Quatre candidats à la mairie débattent pour attirer l’attention des étudiants durant le mois d’octobre sur le campus de l’UdeM. La Fédération des associations des étudiants du campus de l’UdeM (FAÉCUM) a répertorié les volets prioritaires sur lesquels doit agir le nouveau maire. Ces candidats peuvent-ils répondre aux besoins des étudiants ?
Les besoins pressants de la communauté estudiantine ont été déterminés par les associations étudiantes du campus lors de la tenue d’un conseil central en mars dernier. La FAÉCUM a notamment créé une page internet à l’occasion des élections municipales (mun2013.com). Sur le site, une grille affiche la position des quatre candidats principaux à la mairie sur les cinq revendications de la Fédération. Elle a été complétée à la suite de rencontres avec les candidats à la fin août.
Les besoins des étudiants soulevés sont l’accès au tarif étudiant de la carte STM aux plus de 25 ans, la prolongation des heures d’ouverture de la ligne bleue, l’expansion des logements étudiants, l’abrogation du règlement municipal P-6 et la sécurisation d’intersections dangereuses aux abords du campus.
Le coordonnateur aux affaires externes, Vincent Fournier Gosselin, explique que même si les besoins des étudiants peuvent être variés, la grille synthétise cinq éléments en particulier puisque ceux-ci « ont bénéficié d’un momentum et sont des aspects sur lesquels peut agir directement un élu », dit-il. Pour les étudiants qui jouissent d’un revenu limité, l’accès à un transport et à un logement abordables sont des avantages indéniables selon la FAÉCUM.
Mélanie Joly (groupe Mélanie Joly)
Mélanie Joly acquiesce aux demandes de tarif réduit de la carte STM pour tous les étudiants et d’une fermeture plus tardive de la ligne bleue. Elle approuve aussi l’implantation plus accélérée d’un autre type de transport: le système rapide par bus (SRB). Ce dernier, instauré à Bogota en Colombie par exemple, offre un service de transport sur des voies réservées. Il est donc beaucoup plus rapide. Ce système « faciliterait les déplacements vers Rivière-des- Prairies, LaSalle, Lachine et Pierrefonds », rajoute Mme Joly.
Le manque de logements étudiants est un enjeu qui l’interpelle également. Elle lance l’idée entre autres d’instaurer un projet de type cohousing autour du campus Outremont pour remédier à ce besoin. Cette approche présente dans les pays nordiques favoriserait un équilibre entre l’esprit communautaire et le sentiment d’indépendance, où chaque étudiant détient sa propre chambre, mais partage les espaces communs.
Mme Joly considère que son parti est porteur d’espoir et d’un vrai changement puisqu’il est composé de personnes intègres «qui n’ont pas d’histoire de manque d’éthique et sont sans tâche », lance-t-elle. Elle considère que le système politique montréalais est désuet et « non adapté à la façon de penser des jeunes, affirme-t-elle. La ville communique mal avec les citoyens alors que les jeunes ont l’habitude d’une communication plus fluide et rapide». Elle laisse comprendre que ses membres âgés en majorité de 25-45 ans pourront redresser cette situation.
Marcel Côté (Coalition Montréal)
Marcel Côté abonde dans le même sens que la FAÉCUM pour ce qui est du transport et du logement pour les étudiants. M. Côté envisage sérieusement d’offrir le tarif réduit à tous les étudiants et a demandé à la STM de faire une évaluation des coûts envisageables à cet effet. Alors que la facture monte à 8,5 M$, le candidat à la mairie croit que cela est faisable. Petit bémol pour la prolongation des heures de la ligne bleue jusqu’à la fermeture du métro, il acquiesce « dans la mesure où le trafic le justifie ».
Marcel Côté propose également une solution chiffrée pour ce qui est des logements étudiants. Il veut rendre accessibles des résidences à 5000 étudiants de la ville montréalaise.
Le chef de Coalition Montréal avance qu’il ne suffit pas de changer d’élus, mais « qu’il faut vraiment transformer la gestion de la ville », qui laisse à désirer. Il a l’intention de faire de Montréal « une ville étudiante par excellence », dit-il. En encourageant la métropole à être une ville universitaire, cela favoriserait «la créativité, la venue des étudiants étrangers », et une attitude plus entrepreneuriale chez les Montréalais, à son avis.
Denis Coderre (Équipe Denis Coderre)
D’entrée de jeu, Denis Coderre a salué et donné la main aux étudiants qui l’attendaient pour le midi-débat du 8 octobre dernier sur le campus. Il a demandé à chaque étudiant dans quel programme il étudiait. Ce comportement va dans le sens de sa maxime, « ma proximité et mon expérience dans le monde politique », qu’il ramène, pour justifier pourquoi son parti devrait prévaloir aux élections.
Contrairement aux deux candidats précédents, Coderre ne vise pas à favoriser le tarif réduit aux étudiants exclusivement. Il prône plutôt la notion d’un tarif social qui va inclure l’accès des aînés à ce même tarif. Il qualifie l’investissement de 8,5 M$ de M. Côté d’irréaliste et suggère de revoir la faisabilité de ce projet.
Denis Coderre n’apporte pas non plus de solutions concrètes pour la question des logements étudiants. « Je n’ai pas de chiffres (quant au nombre de logements qui seront implantés) parce que d’abord je veux voir ce que c’est », dit-il à propos de la nature du manque de résidences étudiantes. Il prévoit entamer une analyse exhaustive afin d’identifier les besoins réels des étudiants.
Richard Bergeron (Projet Montréal)
L’aspirant-maire Richard Bergeron soutient les deux demandes de la FAÉCUM relatives au transport. Il dit oui à la prolongation des heures pour la ligne bleue. Oui, également, pour le tarif réduit à tous les étudiants qui subsistent à l’aide d’un revenu modeste.
M. Bergeron est conscient du besoin de logements étudiants ce qui explique son soutien au groupe Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) aux abords du campus de l’UQAM. Il tient compte des spécifications géographiques dans la demande de logements étudiants par les associations. Cependant, il croit qu’il est préférable d’instaurer ces habitats à une certaine distance des campus universitaires afin d’encourager les étudiants à vivre plus amplement « l’expérience de la vie urbaine ». Il est également le seul candidat qui souhaite officiellement l’abrogation complète de la loi P-6.
Quant à savoir pourquoi les étudiants devraient voter pour son parti, il déclare que son équipe vise plus haut que l’amélioration « des nids-de-poule et des tuyaux qui coulent ». Projet Montréal est doté « d’une vision enthousiasmante et mégaproactive », juge-t-il.
La responsabilité des jeunes électeurs
Selon Bergeron, « Les jeunes doivent se responsabiliser » et cesser d’attendre une motivation extérieure pour s’impliquer sinon « le fardeau est du côté des jeunes », souligne-t-il. Il espère que le taux de participation des jeunes dans les élections municipales dépassera la barre de 16% cette fois-ci.
Le représentant de la FAÉCUM Vincent Fournier Gosselin tient à souligner le rôle neutre de la Fédération. Quant à décider qui est, peut-être, le meilleur candidat, « il en revient aux étudiants de faire leurs propres conclusions», précise-t-il. Il invite donc tous à se joindre aux midis-débats qui prennent place au mois d’octobre pour rencontrer les candidats et leur poser des questions directement.