Confectionner des bières artisanales de qualité pour une fraction du prix en magasin, c’est possible. C’est d’ailleurs le choix que font plusieurs étudiants, qui investissent temps et efforts dans le brassage de leurs propres bières.
«C’est moins compliqué qu’on le pense, c’est comme faire une recette de sauce à spag’, mais qui prend un mois », lance l’étudiant en musique Francis Minville qui fait sa propre bière depuis sept ans. Il existe différentes façons de faire sa bière à la maison. «C’est plus simple de produire à partir d’extraits de malt, confie le propriétaire du magasin spécialisé en fabrication de bière La Chope à Barrock, Stéphane Laroche. Par contre, j’encourage mes clients à travailler à partir de la matière première. » Cette méthode, qui utilise des céréales maltées, est appelée tout grain.
Ce qui séduit d’abord les apprentis brasseurs, c’est la créativité dont ils peuvent faire preuve. « Les différentes variétés de céréales, de malts et de houblons et même d’eau utilisées donnent un éventail infini de possibilités», souligne l’ancien étudiant en génie chimique à Polytechnique et consultant à Polybroue, la brasserie des étudiants de génie (voir encadré), Marc- Olivier Drouin. India Pale Ale, Stout à l’avoine ou Blanche au blé, toutes les sortes de bière peuvent se produire à la maison.
Un brassin de bière comprend entre 19 et 28 litres. «Si on brasse à partir d’extraits, ça revient à 25 $ dollars, tout grain, à partir de la céréale, c’est entre 25 $ et 40 $», indique M. Laroche. Le coût d’une bouteille de 350 ml varie donc entre 0,30 $ et 0,50 $. «Ça revient moins cher, mais ce n’est pas le premier objectif, poursuit le propriétaire. Le but c’est d’avoir une meilleure qualité et un produit beaucoup plus frais que sur les tablettes au dépanneur.»
Ses clients sont des passionnés de bière et il souhaite les aider à créer un produit de bonne qualité. «Si un client vient juste pour faire de la bière pas chère, je lui dis d’aller au dépanneur», ajoute-t-il. L’étudiant en anthropologie Antoine Majeau-Rajotte, qui a commencé à brasser cette session, confirme la différence de qualité. « Quand on a goûté notre première bière, on était assez fébriles, raconte-t-il. On avait peur que ça goûte mauvais, mais ça bat plusieurs bières sur le marché, surtout les américaines.»
Pour entamer la production, pas besoin de se compliquer la vie. « Pour 125 $, on a un ensemble qui contient tout ce qu’il faut : un fermenteur, une tourie de verre de 28,50 litres, un siphon, une brosse, un thermomètre, un densimètre, du savon désinfectant, une soupape de fermentation et un capsuleur », détaille Stéphane Laroche.
Il reste à acheter les bouteilles ou utiliser celles que l’on a accumulées. Une tourie de 28 L remplit 84 bouteilles et 100 capsules coûtent environ 5 $.
Développer la passion
Les motivations derrière la fabrication de la bière artisanale vont plus loin que le simple aspect financier. « J’ai commencé parce que ça revient moins cher, mais ça devient une passion, dit Francis Minville. Depuis deux ans, j’ai commencé à faire ma bière tout grain.»
Brasser de la bière devient aussi une activité de groupe. C’est le cas pour Antoine Majeau-Rajotte et ses colocataires. «Ce qui nous a motivés à faire de la bière, c’est d’avoir un projet commun, raconte-t-il. Les trois, on se connaît depuis le secondaire et avec les études, on n’a pas le temps de faire des activités comme avant. Brasser nous oblige à passer une grosse journée à l’appartement, et ça nous fait plaisir de nous en occuper.»
En plein essor à travers le monde, la bière artisanale connaît une forte croissance au Québec aussi. On peut établir un lien avec les microbrasseries qui se multiplient et la culture de dégustation de la bière qui se développe parallèlement.
Pour le photo reportage complet cliquez ici.
Polybroue
Depuis 2011, aucune bière n’a été produite par les brasseurs de Polybroue. Cette session, une étudiante en génie chimique a redonné vie au projet. «Quand je suis revenue d’échange, j’ai appris que c’était un peu mort, donc j’ai décidé de prendre les choses en main», explique la responsable, Catherine Bourdeau-Laferrière. «On veut permettre aux étudiants d’apprendre la fabrication de la bière avec notre maître brasseur, souligne le consultant pour polybroue, Marc-olivier drouin. On veut leur donner la chance d’expérimenter, de faire une bière différente à chaque brassage. » Le lancement de la dernière bière de polybroue, une brune au miel, aura lieu entre la fin novembre et le début décembre. « On prévoit brasser 85 litres une fois par mois après Noël » , précise Catherine Bourdeau Laferrière.
Ale brune de type Newcastle
Ingrédients pour une recette de 19 litres :
32 litres d’eau
7,50 livres de malt british pale ale
1 livre de malt crystal 60
1/4 de livre de malt chocolaté
21 g de houblon nugget
56 g de houblon Willamette
Levure cooper’s ale
115 g de dextrose
ÉTAPES
1 • Chauffer 18 litres d’eau à 71 °C dans un grand chaudron pouvant contenir
25 litres ou plus.
2 • Mettre tous les grains à infuser avec le houblon Nugget pour 60 minutes,
tout en gardant la température autour de 68 °C.
3 • Après les 30 premières minutes, ajouter 28 g de houblon Willamette.
4 • Après 45 minutes, ajouter la seconde moitié du houblon Willamette.
5 • Après 60 minutes, rincer les grains avec 14 litres d’eau.
6 • Filtrer en transvidant dans la chaudière de fermentation et laisser
refroidir à 18 °C.
7 • Ajouter la levure dans la chaudière et placer dans une pièce à température
constante (entre 18 et 21 °C) pour une semaine.
8 • Après deux semaines, transvider tout le contenu dans une tourie de
verre. Mettre à l’abri de la lumière pour deux semaines.
9 • Remettre dans la chaudière et ajouter le dextrose. Ensuite, mettre la
bière dans les bouteilles bien désinfectées. Capsuler et laisser reposer deux
semaines à l’abri de la lumière.
10 • Dégustez !
NOTE: Il faut désinfecter l’équipement avant chacune des étapes au risque de
compromettre la brassée.