Campus

(illustration : Mélaine Joly)

Dérapage et course du GRA

La course du GRA, organisée pour les étudiants de première année à HEC, est un rite d’intégration bien peu connu des autres étudiants de l’UdeM. Jusqu’à maintenant, les activités étaient tenues secrètes de l’administration. À cause des dérapages des années précédentes, le Comité des sports et loisirs (CSL) qui organise l’événement est dans l’obligation d’avertir la direction de HEC de la teneur des défis.

La course du GRA, dont l’acronyme signifie «Groupe recrue de l’année», s’apparente à un championnat pour les étudiants en première année de baccalauréat à HEC. À l’instar du Carnaval de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM), les participants sont regroupés en équipes représentant chacune des classes et doivent obtenir le maximum de points à travers des défis se déroulant pendant les deux sessions. Le GRA, qui commence à la session d’automne, se décline en un autre championnat pour les étudiants admis à la session d’hiver appelé le GRAALH. Tous deux existent depuis la création du CSL de HEC il y a 21 ans. L’équipe qui a remporté le plus de points se voit accorder un trophée qu’elle conserve pendant un an avant de le remettre au vainqueur du GRA de l’année suivante.

Dérapages

«Environ un quart des étudiants ne participent pas aux activités du GRA», constate le responsable des communications de CSL, Quentin Lavallée-Bourdeaux. Les défis sont variés, pouvant aller d’une simple tournée des bars à des récoltes de dons pour les enfants du CHU de Sainte-Justine, en passant par une course de traîneaux. « Depuis cette année, nous soumettons la liste des défis à la direction de HEC, suite à une demande de leur part », explique Quentin Lavallée-Bourdeaux. Tous les défis fournissent des points en fonction de l’implication plus ou moins grande des groupes. L’apogée du championnat a lieu début mars durant le Carnaval, une semaine qui débute par le Rallye et qui se termine par le bal du GRA. Le Rallye est un immense jeu de piste à travers l’Amérique du Nord durant lequel les équipes doivent ramener des objets loufoques. Par exemple, une photo de son équipe tenant en main le scrotum de la statue du Raging Bull à Wall Street.

«Il y a deux ou trois ans, ils avaient jeté de la farine dans un bâtiment gouvernemental ou un poste de police, raconte l’ancien étudiant de HEC Gérard*. Ils ont fini par se faire attraper et c’est remonté jusqu’à la Sureté du Québec.» Ce genre de dérapage ne serait d’ailleurs pas si inhabituel. « L’année dernière, durant le rallye, des étudiants ont volé des choses chez des commerçants, notamment un set de présentation de bières en bois, admet Bertrand Sinniger le vice-président et interne à l’Association étudiante de HEC. Il y a eu des problèmes avec la police et l’association étudiante a dû payer des avocats.»

Selon Gérard, le principe du GRA est avant tout de créer une dynamique d’intégration parmi les étudiants à travers des défis. «Ce ne sont pas des défis répréhensibles par la loi, car l’association étudiante regarde la liste d’objectifs », précise l’étudiant. Il admet cependant que les participants peuvent se laisser entraîner à faire plus que nécessaire même si les actes gratuits et illégaux étaient sanctionnés par une perte de points dans le classement.

Les dérapages de l’année dernière ont amené la direction de HEC à encadrer plus attentivement la course cette année. « La différence par rapport aux années précédentes, c’est principalement que la direction va regarder la liste des défis pour le Carnaval, explique la responsable de la vie étudiante et des évènements à HEC, Diane Lauzon. Le but n’est pas d’annuler les activités, mais de mieux les superviser afin de s’assurer que rien ne puisse nuire à l’étudiant.»

L’étudiante à HEC Martine* nous apprend cependant que certaines activités restent encore officieuses et ne font donc pas partie de la liste approuvée par la faculté. C’est le cas de la semaine de la connerie. Durant cette semaine, ce sont les étudiants qui sont amenés à créer leurs propres défis, qui ne seront contrôlés que par le CSL afin de déterminer s’ils rapportent des points ou non. « Il y a des étudiants qui ont fait sortir de sa voiture une personne arrêtée à un feu rouge et sont rentrés dans le véhicule pendant plusieurs minutes », relate Martine.

Ce rite d’intégration a déjà incité un étudiant à porter plainte pour vol répété de ses affaires. Gérard nous assure cependant que ce n’est pas le but visé et que lorsqu’un étudiant se sent persécuté, les brimades cessent la plupart du temps. «C’est fait pour rassembler les gens, pas pour les dénigrer ou les rabaisser», affirme-t-il. De son côté la direction de HEC affirme que les efforts de supervision et de sensibilisation des étudiants portent leur fruit. «Nous n’avons pas l’intention d’arrêter le GRA», assure Diane Lauzon. La direction de HEC n’a pour l’instant reçu aucune plainte.  

Partager cet article