Le problème des professeurs souffrant de troubles dépressifs n’est pas plus criant à l’UdeM qu’ailleurs affirment les responsables de l’Université. Toutefois, l’établissement accompagne tous ses employés grâce au Programme d’aide au personnel (PAP).
Le professeur en psychologie à l’UdeM et spécialiste de la dépression Serge Lecours explique les raisons menant à la dépression chez les professeurs dans son entourage. «Selon mon vécu, ils doivent exceller autant dans l’enseignement qu’en recherche, relate-t-il. Durant la première année, il y a une épée de Damoclès suspendue au-dessus des professeurs universitaires parce qu’ils ne savent pas s’ils deviendront permanents au bout de leur contrat avec l’Université.»
Selon lui, cette réalité peut parfois être mal vécue chez certains nouveaux professeurs. Elle peut mener à un sentiment d’impuissance, conduisant parfois à la dépression. «Par contre, selon mon expérience à l’UdeM les cas de dépressions cliniques sont plutôt rares», nuance-t-il. Pour des raisons de confidentialité, aucune statistique concernant la dépression chez les professeurs à l’UdeM ne peut être divulguée.
Pour contrer la dépression chez les professeurs, M. Lecours leur propose de bien s’approprier leur métier tout en ne négligeant pas les choses qu’ils aiment faire. Cela s’applique aussi bien au niveau professionnel que personnel. «Un professeur doit décider de temps à autres de privilégier certains sujets de recherche qui l’intéressent davantage, même s’ils sont moins susceptibles d’engendrer des subventions», croit-il.
Le Programme d’aide au personnel est le seul programme offert spécifiquement aux professeurs de l’UdeM comme à tous les autres employés du campus. Il s’agit d’un programme de support social et psychologique pouvant aller jusqu’à huit rencontres par année. « Pour guérir tout cas de dépression, il s’agit vraiment d’y aller au cas par cas, tient à préciser la responsable du programme, Micheline Abou-Khalil. Après les huit rencontres, nous avons rarement besoin de référer les membres du personnel ailleurs, mais lorsque c’est nécessaire, nous les acheminons vers les services externes appropriés.»
Mme Abou-Khalil juge que l’Université n’est pas à part des autres. «Comme toutes les autres institutions nous entourant, l’automne et la fin de l’hiver sont des périodes d’achalandages pour tout type de problèmes psychologiques, précise la coordonnatrice du PAP. Quoique cette tendance semble s’infléchir depuis les cinq dernières années.» Mme Abou-Khalil n’a pas été en mesure de préciser à quelle échelle elle comparait l’UdeM. La travailleuse sociale insiste sur le caractère confidentiel du programme. C’est justement à cause de cet aspect qu’aucune statistique concernant la dépression chez les professeurs de l’UdeM ne peut être divulguée.
Bien que l’UdeM ne considère pas que la dépression ait atteint un niveau critique par rapport aux autres institutions, des séances d’information seront tenues cette année durant la session d’automne et d’hiver auprès des gestionnaires du campus. « Ces séances viseront principalement à démystifier les problèmes de santé mentale, du dépistage à la réintégration au milieu de travail», résume la directrice aux services-conseils et santé au travail de l’Université, Annie Sénécal.
L’objectif du PAP est d’acheminer convenablement les employés vers les services appropriés. «On ne se substitue pas à l’expertise médicale, précise Mme Sénécal. On s’assure cependant que si un employé vient nous voir pour des problèmes de dépression, il sera pris en charge et acheminé vers les services appropriés à son problème.»
Qu’ils aient été diagnostiqués comme dépressifs ou pas, les employés faisant appel au PAP seront dirigés vers le service que les intervenants du campus jugeront efficace. Si les tentatives universitaires visant à rétablir la personne échouent, celle-ci sera alors référée à une expertise externe à l’UdeM, souvent dans le domaine privé.