontré, il semblait y avoir une certaine ouverture, mais il ne s’est prononcé sur rien, précise-t-il. Il a accepté d’écouter nos revendications et a manifesté le désir de nous rencontrer. » En raison des présentes élections, le ministre Duchesne n’a pas pu répondre aux questions de Quartier Libre.
La FAÉCUM fait actuellement campagne avec les syndicats de l’UdeM et l’Association générale des étudiants et étudiantes de la Faculté de l’éducation permanente (AGEEFEP). Le Conseil syndical de l’UdeM a adopté à l’unanimité, le 28 février dernier, une résolution pour négocier avec le gouvernement l’inclusion d’un collège électoral dans la charte de l’UdeM. «Cela fait des années que nous sommes mécontents du processus actuel, il n’est pas démocratique», souligne le président du Syndicat général des professeurs et professeures de l’UdeM, Jean Portugais. Avant Guy Breton, la nomination de Luc Vinet comme recteur en 2005 contre l’avis de la communauté universitaire avait soulevé la colère de plusieurs sur le campus.
La FAÉCUM n’a pas encore commencé à récolter des appuis à l’extérieur du campus. «Pour l’instant, le plan est de faire des rencontres formelles et s’il n’y a pas de volonté politique pour changer la charte, nous allons voir quelles actions nous pouvons mettre de l’avant», explique Tiago Silva. Il mentionne notamment des actions sur la place publique comme prochaine étape.